Manager général du RCAV.
Deuxième saison pour la toute nouvelle poule élite de fédéral 1, la poule d’accession à la Pro D2 : le RCAV (Rugby Club Aubenas Vals) est en pleine reconstruction autour d’un groupe de jeunes joueurs fraîchement arrivés sur les bords de l’Ardèche ou issus du centre de formation local. Chaque week-end le combat est rude sur le pré et les résultats et la manière ne sont pas toujours à la hauteur des espérances. Marc Raynaud, manager général du club nous parle de son expérience.
Marc Raynaud n’est pas un inconnu des passionnés du ballon ovale. Il a même porté à deux reprises le maillot de la sélection nationale en 1999, lors du tournoi des Cinq Nations contre le Pays de Galles et l’Angleterre. Il a également joué l’année d’avant avec les Barbarians contre l’Argentine. Il fut titulaire lors de quatre matches de la coupe d’Europe avec Clermont-Ferrand (l’ASM) et à maintes reprises lors de sept éditions du Challenge Européen avec les clubs de Narbonne et Clermont-Ferrand. Il a fini sa carrière de joueur à Montauban avant de venir entraîner le RCAV depuis juin 2012.
Marc Raynaud est né à Limoux en 1973, il est arrivé à Narbonne à l’âge de trois ans. Et de l’âge de cinq à vingt-huit ans, il a joué dans le club de la ville (actuellement en Pro D2). Puis il fit un passage de trois années dans la capitale auvergnate. Certes, il n’a jamais connu la joie de soulever le bouclier de Brennus et ainsi devenir champion de France, mais il a joué de très longues années à haut niveau. Il resta enfin quatre ans à Montauban au poste de troisième ligne centre, n°8 à l’arrière de la mêlée, le poste du très apprécié Bastien Marut au RCAV. Avec Montauban, il fut champion de France de Pro D2 en 2005. Bref une vie de rugbyman bien remplie.
Désormais, il est manager général du RCAV, une nouvelle aventure qu’il vit sans retenue depuis quelques années. Avec la reconstruction en profondeur d’une équipe première, autour d’une pléiade de jeunes joueurs, il désire donner un nouvel élan au club albenassien pour la plus grande joie de supporters. « À Aubenas, on est un peu comme un village gaulois, un peu trop isolé peut-être, regrette Marc. Comme on ne peut pas garder nos jeunes faute d’infrastructures pour leurs études, on est obligés d’aller en chercher ailleurs. Cette année, on dispose d’un groupe de jeunes très complet et si on leur donne le temps d’exprimer leurs qualités, ils ne manqueront pas ici, d’installer durablement et avec succès le nouveau style de jeu qui commence à prendre. Je suis optimiste pour l’avenir. » Bien entouré par deux entraîneurs, Fred Cocqu et Alexandre Audebert, un préparateur physique, Aurélien Joffre, un analyste vidéo et toute une équipe d’encadrants, Marc dispose désormais des moyens humains pour travailler. Son rôle de manager général est de donner les grandes lignes aux entraîneurs et d’assurer le recrutement extérieur, tout en gardant un œil sur les équipes de jeunes du RCAV. « Faire venir les jeunes joueurs à Aubenas n’est pas toujours simple, explique-t-il. Ils viennent de la ville et ont sans doute quelques à priori, mais mon passé de joueur plaide en ma faveur et ils me font confiance. Ensuite, ils restent parce qu’ils se sentent bien et savent que je ferais tout pour eux dans la vie s’ils font tout pour moi sur le terrain. J’aime ce travail consistant à recruter et à monter une équipe compétitive. »
Les ambitions du RCAV se mesurent sur la durée. Tous rêvent d’un retour en Pro D2, mais la marche semble encore bien haute. « Je souhaite vraiment amener cette équipe en Pro D2, mais malgré les efforts de notre mécène et des nombreux partenaires, nous ne sommes pas encore assez soutenus pour faire ce que font chaque année, les équipes de Dax ou d’Aurillac, » assure Marc. Avec l’avant dernier budget de la poule élite, soit 2,2 millions d’euros contre 3,5 à l’équipe de Romans-Valence par exemple, la lutte paraît bien inégale, car ne nous berçons plus d’illusions, le rugby version fédéral 1 n’est plus un rugby amateur. Avec trente-cinq joueurs s’entrainant quotidiennement, le RCAV est bel et bien une équipe professionnelle et la poule élite de fédéral 1, la troisième division nationale. « Le rugby moderne s’est professionnalisé et a perdu quelques unes de ces valeurs fondamentales en chemin, déplore Marc. J’ai peur qu’on en arrive aux dérives du foot. Le rugby ce n’est plus uniquement les valeurs de la vie, c’est devenu pour beaucoup un métier comme un autre. La grande majorité des présidents des clubs professionnels sont des financiers et pour remplir les stades et que l’activité soit rentable, ils préfèrent monter des équipes de prestige avec des joueurs étrangers que de miser sur la formation des jeunes et construire sur la durée. On n’en est pas là à Aubenas. Heureusement. Pour réussir dans le rugby, il ne faut pas être gentil, ne pas avoir de sentiments, et moi je suis trop gentil car j’aime les gens. Quand le rugby sera trop éloigné de mes valeurs, j’arrêterai. »
Après avoir entraîné Montauban, Marc a connu une courte période de chômage et a répondu favorablement au projet du RCAV. De plus, il avait joué quelques années avec Xavier Plataret à Narbonne et ce dernier a su lui vendre Aubenas et l’Ardèche, lui en disant toujours le plus grand bien. Et puis, le RCAV ne lui était pas inconnu avec son passage de trois années en Pro D2. « Je suis bien ici, et je ne cherche pas à partir, déclare Marc. J’ai eu des sollicitations, Biarritz par exemple et j’ai longuement discuté avec Serge Blanco, mais finalement, je suis toujours ici. Si d’autres sollicitations arrivaient, je les étudierais, mais ce n’est pas moi qui irai les chercher. Je suis heureux en Ardèche, avec ma famille et c’est ici que j’ai rencontré mes vrais amis. » Marc, comme tout un chacun, prend de l’âge et développe quelques idées pour son avenir. Il regarde d’un œil attendri vers les hauteurs de la Montagne Ardéchoise et imagine l’activité qu’il pourrait s’y forger. « Là-haut, c’est comme le Canada, sourit-il. Je voudrais y travailler, peut-être autour d’une activité agricole, quand j’arrêterai le rugby, mais l’heure n’est pas encore venue. »
Des clubs au passé prestigieux
Dans cette poule élite d’accession à la Pro D2, le niveau est très relevé car certains clubs au passé glorieux rêvent à nouveau de jours plus fastes :