Lisa Baissade

Article paru en juin 2017
Mis en ligne en juin 2023
lisa baissade 001
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Conteuse son métier sa passion.
 
Dans le petit monde du conte, Lisa Baissade s’est façonné une belle réputation. Ses histoires vagabondent au fil de l’Ardèche et du temps, et s’évadent au loin, quelques fois. Les histoires de Lisa sont indispensables ; elles ravissent, enchantent les oreilles des petits comme des grands, elles savent tenir en haleine, apeurer, faire rire.
 

Lisa Baissade, conteuse avisée, n’est pas tombée dans la marmite du conte tout à fait par hasard. Tout débuta quand elle se retrouva en charge de la médiathèque alors en devenir, d’Antraigues-sur-Volane. Elle suivit une formation sur le thème du conte grâce à la Bibliothèque Départementale de Prêt (BDP) et dès la première heure, elle sut qu’elle avait trouvé sa voie. "À l’époque j’étais infirmière à domicile et je donnais déjà beaucoup par la parole," se plaît-elle à nous raconter. Elle participa pendant plusieurs années au Tour du Conte, manifestation itinérante organisée par la BDP, avant de croiser le chemin de Pépito Matéo qui l’incita à devenir conteuse professionnelle. Elle suivit son conseil et se retrouve elle-même formatrice aujourd’hui.
 
"Au début je partais dans tous les sens, mais je n’osais pas m’essayer aux contes merveilleux, nous affirme Lisa. Trop de symboles à respecter, je ne me sentais pas à la hauteur. Le conte est une source inépuisable qui donne le vertige et très vite j’ai compris qu’il ne fallait pas picorer, mais bien choisir un thème et s’y donner à fond." Pour Lisa, il lui parait impossible de livrer avec crédibilité des contes d’une culture qu’on ne maîtrise pas. Parfois un conte s’impose comme un coup de foudre, s’il vient d’ailleurs il est alors nécessaire de transposer avec finesse sa matière dans sa propre culture. Si non, il faut travailler et travailler encore, s’imprégner de la culture du pays d’origine, découvrir sa musique et sa littérature, apprendre de la vie locale…
 
Un conteur doit se mettre au service du conte, disparaître derrière les mots. Il est un passeur mais aussi et surtout un créateur qui développe son propre imaginaire, tout en laissant à l’auditeur la possibilité de développer le sien. L’équilibre du conte est fragile entre ce que l’on dit avec les mots, ce que l’on suggère et ce qu’on laisse libre au terreau fertile de l’imagination de chacun. Le conteur raconte et l’auditeur peut fermer les yeux pour que défilent les images : la magie opère ainsi. " Nous possédons des milliers d’années de tradition du conte et ils sont porteurs de bien plus que ce que l’on dit ou croit savoir, souligne humblement Lisa. Il existe autant de façons de conter qu’il existe de conteurs, mais la base est toujours le conte traditionnel quelle que soit la forme qu’on lui donne aujourd’hui."
 
Tout en étant formatrice et conteuse possédant de belles années d’expérience dans ses valises remplies d’histoires, Lisa continue à se former. Elle travaille à une nouvelle création en compagnie de Catherine Zarcate, dans le cadre de ses ateliers parisiens. Le conte s’y métamorphose petit à petit en un récit de vie ayant pour cadre la Roumanie. Il aborde les similitudes entre la naissance et la mort. Nous n’en saurons pas beaucoup plus, mais il y a fort à parier que les mots seront sensibles et la parole belle. "Il est important de travailler la mise en forme de la parole pour la rendre séduisante car le conte est devenu un spectacle, appuie Lisa." Le monde du conte est comme un arbre géant fouissant ses racines tentaculaires au plus profond de la terre, et Lisa avoue que sans un guide elle se serait sentie perdue pour la genèse de cette nouvelle création. Ce récit de vie nous sera livré au printemps de l’année prochain. Alors encore un peu de patience !
 
En attendant, sa vie de conteuse est riche de rencontres et de partage. "Parmi les conteuses et les conteurs, je me sens dans une famille de cœur, se réjouit Lisa. Ce sont des personnes profondes et généreuses." Lisa conte à la compagnie Des Bulles et des Grain, elle conte avec Sophie Courtois* dans "Même pas peur", seule dans "Mange ta soupe" et bientôt avec Estelle Harbulot dans "Le silence du vent". Elle conte son Ardèche, et aussi des terres lointaines. Dans le cadre de l’association La Salamandragore, elle assure de nombreuses formations auprès d'un large public, enfants, adultes, handicapés… "La parole du conte a sa place partout et il faut la prendre, assure Lisa. Cela me convient bien de partager mon temps entre la formation et l’expression sur scène ou dans un cadre plus intimiste. Bien sûr, il est difficile de sortir le conte du carcan de la simple histoire pour enfant, comme l’imagine encore trop de gens. Le conte est un monde tellement plus vaste." Les contes s’adressent plus souvent aux adultes qu’aux enfants. Ils débordent d’expérience de vie, de morales, de symboles pouvant se décliner au quotidien. Ils sont riches d’enseignements. Et s’ils étaient autrefois, donnés au coin du feu, ils ont désormais pleinement leur place sur scène, depuis que les cheminées ne fument moins. Pourtant dans l’intimité des particuliers, les contes de Lisa se réinstallent tout doucement. En effet, les spectacles chez l’habitant offre un nouvel espace aux contes, comme un retour aux sources. Le conte est vieux de milliers d’années, il est immortel.
 

En savoir plus :

Lisa Baissade
La Mothe
07530 Antraigues-sur-Volane

www.lisa.baissade.free.fr
Texte : Bruno Auboiron
Clichés : collection Lisa Baissade