Le Mokiroule
Article paru en septembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022
Le camion aux flancs richement illustrés sillonne les petites routes des bords du Rhône jusqu’au fin fond des Boutières, du Coiron. Au volant du Mokiroule, Pascale Girard est libraire ambulante.
Apporter le livre et la lecture aux endroits où ils manquent et pourtant ne pourraient vivre à demeure : telle est la mission Pascale Girard. Les zones rurales ont également un droit d’accès à la lecture, surtout les jeunes enfants, futurs grands lecteurs, espérons-le. C’est dans cette logique, un intérêt général que s’inscrivent les tournées du Mokiroule, une libraire ambulante tout à fait surprenante.
Pascale Girard, fondatrice du projet et désormais libraire itinérante, se montre chaleureusement accueillante à tous ceux qui s’intéressent aux livres. Elle parle, elle écoute, elle comprend chacun… Aujourd’hui sur le marché hebdomadaire du Cheylard, les parents avec ou sans enfant, nous sommes mercredi, se succèdent à la porte du camion joyeusement illustré par Magali Attiogbé, illustratrice parisienne ayant des attaches familiales à Privas. Un mot pour chacun, la libraire, qui refuse résolument la sédentarisation, livre ses précieux conseils, aguille les hésitants, donne un avis éclairé. Quelques minutes plus tard, une petite fille descend du camion, un large sourire illumine son visage. Elle a trouvé son bonheur sur les étagères rouges du Mokiroule. Sa maman est contente et Pascale aussi d’avoir pu satisfaire deux nouvelles personnes. « Chaque jour qui passe, j’ai le sentiment que ma présence au cœur des villages est utile, se réjouit Pascale. Je facilite l’accès aux livres et à la lecture à ceux qui sont loin d’une librairie traditionnelle ou d’une ville. Même si elle était non formulée, l’attente existait et je suis arrivée au bon moment avec le bon projet. La fréquentation régulière de nombreuses personnes et le nombre de commandes de particuliers et de bibliothèques m’incitent à penser que mon activité s’installe dans la durée. »
Technicienne lumière, puis cuisinière sur les spectacles et les festivals d’un peu partout en France, rien ne prédisposait Pascale à devenir libraire. Elle a souvent changé d’orientation professionnelle dans sa vie. Ce qui la motive c’est le début d’une activité, et quand ça bouillonne pour concrétiser et faire évoluer les projets. Puis elle a eu l’envie de rencontrer les livres, mais ouvrir une librairie fixe en zone rurale ne pouvait être viable. Comme elle ne voulait vraiment pas se retrouver en ville, elle a opté pour l’itinérance au volant de son petit camion. « J’ai suivi une formation pour découvrir le métier de libraire, explique-t-elle. Puis je suis partie en stage dans des librairies à Crest, Valence et Lyon. Je me suis très vite rendue compte que le secteur jeunesse reste porteur et puis avec le camion je n’avais pas assez de place pour développer une librairie généraliste, alors l’idée a été de me spécialiser dans le livre jeunesse. Et je l’ai fait aussi par goût, bien sûr. » Disposant d’un choix d’environ trois milles livres, le Mokiroule propose également des romans « polar » pour les adultes car c’est uniquement dans ce domaine que le lecteur se laisse guider. En littérature classique, les lecteurs cherchent un titre ou un auteur, en polar, ils cherchent un livre. C’est plus simple pour la gestion des stocks. Et puis rien n’empêche Pascale de répondre à n’importe quelle demande, qu’elle livre lors de son prochain passage.
Pour créer sa tournée, notre libraire itinérante a présenté son projet dans toutes les communes de son territoire et avec l’accord des mairies, elle a pu installer son camion sur les marchés hebdomadaires, à la sortie des écoles ou à l’occasion d’évènements festifs. Depuis six mois, le Mokiroule prend régulièrement ses aises à Saint-Laurent-du-Pape, à Saint-Fortunat-sur-Eyrieux, Dunières-sur-Eyrieux, Les Ollières-sur-Eyrieux, Le Cheylard, Vernoux-en-Vivarais, La Voulte, Le Pouzin, Soyons, Tain-l’Hermitage, Viviers et Alba-la Romaine. Plus ponctuellement il fréquente d’autres lieux. Son calendrier toujours à jour est à découvrir sur son site internet. D’autres communes sollicitent sa visite, mais la liste d’attente s’allonge. Elle étudie en revanche toute proposition de participation à un événementiel et commence à s’intéresser aux marchés de Noël « Je suis allée aussi à la rencontre des libraires du secteur et par respect je ne m’installe jamais sur leur commune, précise Pascale. » Bien sûr les éditeurs locaux ont applaudi des deux mains à l’annonce de la création du Mokiroule. Leurs livres allaient atteindre des secteurs encore non explorés. Quant aux éditeurs nationaux, certains saluèrent immédiatement cette initiative et lui apportèrent leur soutien à l’image d’Acte Sud Jeunesse, tandis que d’autres mirent plus de temps à prendre au sérieux le Mokiroule. Enfin tout est rentré dans l’ordre, la patience et la persévérance payent toujours.
Après plus d’un semestre à sillonner les petites routes, Pascale est agréablement surprise par le succès rencontré. Elle avait au départ prévu des animations, des lectures, des ateliers pour les enfants, mais débordée par la fréquentation, elle n’en assure que très peu aujourd’hui. Il faut dire qu’elle ne ménage jamais le temps consacré à chaque lecteur, s’il en exprime l’envie. C’est un ancien bibliobus, vaste et lumineux, qu’elle a juste aménagé à son image, le Mokiroule est certes né d’une initiative personnelle, mais il n’aurait jamais pris la route sans quelques aides au démarrage et surtout la mise en place d’un financement participatif auquel cent trente-quatre personnes ont adhéré… Qui a dit que le livre était moribond ? Que la lecture papier n’intéressait plus les jeunes ?
Pascale Girard, fondatrice du projet et désormais libraire itinérante, se montre chaleureusement accueillante à tous ceux qui s’intéressent aux livres. Elle parle, elle écoute, elle comprend chacun… Aujourd’hui sur le marché hebdomadaire du Cheylard, les parents avec ou sans enfant, nous sommes mercredi, se succèdent à la porte du camion joyeusement illustré par Magali Attiogbé, illustratrice parisienne ayant des attaches familiales à Privas. Un mot pour chacun, la libraire, qui refuse résolument la sédentarisation, livre ses précieux conseils, aguille les hésitants, donne un avis éclairé. Quelques minutes plus tard, une petite fille descend du camion, un large sourire illumine son visage. Elle a trouvé son bonheur sur les étagères rouges du Mokiroule. Sa maman est contente et Pascale aussi d’avoir pu satisfaire deux nouvelles personnes. « Chaque jour qui passe, j’ai le sentiment que ma présence au cœur des villages est utile, se réjouit Pascale. Je facilite l’accès aux livres et à la lecture à ceux qui sont loin d’une librairie traditionnelle ou d’une ville. Même si elle était non formulée, l’attente existait et je suis arrivée au bon moment avec le bon projet. La fréquentation régulière de nombreuses personnes et le nombre de commandes de particuliers et de bibliothèques m’incitent à penser que mon activité s’installe dans la durée. »
Technicienne lumière, puis cuisinière sur les spectacles et les festivals d’un peu partout en France, rien ne prédisposait Pascale à devenir libraire. Elle a souvent changé d’orientation professionnelle dans sa vie. Ce qui la motive c’est le début d’une activité, et quand ça bouillonne pour concrétiser et faire évoluer les projets. Puis elle a eu l’envie de rencontrer les livres, mais ouvrir une librairie fixe en zone rurale ne pouvait être viable. Comme elle ne voulait vraiment pas se retrouver en ville, elle a opté pour l’itinérance au volant de son petit camion. « J’ai suivi une formation pour découvrir le métier de libraire, explique-t-elle. Puis je suis partie en stage dans des librairies à Crest, Valence et Lyon. Je me suis très vite rendue compte que le secteur jeunesse reste porteur et puis avec le camion je n’avais pas assez de place pour développer une librairie généraliste, alors l’idée a été de me spécialiser dans le livre jeunesse. Et je l’ai fait aussi par goût, bien sûr. » Disposant d’un choix d’environ trois milles livres, le Mokiroule propose également des romans « polar » pour les adultes car c’est uniquement dans ce domaine que le lecteur se laisse guider. En littérature classique, les lecteurs cherchent un titre ou un auteur, en polar, ils cherchent un livre. C’est plus simple pour la gestion des stocks. Et puis rien n’empêche Pascale de répondre à n’importe quelle demande, qu’elle livre lors de son prochain passage.
Pour créer sa tournée, notre libraire itinérante a présenté son projet dans toutes les communes de son territoire et avec l’accord des mairies, elle a pu installer son camion sur les marchés hebdomadaires, à la sortie des écoles ou à l’occasion d’évènements festifs. Depuis six mois, le Mokiroule prend régulièrement ses aises à Saint-Laurent-du-Pape, à Saint-Fortunat-sur-Eyrieux, Dunières-sur-Eyrieux, Les Ollières-sur-Eyrieux, Le Cheylard, Vernoux-en-Vivarais, La Voulte, Le Pouzin, Soyons, Tain-l’Hermitage, Viviers et Alba-la Romaine. Plus ponctuellement il fréquente d’autres lieux. Son calendrier toujours à jour est à découvrir sur son site internet. D’autres communes sollicitent sa visite, mais la liste d’attente s’allonge. Elle étudie en revanche toute proposition de participation à un événementiel et commence à s’intéresser aux marchés de Noël « Je suis allée aussi à la rencontre des libraires du secteur et par respect je ne m’installe jamais sur leur commune, précise Pascale. » Bien sûr les éditeurs locaux ont applaudi des deux mains à l’annonce de la création du Mokiroule. Leurs livres allaient atteindre des secteurs encore non explorés. Quant aux éditeurs nationaux, certains saluèrent immédiatement cette initiative et lui apportèrent leur soutien à l’image d’Acte Sud Jeunesse, tandis que d’autres mirent plus de temps à prendre au sérieux le Mokiroule. Enfin tout est rentré dans l’ordre, la patience et la persévérance payent toujours.
Après plus d’un semestre à sillonner les petites routes, Pascale est agréablement surprise par le succès rencontré. Elle avait au départ prévu des animations, des lectures, des ateliers pour les enfants, mais débordée par la fréquentation, elle n’en assure que très peu aujourd’hui. Il faut dire qu’elle ne ménage jamais le temps consacré à chaque lecteur, s’il en exprime l’envie. C’est un ancien bibliobus, vaste et lumineux, qu’elle a juste aménagé à son image, le Mokiroule est certes né d’une initiative personnelle, mais il n’aurait jamais pris la route sans quelques aides au démarrage et surtout la mise en place d’un financement participatif auquel cent trente-quatre personnes ont adhéré… Qui a dit que le livre était moribond ? Que la lecture papier n’intéressait plus les jeunes ?