Le cri d'un ange

Article paru en mars 2016
Mis en ligne en juillet 2022
Un ange passe...
Un ange passe...

Le deuil périnatal est l’un des moments les plus douloureux et le plus difficile à résoudre qui soient. Qu’est-il de plus insupportable, de plus injuste que la mort d’un enfant, celle d’un enfant in utero. L’épreuve pour les parents est souvent lourde de conséquences. En Ardèche, le Cri d’un Ange, association du bassin d’Aubenas, leur vient en aide par l’écoute, le conseil et le soutien.
 

La mort quelle qu’elle soit est toujours plus ou moins un sujet tabou, raison de plus lorsqu'elle concerne un enfant. Un enfant mort in utero est un enfant né sans vie. Même s’il n’acquiert pas de personnalité juridique, ses parents ont la possibilité de demander qu’il soit mentionné sur le registre de l’état civil et sur leur livret de famille. Mettre au monde un enfant décédé in utero ou le " faire passer" avant la naissance, est une épreuve toujours très douloureuse pour les parents. Ces deniers ont besoin de soutien et d’écoute pour avancer sur le chemin du deuil et pouvoir peu à peu atteindre l’apaisement. Malheureusement, ils se retrouvent souvent bien seuls, face à cette épreuve de la vie.

La définition administrative du deuil périnatal, le fait intervenir entre la vingt-septième semaine de grosses et la semaine suivant la naissance. Si, vu confortablement de l’extérieur, on peut imaginer qu’il vaut mieux pour l’enfant qu’il ne naisse pas par exemple, avec un lourd handicap le pénalisant sa vie durant, pour les parents victimes de ce deuil, l’acceptation n’est jamais aisée. Sentiments d’échec, de culpabilité, d’injustice menant à la colère, de frustration conduisent souvent à la dépression. Ce sont autant d’étapes qu’ils doivent franchir pour faire leur deuil. De l’enfance tant attendue ne naissent que le vide et l’absence. Le sentiment d’injustice n’en est que plus fort. Pourquoi nous ? Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? Inévitablement les parents s’interrogent : comment aurait été ce bébé ? Qu’aurait-il fait ? Que serait il devenu ? Le fait de ne l’avoir jamais vu n’est pas un atout pour faire le deuil, car seule l’imagination travaille. Aucune certitude, aucun point auquel se raccrocher.
Marie et son mari ont vécu ce drame. Ils n’ont pas voulu rester isolés avec cette épreuve à supporter. Ils se sont battus. Le chemin fut long, douloureux, compliqué. Fort heureusement, ils ont eu la chance d’être mis en contact avec l’association Le Cri d’un Ange. Cette dernière, installée à Saint-Sernin, a pour but de soutenir, d’écouter les parents endeuillés, de favoriser la reconnaissance médiatique, juridique et administrative du deuil périnatal, de sensibiliser les soignants, et d’accompagner les familles qui attendent à nouveau un bébé, après un deuil périnatal. Car la réaction normale après un tel deuil est de vouloir à nouveau un enfant, même s'il est préférable d’attendre de faire le deuil de cet enfant, avant de penser à concevoir à nouveau.

 "Notre sage-femme ne connaissait pas cette association et c’est par pur hasard que nous l’avons trouvée, raconte Marie. Quand nous avons intégré le cercle de paroles, cela nous a fait réellement du bien. Nous nous rendions compte que nous n’étions pas les seuls à vivre ce cauchemar." 
Parler, écouter, comprendre et échanger, voilà qui est manifestement indispensable pour les parents. Ces échanges ne sont pas toujours réalisables avec des amis proches ou auprès de la famille dont les membres sont parfois gênés, et souvent involontairement maladroits. L’isolement se trouve alors encore renforcé. Alors rien de tel que se retrouver entre parents ayant vécu la même expérience. " Dans le cercle de paroles, nous pouvions exprimer ce que nous ressentions et nous étions compris,  nous dit Marie. Nous pouvions entendre les expériences des autres et les comprendre. Nous nous sommes sentis moins seuls, alors que quand nous avons appris ce qui nous arrivait, nous croyions être les seuls au monde." A l'association Le Cri d’un Ange, chacun a conscience de l’importance de la disponibilité des uns envers les autres, et quand on a reçu, chacun s’applique à donner en fonction de ses moyens, et bien sûr de l’avancement de son propre deuil. La vie est aussi faite de décès et il est tout à fait normal de trouver un accompagnement à chaque moment difficile. "L’association est aussi utile pour nous renseigner et nous aider à revendiquer nos droits auprès de la sécurité sociale et la caisse d’allocations familiales, poursuit Marie. Rien n’est simple administrativement dans ce domaine de la non existence d’un bébé mort in utero. Ce qui m’a révoltée dans mon propre cas, est de ne pas trouver à l’hôpital une information sur les aides matérielles et surtout psychologiques dont nous avons vraiment besoin. Personne à l’hôpital ne m’a jamais parlé d'une association comme celle du Cri d’un Ange. Si cela avait été le cas, nous aurions gagné du temps et de la souffrance."
 
Adresse et contact
Association Le Cri d’un Ange
5 chemin des fruitiers
07200 Saint-Sernin

 06 70 18 82 64
 lecridunange@free.fr
 http://lecridunange.free.fr

Permanence téléphonique tous les jeudis matins de 9h à 12h. En dehors de ces horaires, ne pas hésiter à laisser un message pour un rappel pratiquement immédiat.
Sur demande des familles, des rencontres entre parents (ou cercles de paroles) peuvent être organisées en après-midi ou en soirée selon les disponibilités de chacun.
Une bibliothèque est également à disposition pour des prêts de livres.
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron