Les Criminal Nurses - Roller Derby

Article paru en janvier 2017
Mis en ligne en juillet 2022

Quatre années après sa création, quatre ans après avoir rencontré ces déjantées de la roulette pour nous raconter leur histoire, leur passion, l’association de roller derby Ardèch’Roll, et son équipe les Criminal Nurses, a quitté l’amateurisme de ses débuts pour se structurer, intégrer le cadre d’un sport codifié, et devenir une référence locale.
 

En préambule, juste un petit rappel de ce qu’est le roller derby et d’où viennent les Criminal Nurses. Ce sport, presque exclusivement féminin, est né dans les années cinquante aux Etats-Unis. Longtemps resté confiné outre-Atlantique, il s’est depuis développé partout dans le monde, et depuis 2012, à l’initiative d’élèves de l’école d’infirmière, Aubenas possède son propre club. Il est géré par l’association Ardèch’Roll. Ce sport se pratique sur des patins à roulettes et nécessite chez les joueuses, endurance, tactique, et demande vitesse et agilité. Deux équipes s’affrontent sur une piste ovale en deux périodes de trente minutes. Les joueuses s'affrontent durant des "jam", c'est à dire des périodes de 2 minutes maximum. Il faut aller le plus vite possible, forcer le passage... au besoin. C'est physique, mais pas seulement. Cette saison est la deuxième où se déroulera le championnat de France, reconnu par la Fédération française de Roller Sports qui a créé une ligue Roller Derby et donc un championnat officiel.

Les filles d’Aubenas sont aujourd’hui en National 2, dans une poule rassemblant Saint-Étienne, Avignon, Bédarrides et Bourg d’Oisans. Les marches supérieures sont le National 1 et tout en haut l’élite. Mais pour l’instant ces degrés semblent inaccessibles aux albenassiennes. Pour l'instant. « La création de ce championnat a donné une lisibilité et une crédibilité à notre sport, affirme Amandine Oliva, présidente d’Ardèch’Roll et entraîneuse des débutantes. C'est un sport exclusivement féminin et nous en sommes fières. Il n’est pas à l’ordre du jour de l’ouvrir aux hommes, même si ces derniers sont les bienvenus pour arbitrer. »
Avec quarante-deux licenciées, la réserve du club est importante. Toutes ne participent pas à la compétition, cela dépend de leur disponibilité pour s’entraîner, et cette donnée est très importante. « Si à l’origine, nous pratiquions entre nous, aujourd’hui nous nous sommes structurées et ce n’est plus seulement une bande de copines qui s’amusent, mais des sportives soumises à un entraînement régulier pour obtenir des résultats en compétition, poursuit Amandine. » En effet, ce sport exige des pratiquantes une parfaite forme physique pour éviter les blessures. C’est un sport de contact qui ne pardonne pas la méforme. Il n’est pas besoin pour autant de ressembler à un déménageur ; un peu comme au rugby, toutes les morphologies trouvent leur place dans l’équipe, les grandes, les petites, les sveltes, les plus enrobées… Tous les âges aussi, puisque la plus jeune a dix-huit ans et la plus âgée quarante-cinq. Pour pratiquer aucune contre-indication, si ce n’est les douleurs articulaires. « Nous accueillons beaucoup de jeunes mamans qui s’éclatent après s’être occupées de leurs enfants, précise Lucile Lavallée, entraîneuse des confirmées. Ce sport permet aux filles de décomplexer, de se lâcher. Ce sport est un exutoire qui nous permet de nous dépasser mentalement et physiquement, sa pratique nous offre une belle confiance en nous. Le Roller Derby a changé notre vie. »

Mais au-delà du sport, c’est peut-être, voire sûrement, avant tout un spectacle à l’ambiance assurée. Une ambiance à l’américaine, de la couleur, des accents d’outre-Atlantique, un spectacle vivant où chaque membre de l’équipe se donne à fond pour elle-même bien sûr, mais aussi pour les autres. Big Rouss’t, Little Fury, Debby Tueuse : des noms qui en disent long sur l’état d’esprit pendant la compétition. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un sport d’équipe, il est donc impératif que la cohésion soit bonne et l’ambiance au beau fixe entre les joueuses.  « Tout est neuf et tout s’organise, espère Amandine. Nous sommes à la naissance de notre sport sur Aubenas mais aussi nationalement. L’avenir reste à écrire. » Alors rendez vous pris,  nous les suivrons.
 
Envie de les rejoindre ?
Débutantes : 2h hebdomadaires d’apprentissage du patinage, des chutes et des règles. Un petit examen théorique et technique est organisé avant d’entrer la première fois sur le terrain.
Confirmées : 3h hebdomadaires de préparation physique, d’agilité sur les patins, d’exercices spécifiques à la pratique du sport et de discussions.
Le club souhaiterait disposer de plus de créneaux horaires dans les gymnases, ou bien à l’extérieur sur un sol adapté pour plus d’entraînements. Il aimerait mieux accueillir les débutantes et créer une seconde équipe. Son développement passe par une possibilité de pratique plus large.
Le club d’Aubenas est le seul en Ardèche. Les filles viennent de loin pour pratiquer, dont trois de Valence. Les inscriptions ne peuvent être prises en cours d’année, car l’apprentissage est progressif et suit un cycle annuel.
Enfin, le club cherche à former des arbitres sur patins, même des hommes, car il en faut sept sur le terrain lors de chaque rencontre.
 
Texte : Bruno Auboiron
Clichés : Ardèch’Roll