La peinture végétale avec Simple et Sauvage

Article paru en décembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

La nature est généreuse, on le savait, mais on le repère mieux désormais. Cette nature s’offre sans compter et recèle bien des secrets qu’il convient d’explorer sans réserve.
 

Ainsi les pigments naturels des plantes, contenus dans les feuilles et les fleurs, peuvent devenir en toute simplicité de la peinture et même du maquillage pour les enfants. Pour nous expliquer comment ça marche, nous sommes avons rendu visite à l’association Simples et Sauvages, à Chirols, qui a fait de la peinture végétale une des spécialités des animations qu’elle propose. C’est grâce aux connaissances d’Aurore que nous sont livrées quelques recettes pour donner des couleurs à une page blanche. "Pour savoir quels végétaux il faut récolter avant de fabriquer la peinture selon les couleurs désirées, il faut d’abord faire des essais, explique Aurore. On prend des feuilles, des fleurs, des fruits, des baies et on frotte plus ou moins fort sur une feuille blanche pour voir apparaître parfois des couleurs inattendues." Bien sûr, le monde des couleurs naturelles ne semble pas toujours logique et des végétaux laissent parfois sur la feuille une couleur surprenante, mais tout le charme est là…
Dès les origines de l’humanité, le milieu naturel nous a offert des colorants, pigment végétal, minéral et animal. Ils les utilisaient pour peindre des motifs sur leurs corps, les parois des grottes, leurs habits. Concernant les pigments végétaux que contiennent les pétales, les feuilles, les fruits, ils donnent leurs couleurs aux plantes, ils parent de feu les feuilles d’automne. Leur pouvoir colorant, leur aptitude à se mélanger à l’eau et leur absence de toxicité en font des colorants naturels idéals.

Donc, les feuilles et les fleurs fraîches sont frottées sur le papier. Immédiatement, comme par magie, les couleurs apparaissent, plus ou moins intenses. La feuille de frêne offre un beau vert pâle, celle d’ortie un vert plus franc, la chélidoine un jaune, la fleur de vesce un gris et sa feuille un vert, la cerise un rose très doux… Une palette de couleurs délicates qu’un peintre ne renierait pas ! Mais bien sûr, il est difficile d’utiliser ces couleurs sous la forme de plantes fraîches pour peindre. "Fabriquer des peintures à partir des plantes n’est pas compliqué, on va les écraser avant une infusion à froid ou à chaud, selon les végétaux, poursuit Aurore. Pour d’autres comme le chou rouge, il suffit juste de mixer et presser pour obtenir un jus coloré." À partir de cette base liquide, il est possible de donner naissance à d’infinies nuances de couleurs en ajoutant des éléments extérieurs. Ainsi, le sel d’alun (minéral naturel), le vinaigre blanc, le jus de citron et le bicarbonate de soude (issu d’un minéral naturel) modifient les couleurs des jus obtenus ou des infusions préparées. Au moment du mélange, il convient d’agir toujours à petites doses et d’observer les couleurs naître. "Pour que la peinture accroche sur d’autres matériaux que le papier, il faut ajouter un liant, annonce Aurore. Les liants naturels sont le jaune d’œuf et la colle d’amidon que l’on prépare juste avec de l’eau de la farine. Mais attention car trop en ajouter peut en modifier aussi la nuance." Et la conservation de ces peintures pensez-vous à juste titre ? Les jus pressés et les infusions à froid ou à chaud, mélangés ou non à d’autres éléments, peuvent se mettre rapidement à fermenter ou à la surface se développe une couche de moisissure. S'il y a fermentation, la peinture n’est plus utilisable, en revanche la couche de moisissure peut se retirer délicatement sans altérer la peinture. Et lorsqu'il y a du liant, le mélange peut se conserver une quinzaine de jours au réfrigérateur… En prime, une petite astuce pour des idées d'ateliers à la maison : en ajoutant de la fécule à la peinture, on peut réaliser du maquillage pour les enfants ! Idéal pour le carnaval, un anniversaire ou même à Noël.

Pour aller jusqu’au bout de cette expérience, on peut aussi utiliser des pinceaux originaux, fabriqués avec des éléments naturels. Dans du bois creux, comme le sureau, le bambou ou la ronce d’un beau diamètre, on peut enfiler des épis de graminées, des fleurs délicates, un bouquet de feuilles, le bout d’une branche de cyprès ou tout autre élément qui laissera sur le papier une trace tout à fait particulière ou un effet désiré. Avec du bois plein, après avoir supprimé l’écorce, on en écrase une extrémité pour n’avoir plus que des filaments jouant le rôle des poils du pinceau, mais en plus grossier bien sûr. Oui, vraiment la nature est généreuse et elle nous permet de beaucoup s’amuser avec elle, d'offrir des couleurs…
 
Le violet du chou rouge
Prendre un chou rouge. Le couper grossièrement et le mixer finement. Au-dessus d’un saladier, tendre un chiffon propre. Déposer une grosse poignée de chou sur le tissu et fermer le chiffon comme une bourse. Le presser pour exprimer le jus du chou et le recueillir dans le saladier. Obtenir ainsi une première couleur, du violet. Verser le liquide dans plusieurs petits pots et ajouter une dose différente de bicarbonate de soude dans chacun pour disposer de différentes nuances de bleu… Ajouter de l’amidon pour lier, selon les besoins.

La colle à l'amidon
Mélanger quatre cuillères à soupe de farine blanche dans un demi-litre d’eau. Porter à ébullition en remuant sans cesse et faire bouillir quelques dizaines de secondes seulement. Ce liant se conserve plusieurs semaines au réfrigérateur.

Des couleurs étonnantes et naturelles
Juste quelques exemples de mélanges
Jus de cerise et sel d’alun : rouge profond
Jus de cerise et vinaigre : rouge intense
Pétales de rose, citron et amidon : rose clair
Pissenlit, bicarbonate et sel d’alun : jaune moyen
Coquelicot, sel d’alun et amidon : violet intense
Chou rouge et vinaigre : violet moyen
Chou rouge et bicarbonate de soude : bleu
Fougère et jaune d’œuf : vert pâle
Fougère et amidon : vert foncé
 
Contact
Simples et Sauvages
07380 Chirols
06 84 46 62 92
simplesetsauvages.ardechelibre.org
Cette association agri-culturelle et sociale œuvre à la transmission de savoirs, à l’éducation à l’environnement et l’agriculture sociale et thérapeutique et à la production de plantes aromatiques et médicinales.
Texte et clichés : Bruno Auboiron