« J’ai toujours eu beaucoup d’imagination pour inventer et raconter des histoires, dit Shuky, directeur et cofondateur de Makaka Éditions. En 2006 j’ai eu envie de faire de la bande dessinée et j’ai franchi le pas. » Jamais à court d’idées innovantes, Shuky chercha des dessinateurs sur internet pour mettre en image ses histoires et, de fil en aiguille, il imagina le site « 30 jours de BD.com » où il rassembla une quarantaine d’auteurs et publia quotidiennement une page inédite. De l’écran au papier, un an plus tard avec sa compagne Karine, ils fondèrent Makaka Éditions. « Notre premier auteur fut Ced avec ses Contes à dormir debout, se continue Shuky. Ce fut le début d’une belle aventure. Nous avions tout à apprendre et rien ne fut vraiment simple, mais la passion nous guidait. » Bon, ils n’avaient pas l’intention de révolutionner le monde de la bande dessinée, mais juste de se faire plaisir, grandir doucement en apportant leur touche, et qui sait, peut-être arriver… à en vivre un jour.
Installés initialement en région parisienne, dès qu’ils purent vivre de leur passion, ils s’implantèrent en Ardèche suite au prêt de la maison d’un de leurs auteurs pour les vacances. Les choix dépendent souvent de si peu de chose. Dans leurs nouveaux locaux albenassiens, ils publient désormais une quinzaine d’albums par an. Certains auteurs des premiers jours, leur sont restés fidèles, mais ils s’ouvrent aussi à d’autres auteurs pour connaître et proposer de nouveaux univers et de styles différents. « Ce qui nous guide dans nos choix éditoriaux est ce qui nous attire et nous séduit graphiquement, explique Shuky. Bien sûr, le scénario et les relations humaines avec les auteurs sont des notions fondamentales, mais avant tout, c’est le dessin. »
La principale difficulté que rencontre une maison comme Makaka Éditions, de taille moyenne à la renommée bien assise désormais, est malgré tout de parvenir à se démarquer des grosses écuries que sont Glénat, Casterman, Dupuis, etc. En France une dizaine d’albums est publiée chaque jour, alors le combat de Makaka ne peut pas porter sur la quantité, mais plutôt sur la qualité. « Les grosses maisons d’éditions tirent chaque titre à dix ou douze mille exemplaires, quand nous, nous culminons à trois mille. Ils peuvent aussi plus facilement attirer à eux de nouveaux auteurs, avec de conséquentes avances sur les droits d’auteur. La création d’un album demande environ un an de travail. Nous ne pouvons pas financer une telle avance, alors nous mettons en avant d’autres atouts tels que l’accompagnement individuel, la proximité, l’humanité. Avec les auteurs, nous travaillons entre amis, mais sans jamais négliger les relations professionnelles. »
Au catalogue de Makaka Éditions, la bande dessinée se décline pour les enfants, les ados et les adultes. Quelques soixante titres présentent tout d’abord des couvertures belles et intrigantes et dissimulant des histoires toujours prenantes. Chaque semaine, une dizaine de projets arrivent sur le bureau de Shuky. Tous ne sont pas publiables, loin de là, mais de temps en temps une perle est repérée. Alors il faut la saisir sans tarder. « Deux nouveaux auteurs sont arrivés chez nous avec des univers que nous n’avions pas encore explorés. Nous les suivons, mais il faut qu’ils s’engagent à défendre leur travail sur les salons et les festivals. C’est important pour notre développement. » Makaka Éditions est présent à Angoulême, Saint-Malo, Blois, Chambéry, Colomiers… Avec l’envie de publier vingt-cinq titres par an, la diffusion doit être encore améliorée, même si les albums sont présents en France, en Suisse, en Belgique et dans une moindre mesure au Canada. Certains titres ont été traduits en anglais, en italien, et bientôt en allemand et en tchèque. Oui, la bande dessinée est une affaire sérieuse !
Vingt-sept titres du catalogue, soit près de la moitié, ont été mis à l’honneur par les professionnels du livre et les lecteurs. Voilà une belle récompense. Parmi eux, les albums de Katz, le journal d’un chat. Del et Ian Dairin, les auteurs, ont vu les planches des aventures de leur chat malin publiées dans l’hebdomadaire Spirou des éditions Dupuis. Ces derniers n’ont pas souhaité les rassembler sous forme d’album. Makaka Éditions l’a fait et le succès est au rendez-vous. « Tant que les auteurs m’apporteront des projets, je continuerai à les publier, conclut Shyky. Loin de la dessinée commerciale, je veux être fier de notre catalogue. C’est notre passion. »