La détermination n’attend pas le nombre des années.
L’attachement à son pays, une détermination sans faille et des liens familiaux forts, il n’en fallait pas plus à Nathalie Soboul pour suivre la trace de ses ancêtres, depuis son arrière-grand-père, dans les vignes. Sa jeunesse nous a séduits. Nous l'avons rencontrée.
Léon, l’arrière-grand-père, était courtier en bois pour l’approvisionnement des mines afin d’étayer les galeries. Mais ce fut lui, qui le premier, planta de la vigne sur les terres familiales. Jean-Marie le grand-père, puis Marc le père et Éric l’oncle poursuivirent inlassablement le sillon creusé année après année dans une terre finalement assez généreuse.
Le domaine s’est agrandi et les récoltes furent plus conséquentes. Cinquante-trois hectares de vignes plantées entre Lachapelle-sous-Aubenas et Vinezac et jusqu’alors l’intégralité de la récolte apportée à la cave coopérative locale. Puis au début de l’année 2016, cinq hectares, sélectionnés en fonction de l’âge des ceps pour des raisins plus concentrés et les cépages désirés, connurent un traitement de faveur, le travail et les vendanges à la main en caisses. Conséquence de l’intégration de Nathalie au sein du GAEC familial (groupement d’exploitation en commun) : la création du domaine du Père Léon, taillé sur mesure pour Nathalie.
« Mon père et mon oncle aiment le travail de la vigne, moi j’aime l’aspect marchand et le relationnel, affirme Nathalie. C’est sans doute ce qu’il manquait pour créer leur propre domaine. »
À l’aube de sa deuxième récolte, Nathalie avoue qu’elle avait toujours eu dans un coin de sa tête, l’envie de créer une cave ici. Bien sûr, elle a pu réaliser son rêve parce qu'elle bénéficiait d’un environnement professionnel familial lui apportant la sécurité et un cadre solide. Elle en est consciente. « J’ai toujours baigné dans ce milieu, nous dit Nathalie. Quand on est enfant de viticulteurs, on passe ses vacances dans les vignes, c’est comme ça. Alors je n’imaginais pas faire ma vie ailleurs. Je suis trop attachée à ma famille. Je suis bien ici, je me sens bien, c’est calme, c’est une chouette vie. »
Nathalie est titulaire du BTS (brevet de technicien supérieur) en vins et spiritueux. Pour mener à bien son projet, elle dut faire des études dans ce sens, puis elle a suivi son apprentissage chez un caviste à Aubenas. Aujourd'hui, elle travaille bien évidemment les aspects commerciaux et administratifs du nouveau domaine, mais tous les matins elle part dans les vignes avec son père et son oncle. Elle apprend la conduite de la vigne, même si elle fait cela depuis son enfance. « C'est sûr, c’est le commerce que je préfère, mais j’irai toujours dans les vignes, car je ne peux pas m’imaginer bien vendre ce que je n’ai pas fait, ce que je ne connais pas. Je ne veux pas perdre le contact avec la terre, c’est fondamental pour moi. » Lors de la vinification à la cave, c’est avec son oncle que travaille Nathalie. Avec huit années passées dans un chai à Châteauneuf-du-Pape, il maîtrise son affaire et Nathalie apprend encore, à ses côtés. Un œnologue vient les conseiller sur les cuvées naissantes : un sauvignon tardif, un rouge A.O.P. Côtes du Vivarais… « Je voulais faire, obtenir des vins très fruités, faciles à boire poursuit Nathalie. On essaye d’apporter notre sensibilité à nos vins et de pousser la vinification pour leur trouver d’autres caractères. On se donne du mal, mais on n’a jamais rien sans rien. On veut toujours aller vers le mieux. »
Normal. Mieux travailler les vignes, les faire produire moins et meilleur, mieux maîtriser la vinification : il est émouvant d’imaginer les changements d’habitude accompagnant la naissance d’une nouvelle cave particulière dans un univers de caves coopératives. Ces cinq premiers hectares pour débuter, et en prenant son temps pour bien installer cette nouvelle activité, se développeront pour aller vers une quinzaine d’hectares ; c’est du moins ce qu’espère Nathalie, quand elle évoque la possibilité que son frère Guillaume, entrant cet automne au lycée professionnel viticole d’Orange, la rejoigne d'ici quelques années. De toute façon c’est une affaire qui restera résolument familiale. « Je vois vraiment l’avenir avec bonheur, se réjouit Nathalie. Et j’accueille à la cave tous ceux qui veulent découvrir notre travail et goûter nos vins. »
Nous luis souhaitons une belle vie et une jolie réussite.