Les Recycl'Arts

Article paru en mars 2016
Mis en ligne en juillet 2022

À Largentière et à Uzer, l’association Les Recycl’Arts travaille depuis 2009 à la valorisation des objets usagés pour réduire la production exponentielle des déchets.
Nous les avions déjà rencontrés à Largentière, en 2012 ; ils nous racontaient l'histoire de cette initiative sociale, écologique, économique et artistique.

"Nous récupérons vos objets pour réduire les déchets". C’est ainsi que l’association définit le fondement de sa mission en lui offrant l'aspect d'un visage social, économique et artistique en parallèle de l’indéniable impact écologique. Depuis février 2013, il y a désormais deux boutiques, une à Largentière et une à Uzer. Des ateliers de restauration, de valorisation et de création, des animations pédagogiques et artistiques sont les outils que l’association a mis en place. "L’objectif premier affiché dès le début est en sud Ardèche de prolonger la vie des objets grâce à la collecte dans le secteur privé et les déchetteries", précise Marie-Laure Stiquel, stagiaire longue durée en reconversion professionnelle. Ainsi après récupération, chaque objet le pouvant ou le méritant est valorisé par un nettoyage, une rénovation, voire une réparation, avant mise en vente à un prix dérisoire. Quant aux objets totalement hors d’état, ils sont démantelés pour servir de base à la création artistique. Depuis 2009, les salariés et les bénévoles des Recycl’Arts mettent en commun dans une aventure humaine leurs savoir-faire créatifs pour permettre à chacun de se séparer des objets devenus inutiles, d'améliorer l’équipement de la maison avec un tout petit budget, et aider à acquérir une façon de consommer plus responsable. Et pour l’approvisionnement l’association travaille en partenariat avec les syndicats de collecte de déchets de la sud Ardèche, le Sitcoba et le Sidomsa et avec des associations locales, l’Atelière, Huilétic ou Autopia… Chaque année sept cents mètres cubes d’objets sont ainsi "sauvés" de l’enfouissement.

Au-delà de l’indéniable impact écologique, l’économie est aussi bénéficiaire de cette initiative avec la création de cinq emplois permanents. De la bande de copains qui animait un lieu culturel à Joannas, à l’association d’aujourd’hui, gérée à l’image d’une entreprise solidaire, le chemin est admirable. Malika Laouadi, une des créatrices des Recycl’Arts et membre de la collégiale actuelle de l’association, raconte : "Au début de cette association d’animations culturelles, on faisait tout avec rien. Nous étions bien déjà dans la mouvance et préparés à cette nouvelle aventure que nous avons imaginée au fur et à mesure."

Précurseurs Les Recycl’Arts en 2009 ? Sans doute un peu, car l’urgence existe en matière de déchets ultimes. Le dernier espace d’enfouissement de Grospierre va bientôt arriver à saturation et aucune solution ne semble envisagée depuis l’abandon du projet de décharge de Rochecolombe. Il devient vraiment urgent de limiter la production de déchets par un changement de comportement. Bien sûr, rien ne se fera à court terme, mais les actions de sensibilisation engagées par Les Recycl’Arts sont autant de graines semées destinées à germer et à croître dans les décennies à venir.

Dans l’association, ceux qui y travaillent possèdent un tronc commun se résumant à la collecte, tri, valorisation et vente. Ensuite chacun peut développer ses atouts, ses spécificités pour mieux servir la cause ; l’envie première affichée est de proposer comme un service public, un recyclage tout en ayant la volonté de vivre et œuvrer sur le territoire. "La déclinaison de la valorisation des objets usagés grâce à la pratique artistique n’est pas née tout de suite, explique Malika Laouadi. Et puis tout se décide au sein de la collégiale qui gère notre association composée de quatre coprésidents, de salariés et de bénévoles. Toutes les idées sont débattues. On met parfois du temps à prendre une décision, mais quand elle est prise, l’adhésion est collective. Dernièrement nous avons fait une demande d’agrément "Jeunesse et Éducation Populaire"." Le nom Les Recycl’Arts ne fut pas choisi par hasard. L’idée planait dans l’air. Dénoncer la société de consommation, grâce à la réalisation d’œuvres éphémères comme la Manifestation des Peluches, par exemple.
"Nous invitons sur notre site d’Uzer des récup’artistes qui trouvent sur place, le support à leur expression artistique, appuie Marie-Laure Stiquel. Et par la réalisation au moment de Noël de sapins en carcasse d’abat-jour ou en bouteille plastique, nous nous inscrivons dans une démarche sincère et ludique pour dénoncer l’énormité d'une certaine surproduction qui amène à la surconsommation." L’activité de création artistique n’est toutefois pas ouverte qu’aux artistes. Tout le monde peut participer les mercredis, à l’atelier pour une œuvre collective ou les derniers samedis au sein de l’atelier d’œuvre thématique. L’art du recyclage n’est ainsi pas un vain mot. "S’amuser et créer avec trois fois rien pour regarder ce que nous avons fait, du trois fois plus au final, se plaît à dire Malika Laouadi. C’est ainsi que nous voyons l’acte de création ici."

Alors pour s’en convaincre, rendez-vous est donné pour la grande fête annuelle "Les Arts de la Récup" sur le site d’Uzer à la fin mai.
 
Pour en savoir plus
Les Recycl’Arts
04 26 62 28 28
www.lesrecycl’arts.blogspot.fr
À Uzer : ateliers de valorisation et artistiques, vente pour la maison et le jardin, les loisirs…
À Largentière : vente de petits objets, vaisselle, livres, jouets…
Trois étapes pour allonger la vie des objets
Collecte gratuite : apport sur place à Uzer, enlèvement à domicile ou dépôt dans les containers "Les Recycl’Arts" à disposition dans les déchetteries locales.
Valorisation : dans l’atelier d’Uzer, nettoyage, rénovation, réparation pour que les objets soient de qualité à la vente.
Vente : à Largentière et à Uzer, suivant le type d’objet, à des prix très bas. Un secteur sans prix, ce dernier étant défini directement par le client en fonction de ce qu’il peut ou de ce qu’il pense pouvoir investir, est à l’essai.
Texte et clichés : Bruno Auboiron