Le nouveau port du Pouzin

Article paru en juillet 2016
Mis en ligne en juillet 2022

La rive gauche du Rhône, en terre ardéchoise, dispose depuis cet été d’un nouveau port fluvial de commerce, un vaste quai mutualisé au service de tous les professionnels pour faciliter et réduire les coûts de transport des marchandises tout en étant plus respectueux pour l’environnement.

Pour nous présenter ce site fluvial, nous avons rejoint Alain Martin, maire du Pouzin. Il nous explique :
"Cette nouvelle infrastructure est le fruit d’une réflexion longue avec les responsables de la Compagnie Nationale du Rhône, structure qui a tant apporté à notre ville, assure Alain Martin. Il ne faut pas oublier qu’avec l’édification du barrage en 1961, nous sommes depuis à l’abri des crues, que la CNR a apporté une activité et une image valorisantes à notre commune avec l’implantation de deux éoliennes et un parc de panneaux photovoltaïques de huit hectares. Ce nouvel aménagement sur le Rhône va donc dans le sens du développement du Pouzin et bien plus largement de la région."

Si la mairie du Pouzin se montre pleinement satisfaite du choix de son territoire et de la collaboration pour l’implantation de ce port fluvial de commerce, la responsabilité et l’investissement en incombe principalement à la CNR*. Ce port est en réalité un quai d’une longueur de quarante mètres, complété par l’implantation de ducs d’Albe en amont et en aval pour l’amarrage des bateaux, pouvant servir aux entreprises implantées sur le site, d’environ neuf hectares à lotir et à celles se trouvant à l’extérieur. Il offre aussi la possibilité de connecter le fleuve, la route et le train. Le port du Pouzin vient ainsi compléter, renforcer l’offre de dix-huit plates-formes de ce type sur les bords du Rhône entre Lyon et la Méditerranée.
Le site choisi, l'a été pour plusieurs raisons. C'est en effet un lieu vraiment stratégique pour dynamiser le transport fluvial en moyenne vallée du Rhône, il est proche d’une sortie de l’autoroute A7 et c'est aussi une porte d’entrée vers le centre de l’Ardèche et plus loin le Massif Central.

Selon les responsables de la CNR : "Quelques entreprises ont déjà fait part de leur intérêt pour utiliser ce quai. L'entreprise Matériaux Calcaires d'Alissas devrait être l'une des premières à louer un peu plus de trois hectares de terrain sur la zone industrielle. Son trafic est estimé à vingt mille tonnes par an. À terme, le trafic fluvial concernant l'ensemble du port devrait atteindre les quatre-vingt mille tonnes annuelles. La société Drômoise de céréales est, quant à elle, déjà installée à proximité. Elle bénéficie d'ailleurs d'un appontement près de ses bâtiments, de ses silos qui permet le chargement de bateaux. Il n’est pas exclu que cette dernière trouve un avantage à utiliser ce nouveau quai dans l’avenir."

L'objectif est d'atteindre par an, un trafic de quatre-vingt mille à cent mille tonnes de marchandises, avec à la clé bien sûr la création d'une centaine d'emplois. De plus en plus le contexte actuel semble favorable au développement de modes de transports alternatifs à la route. Dans ce cadre, le transport fluvial constitue évidemment une solution performante en termes de coûts et de capacités et aussi dans le domaine sensible du respect de l’environnement. Selon un rapport de la Commission européenne, le coût de transport est estimé à dix euros pour mille tonnes par kilomètre pour le fluvial, quinze euros pour le rail et trente-cinq euros pour la route. Si on ajoute à cela que la navigation fluviale est le moyen de transport nécessitant le moins d’énergie, de main d’œuvre et produisant le moins de nuisances sociales (accident), environnementales (pollution) et sonores... il n’y a pas à hésiter. Toutefois ce mode de transport pour le sud de la France ne peut être que national. Il aurait pu connaître un développement international si le projet de canal à grand gabarit de liaison entre le Rhin et le Rhône n’avait pas été abandonné. On ne peut malheureusement que le regretter aujourd’hui.

En attendant des jours meilleurs pour le transport fluvial, il convient de poursuivre les aménagements pour rendre le Rhône encore plus attractif. "C’est un pari sur l’avenir, poursuit Alain Martin, mais les collectivités locales comme les aménageurs publics ou privés se doivent d’avoir toujours un temps d’avance pour accompagner le développement. Le temps perdu ne se rattrape jamais. Et comment puis-je convaincre les entreprises de mon secteur d’opter pour le transport fluvial, si nous ne pouvons pas leur montrer et offrir les outils qui leur seraient nécessaires ?"
La réponse est donc apportée avec ce nouveau port fluvial de commerce qui a été inauguré cet été et qui est désormais en service. Son imposant quai n’attend plus que l’amarrage des premiers bateaux de commerce…

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*Compagnie Nationale du Rhône
Pour en savoir plus
www.cnr.tm.fr
Le port du Pouzin
Ce nouvel aménagement, unique sur la rive ardéchoise du Rhône, fut érigé par la CNR en partenariat avec la Région Rhône-Alpes, l’Europe, le Département de l’Ardèche, la Communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche et la commune Le Pouzin. Son coût est de 3,3 millions d’euros, dont la CNR qui est maître d’ouvrage de l’opération prend à sa charge plus d’un tiers du financement, en parallèle de la viabilisation des parcelles industrielles jouxtant le port. Ainsi le total s’élève à 4 millions d’euros, dont 1,8 millions à la charge de la CNR.

La Compagnie Nationale du Rhône en bref
Le 27 mai 1921 était votée la Loi Rhône définissant un programme d’aménagements du fleuve du lac Léman à la Méditerranée prenant en compte la production électrique, la gestion de l’eau pour les besoins de l’agriculture et le transport fluvial. L’ensemble du cours d’eau fut concerné par les deux premiers points, le dernier ne prenant finalement en compte que le parcours de Lyon à la Méditerranée. En 1933, la société anonyme d’intérêt général CNR fut créée et reçut pour mission l’aménagement du fleuve selon les trois usages déterminés. Aujourd’hui elle gère entre autres 19 barrages et donc 19 centrales hydroélectriques, 18 écluses, 400 kilomètres de digues, 32 stations de pompage, 330 kilomètres de voies navigables à grand gabarit, 27 sites industriels et portuaires dont le vaste port de Lyon… 5,33 millions de tonnes transportées annuellement sur le fleuve, 95 542 conteneurs pour 94 991 passages aux écluses, ce qui laisse imaginer le nombre de bateau empruntant le fleuve. La CNR emploie 1 365 collaborateurs.
Texte : Bruno Auboiron
Clichés : Bruno Auboiron, Mairie du Pouzin / Claude Fougeirol