Les balmes de Montbrun

Article paru en juillet 2023
Mis en ligne en juillet 2023
Vivre caché
 

Le monde minéral a toujours offert une solide protection à l’être humain et constituait même un support à son expression artistique en lien peut-être avec ses croyances. En témoignent toutes les grottes ornées ou les abris sous roche jusqu’ici découverts. A ces époques, les humains ne modifiaient pas leur environnement, ils utilisaient les caprices de la roche comme ils se présentaient et savaient souvent en tirer le meilleur profit. Puis vint le temps où ils se mirent à creuser la falaise pour se ménager des refuges plus confortables. Les balmes de Montbrun sont nées ainsi.

Tout d’abord, un rappel de la signification du mot balme. Synonyme du mot baume, une balme est une cavité naturelle plus ou moins profonde, le plus souvent due à un éboulement. Ici, l’emploi de ce mot n’est pas tout à fait juste puisqu’il s’agit de demeures créées par l’humain dans une roche tendre, mais tant pis, il sonne bien.

Le site est constitué d’un ensemble aggloméré de cendres et scories, héritage d’une intense activité volcanique ayant donné naissance au plateau du Coiron. La première éruption date de huit millions d’années et la dernière d’à peine douze mille ans. Dans les parois de ce volcan, d’une cinquantaine de mètres pour la plus haute, les humains ont su inventer des habitations troglodytiques dans le tuf compact mais tendre pour s’y abriter avec leurs animaux et le fourrage. Une trentaine de logements, parfois sur deux niveaux, furent creusés, avec placards et toutes sortes de niches, à différentes hauteurs dans les falaises. Des poutres, dont on voit les traces des emplacements dans la roche, permettaient la mise en place de planchers et d’escaliers. Un four commun, des terrasses cultivées et même un verger complétaient l’ensemble desservi par un chemin pavé. Une source coulait au cœur du site.

La date exacte de l’occupation du lieu n’est pas connue. Il se dit qu’elle pourrait être de quelques siècles avant notre ère, mais les habitations troglodytiques sont apparues seulement à l’époque médiévale. En effet, le premier château aurait été érigé au début du XIe siècle et bien sûr, bénéficiant de la protection seigneuriale, des habitants s’installèrent logiquement à son pied dans les falaises. Il semblerait qu’un texte de 1464 mentionne que le bourg de La Balme, actuellement les balmes de Montbrun, était grandement peuplé et pouvait même rivaliser avec Saint-Jean-le-Centenier. Ce village atypique fut un véritable refuge pendant les guerres de religion.

Le déclin de l’occupation humaine débuta au XVIe siècle et s’accéléra au XVIIIe siècle. Quelques irréductibles restèrent en place jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ensuite, plus personne n’anima la vie des balmes de Montbrun.

Une drôle de chapelle
Avant 1536, les habitants du village troglodytique devaient se rendre à l’église de Saint-Gineys-en-Coiron, sur l’autre versant de la vallée de la Claduègne, pour assister aux offices religieux. Après cette date, ils bénéficièrent du creusement de la chapelle dans la roche. Dédiée à Sainte-Catherine, cette chapelle se trouve au nord du site, à l’écart de l’emplacement du château et de l’ensemble des habitations. Une nef unique sur un sol en terre battue, un autel contre la roche ; dénuement et simplicité. Il y a bien eu par la suite une volonté d’agrandissement avec le mur d’entrée érigé à l’extérieur de la grotte qui a imposé la construction d’une minuscule toiture et aussi un début de creusement avorté que l’on devine à gauche de l’autel, mais sa capacité reste d’une vingtaine de personnes. Cela suffisait-il à l’époque ? La chapelle abritait autrefois une statue d’une Vierge à l’Enfant réalisée dans du bois de cerisier par un berger local. La tradition lui donnait le pouvoir de calmer les enfants râleurs et capricieux.

Un bien modeste château
Au sommet d’un étroit promontoire dominant le village troglodytique, fut préalablement bâti un très modeste château, peut-être même une simple tour, avec un petit bâtiment annexe servant de logis seigneurial. Sa silhouette ne devait pas être très imposante, ni très haute. Il possédait une défense naturelle grâce au relief du site sur trois côtés et un mur sur le quatrième. De cet édifice, il ne reste qu’une empreinte fugace aujourd’hui et aucune représentation graphique…
Pratique
Où ?
Les Balmes de Montbrun se situent sur la bordure ouest du massif du Coiron sur la commune de Saint-Gineys-en-Coiron, sur la route entre Berzème et Saint-Jean-le-Centenier.
Comment s’y rendre ?
Depuis Saint-Jean-le-Centenier, suivre la route de Berzème. Sur le plateau du Coiron, une petite route à droite (panneau) conduit jusqu’à l’entrée du site. Quelques minutes de marche donnent l’accès au cœur du village troglodytique.
Comment visiter ?
Le site est ouvert et libre d’accès. Des panneaux d’informations dévoilent les secrets de ce village  abandonné. Il faut prendre le temps de s’y promener, avec prudence bien sûr, en évitant d’arpenter les sentiers par temps humide car ils deviennent glissants.
A voir, à vivre à côté
L’hôtel Malzamet à Villeneuve-de-Berg propose des expositions estivales sur des thèmes variés (www.berg-coiron-tourisme.com)
La ferme du Pradel à Mirabel, pour une découverte du domaine du célèbre agronome Olivier de Serres, hier et aujourd’hui (www.olivierdeserrestourisme.eu)
Le donjon du château de Mirabel, pour un vaste point de vue unique (www.berg-coiron-tourisme.com)
Le Muséal, pour tout connaître du site de l’ancienne cité antique d’Alba-la-Romaine (www.museal.ardeche.fr).
Texte et clichés : Bruno Auboiron