Stéphanie Crozier

Article paru en avril 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Un nouveau regard sur une pratique ancestrale devenue désormais une profession reconnue. Sur les traces de son père, radiesthésiste et magnétiseur albenassien célèbre en son temps, Stéphanie Crozier exerce ses dons depuis deux années.
 

 "Mon arrière-grand-père était sourcier en Ardèche, nous raconte Stéphanie Crozier. La pratique a sauté une génération, mon père s’est révélé radiesthésiste et magnétiseur. Il a exercé une quarantaine d’années et a contribué, en participant à des émissions télévisées, en écrivant des livres à la reconnaissance actuelle de cette activité. À son époque, à l’école, on me surnommait la fille du charlatan, aujourd’hui je suis véritablement reconnue. Mon père aurait aimé connaître cela."

Stéphanie Crozier nous accueille avec gentillesse dans le sobre cabinet de son père, dont elle a repeint les murs  en blanc pour éclaircir le lieu. Sur son bureau, quelques pendules sont réduits pour l’instant à l’inactivité, des livres, une pile de lettres avec, épinglées, des photos de femmes, d’hommes, d’enfants et même d’animaux. "J’ai logiquement repris la suite de mon père, poursuit la jeune femme. Il savait que j’en étais capable, il me faisait faire du pendule avec lui après l’école. Mais il m’a demandé, et j’ai respecté son souhait, d’être mature avant de me lancer dans l’aventure." Revenue en Ardèche, en 2000, après une carrière internationale dans le secteur commercial, elle a ouvert son activité il y a deux ans.

Aucune réglementation ne sanctionne ou ne limite l’installation en ce domaine professionnel reconnu juridiquement. Bien sûr, cela peut laisser la porte ouverte à quelques personnes peu scrupuleuses, mais très vite les bons professionnels se démarquent des mauvais. Les aptitudes nécessaires pour exercer sont le goût de l’humain, l’envie d’aider, d’apaiser et surtout posséder une grande humilité et une grande qualité d’écoute. "Rester humble en connaissant ses limites et en se posant les bonnes questions voilà l’important, avoue Stéphanie. Nous sommes tous sensibles aux champs magnétiques terrestres, mais la grande majorité des gens est déconnectée de ses émotions et ne s’en rend même plus compte. Voilà pourquoi je travaille cette sensibilité pour arriver à mettre des mots sur des maux."
Ses clients viennent jusqu’à elle, car ils veulent guérir ou comprendre ce qui leur arrive. Si la solution à la douleur n’est pas toujours au rendez-vous, au moins l’accompagnement ne fait jamais défaut. "Mais attention, je ne suis pas médecin et quand quelqu’un vient me voir, il n’est absolument pas question d’aller contre les prescriptions médicales, insiste-t-elle. Le pendule est une sorte de radar. Je le passe au-dessus du corps de la personne pour déceler les points de douleur. Ensuite, je pose les mains à l’endroit douloureux ou simplement au-dessus." Le passage chez le radiesthésiste magnétiseur peut donc être la porte d’entrée vers un parcours d'attentions, de soins. Stéphanie guide ses clients vers des professionnels de santé, des médecins généralistes. Elle écoute, accompagne, soulage, mais elle ne réalise aucun miracle. Elle œuvre directement sur la personne présente physiquement face à elle, très exceptionnellement elle se déplace chez un malade, mais le plus surprenant, et aussi le plus irrationnel, est qu’elle intervient sur des photos récentes imprimées et toujours hors écran. Et cela, aussi bien pour les humains que pour les animaux. J’imagine aisément le sourire s’afficher sur les lèvres des lecteurs et de lectrices les plus septiques, mais preuve à l’appui, la jeune femme affirme que les résultats sont au rendez-vous.

En son temps, Jean-Louis Crozier, son père, travaillait beaucoup en collaboration avec les autorités policières et judiciaires à la recherche des personnes disparues. Officiellement il a retrouvé la trace de deux cent quatre-vingts personnes. Sa fille délaisse un peu cet aspect du métier, sauf demande spéciale et appuyée des autorités. "Sans en avoir l’air, ce métier exige de ma part une grande énergie, souffle-t-elle. Je dois aussi savoir me protéger et évacuer tout ce que j’absorbe au contact des gens qui m’accordent leur confiance."

Le temps a passé trop vite auprès de cette professionnelle passionnée qui saurait faire vaciller les certitudes des plus méfiants vis-à-vis de sa pratique. Tant de choses seraient encore à dire. Alors reportons-nous à la lecture du livre du papa de Stéphanie : "La radiesthésie, maîtrisez l’art du pendule et de la baguette" aux éditions Grancher. Du sourcier au guérisseur, du rebouteux d’autrefois aux savoirs empiriques mais bien concrets à la maîtrise des connaissances des radiesthésistes et de magnétiseurs d’aujourd’hui, à l’image de Stéphanie Crozier, plus rien ne vous sera étranger en ce domaine… sauf bien sûr ce qui reste encore et qui restera à jamais inexplicable car tout dans l’être humain n’est sans doute pas rationnel.
 
De curieux mots venus de loin
Radiesthésiste : ce mot fut officiellement créé en 1929 par l’abbé Bouly à Lille. De composition hybride, du latin radius (rayon) et du grec aisthésis (sensation), il est depuis entré dans le langage courant, remplaçant celui qui depuis des siècles définissait l’utilisation de la baguette de sourcier : rhabdomancie, entièrement d’origine grecque. Cette acceptation d’un nouveau mot dans la langue française consacra ainsi la prédominance du pendule sur la baguette utilisée, semble-t-il, depuis l’aube de l’humanité.

Avant le pendule : la baguette
Dans la Grèce Antique, la baguette fourchue du sourcier était aussi un attribut divin. Athéna l’utilisait pour rajeunir ou vieillir Ulysse ; Hermès la maniait pour envoyer une âme errante aux Enfers ou déchaîner les éléments. Quant à Circé, elle l’employa pour transformer les compagnons d’Ulysse en pourceaux. Baguette de magicienne, baguette de sourcier, il fallut des siècles pour s’écarter de la route des croyances populaires et de l’empirisme afin de suivre celle offrant une approche plus scientifique et rationnelle du pendule du radiesthésiste.
 
Adresse
Stéphanie Crozier
Radiesthésiste magnétiseur
13 rue René Grimaud
07200 Aubenas
06 26 47 10 63
www.stephaniecrozier.com
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron