La Frapna : la nature avant tout

Article paru en février 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Travaillant dans tous les domaines liés à la protection de la nature, les salariés et les bénévoles de la Frapna sont sur tous les fronts. Présentation d’une association environnementale dont les prises de position ne laissent jamais indifférentes.
 

Sous le sigle Frapna, il faut lire Fédération Rhône-Alpes pour la Protection de la NAture. Affiliée à l'organisme national France Nature Environnement, elle est présente dans tous les départements de la région. En Ardèche, elle rassemble deux cents adhérents et dix-huit associations fédérées (Ligue de Protection des Oiseaux, Les Amis de Viviers, associations de pêche…).

La Frapna les parraine sur des dossiers précis et elles deviennent ses yeux et ses oreilles sur le terrain. Les neuf salariés de l’association se répartissent en trois pôles : scientifique, naturaliste et veille environnementale, éducation à l’environnement. « Il ne faut pas oublier notre devise : réconcilions l’homme et son environnement, souligne Dimitri Moine, l’un des salariés, chargé entre autres de l’éducation à l’environnement. »

Bien sûr, chaque département de la Frapna œuvre en commun avec les autres départements pour le partage des compétences et la mutualisation des moyens, mais chacun possède ses particularités. En Ardèche, l’un des thèmes les plus importants est la gestion des cours d’eau. « Nos rivières sont de très bonne qualité, mais elles restent très fragiles car convoitées par le tourisme, l’agriculture et la production hydroélectrique, précise Dimitri Moine. Nous travaillons sur l’approvisionnement pendant la période estivale, là où il y a de moins en moins de ressources pour de plus en plus d’utilisateurs potentiels présents sur le territoire. À ce propos, nous avons édité un document envoyé à tous les maires, nommé : eau, entre usage et territoire. Et au-delà de la formation qu’apporte cette trentaine de pages, nous essayons toujours de proposer des solutions maîtrisées au cas par cas. » Dans tous les faits, la Frapna ne possède qu’un avis consultatif, mais elle a toujours la possibilité d’agir au niveau juridique. « Il est de toute façon plus judicieux de discuter en amont, assure notre interlocuteur. »

Les actions, souvent volontaristes, de l’association pose la reconnaissance de la Frapna sur le terrain. « Au niveau des élus, nous sommes reconnus parfois comme un véritable appui technique, parfois comme du poil à gratter, sourit Dimitri Moine. La sensibilisation et la formation à l’environnement sont un enjeu quotidien avec eux. Pour les services de l’État, nous représentons un réel soutien. » Appuyant ce propos, il faut savoir que la Frapna a signé une convention avec le tribunal de Privas pour proposer des stages de citoyenneté aux auteurs d’infractions mineures à l’environnement. Cette convention est une première en Ardèche et va sans doute se décliner à d’autres départements de la région. Ainsi entre trois et six stages rassemblant un maximum d’une quinzaine de personnes sont organisés chaque année. Concernant le grand public, le rôle de la Frapna est plutôt méconnu et parfois mal perçu en fonction des milieux concernés. « Nous avons tous besoin de nous reconnecter à la nature, poursuit notre interlocuteur. Nous le sentons aujourd’hui avec l’intérêt du public porté à l’environnement. C’est toutefois paradoxal avec la gestion politique de ce thème. Dans les grandes orientations d’avenir, l’environnement est de plus en plus malmené. C’est parfois décourageant, mais nous tenons bon. »
Outre la gestion de l’eau, les grands enjeux environnementaux pour notre département sont la gestion de la forêt et celle du tourisme. Pour la première, quelques questions semblent bonnes à poser. Ainsi est-il logique d’accepter de grandes coupes à blanc de parcelles pour alimenter la chaudière à bois chauffant l’eau des sauriens de la Ferme aux Crocodiles de Pierrelatte ?
Les impacts de cette exploitation sont visibles dans les forêts de Sanilhac et de Vernon, de l’aveu même de Dimitri Moine…
Et puis à ces enjeux majeurs, nous pouvons ajouter la gestion de la présence des grands prédateurs, à l’image du loup retrouvant sa place chez nous.

Voilà ici, un aspect non négligeable de leurs interventions, qu'il est difficile pour nous Ardéchois, de repérer dans un ensemble d'actions aussi vaste que celui qui est le leur.
 
Ce que l'on sait moins
La Frapna intervient donc à la demande d’un tiers ou de sa propre initiative en zone rurale ou périurbaine comme par exemple en bordure de rivière traversant une zone fortement aménagée. L’association agit auprès des aménageurs et des décideurs pour que chaque projet tienne compte de l’intégrité et la valeur de l’environnement au sein duquel il sera implanté. Elle donne son avis pendant les enquêtes d’utilités publiques, propose des solutions alternatives après concertation. Depuis la création de section Ardèche de la Frapna, à la fin des années soixante-dix, ses membres ont prouvé la pertinence de leur propos.
Alors sachons-les entendre !
 
Action « Sentinelles »
Cette action permet à chaque citoyen témoin d’une atteinte à l’environnement (dépôts sauvages, pollutions de l’eau…) de la signaler à la Frapna de son département. Sans bien évidemment parler de délation, cette action joue un rôle essentiel dans l’enjeu incontournable aujourd’hui de la protection de l’environnement. La section départementale structure la prise en compte de ces alertes et les réponses apportées. Une coordination régionale est assurée par la Frapna Isère et permet la mutualisation des outils (procédures, fiches alerte, panneaux de présentation de l’action « Sentinelles », Guide pour la prévention des atteintes…). L’année dernière, trois cent cinquante-huit alertes ont été signalées. La plus grande partie de celles-ci alertes concernait les milieux aquatiques et les zones humides (remblais de zones humides, pollutions de l’eau, drainages…) et les dépôts de déchets dans tout type de lieux. Les questions d’urbanisme et d'aménagement du territoire occupent également une part importante de ces alertes.

Site naturel ou non ?
La définition d’un site naturel n’est pas aussi aisée qu’il n’y paraît. En Ardèche, comme dans maints autres secteurs, l’homme a depuis longtemps façonné la nature afin de pouvoir en vivre et y vivre. Il a même parfois profondément modifié son environnement et a causé ainsi des déséquilibres préjudiciables à son avenir. Par exemple, la forêt primaire n’existe plus chez nous. L’homme l’a fait à l’image de ses besoins. Mais au sein de cette nouvelle forêt, la biodiversité a souvent retrouvé ses droits et il s’agit bien là de la définition actuelle d’un site naturel.
 
Adresse
Frapna
39 rue Jean-Louis Soulavie
07110 Largentière
04 75 93 41 45
frapna-ardeche@frapna.org
www.frapna.org
Pour suivre les actions de la Frapna Ardèche
www.facebook.com/frapna07
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron