Le Préau

Article paru en mars 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Quand Le Préau, espace de coworking ou cotravail, en français, a ouvert ses portes en 2014, à Saint-Étienne-de-Boulogne, cette initiative a marqué les esprits.

Deux années plus tard, l’expérience est toujours aussi magnifique... Ils travaillaient tous chez eux, avec les contraintes du quotidien familial ; conditions de travail difficiles, isolement, manque de reconnaissance, alors ils ont décidé d’inverser le cours de leur vie professionnelle.

L’idée du co-working, ou se rassembler en tant que travailleur indépendant dans une structure commune, n’est pas nouvelle. Depuis 1995, plusieurs expériences se sont développées en Europe, principalement en zone urbaine. Les deux premières en France furent la Boate à Marseille en 2007 et la Cantine à Paris en 2008. Et depuis plus de cent mille personnes ont connu le plaisir du coworking.
"Nous nous connaissions, nous sommes amis et nous avons tous des enfants à l’école juste à côté, nous révèle Ségolène Lardot, l’une des cinq membres fondateurs du Préau. Nous ressentions le besoin de créer une barrière entre le travail et la vie de famille. Et quand on travaille de chez soi, l’image donnée au client n’est pas toujours valorisée. Alors nous avons élaboré ce projet en commun."
Et il ne faut pas négliger l’aspect économique de la mutualisation des moyens. Avec seulement quatre-vingt euros mensuellement, l’activité professionnelle de chacun dispose d’un cadre épanouissant. À prendre en compte également l’émulation d’être ensemble. Chacun se montre curieux du travail des autres et apporte son regard bienveillant et parfois même ses conseils.
Ils sont cinq à l’origine du projet : Sylvain Lion qui travaille dans le média participatif, Alexa Brunet photographe, Alice Vanderplaetsen architecte d’intérieur, Cédric Guénard administrateur de réseau informatif, tous les quatre permanents sur le lieu, et Ségolène Lardot formatrice et médiatrice artistique à temps partiel. Ils sont cinq et de leur propre aveu, le secret de la réussite d’un tel projet se décline en deux points : tout d’abord il faut constituer un collectif de travailleurs définissant un projet commun et adapté à l’activité de chacun et ensuite, il faut une réelle volonté politique locale pour trouver et mettre en œuvre un local professionnel. "Face à notre volonté citoyenne de rester vivre et travailler sur le village, le maire de la commune a tout de suite été séduit par notre projet et nous a vraiment soutenu et accompagné pour conserver et développer une activité économique sur Saint-Étienne-de-Boulogne, souligne Cédric Guénard. Il nous aura quand même fallu deux années de préparation, de recherche de financements et de travaux pour disposer enfin de ce lieu."
Aujourd’hui, l’ancien préau de l’école communale est un lieu dédié au travail où chacun trouve confortablement sa place. Chacun respecte les impératifs des autres, un agenda est établi en commun et tout problème trouve sa solution. Ici, pas de règlement tatillon, tout se joue sur le respect, le bons sens, la compréhension et au final une certaine amitié. D’ailleurs le projet dépasse le simple cadre du travail en présentant une facette culturelle. "Nous sommes réunis en association, explique Alexa Brunet, pour aussi programmer une ou deux expositions, lectures ou autres chaque année. Il est important de s’investir dans la dynamique de son village."
A St Etienne de Boulogne, ce lieu n’est donc pas juste un espace de télétravail, mais bel et bien un lieu convivial et d’accueil ouvert sur l’extérieur. Toute personne qui le souhaite peut venir travailler le temps nécessaire, moyennant l’adhésion à l’association et une modeste contribution horaire ou journalière. Certains vacanciers bénéficient ainsi des atouts du Préau, puisqu'il y a même un poste informatique à disposition. On peut donc venir les mains dans les poches. "Dans le contexte de notre petit village, notre lieu devient comme un service public ouvert à tous", sourit Cédric Guénard.

Considérant le succès de cette initiative, les structures administratives s’appuient désormais sur l’expérience acquise par les travailleurs du Préau et les sollicitent pour accompagner la création de nouveaux espaces de ce type. Ainsi celui de Mercuer devrait être opérationnel au début de cette année et un autre émergera à Joyeuse. "Il faut que ceux qui souhaitent monter un espace de co-working se donne le temps de se connaître avant d’écrire le projet, insiste Alice Vanderplaetsen. Une préparation soignée est garante d’un succès futur."
En savoir plus
Le Préau, espace collectif de travail, le village
07200 Saint-Étienne-de-Boulogne
09 84 43 51 17
contact@lepreau.org
www.lepreau.org

Structure coopérative et associative offrant de façon ponctuelle ou permanente des bureaux individuels en open-space, le haut débit, une cuisine en libre service et un jardin…
Tarifs : 13 euros l’adhésion, 1 euro l’heure, 3 euros la ½ journée, 5 euros la journée.

Accompagner d’autres projets
Le Préau propose un accompagnement aux porteurs de projets collaboratifs en optimisant la conception et la mise en œuvre du projet tout en favorisant la réflexion et en adoptant un regard extérieur. Pour ce faire, l’analyse de la situation de départ, le choix des priorités, la définition des objectifs, le choix des stratégies de mise en œuvre et on organisation et son évaluation au regard du projet écrit, sont étudiés au cours de réunions se déclinant de une à quatre demies journées. Ensuite un accompagnement spécifique portant sur des nombreux points (agencement de locaux, visuel, soutien administratif…) peut être également proposé.

Texte : Bruno Auboiron
Clichés : Alexa Brunet