Apporter un éclairage sur la santé mentale.
Partager, échanger, participer pour sortir de l’isolement les personnes en souffrance psychique sont les lignes directrices du Groupement d’Entraide Mutuelle, sans oublier de faire savoir et de sensibiliser le plus grand nombre aux réalités de la santé mentale.
A Aubenas, à deux pas du centre ville, le Groupement d’Entraide Mutuelle (GEM), "l’Albatros" est un lieu auto géré par ses propres usagers sous la responsabilité de deux professionnelles. Cette structure qui existe depuis 2009, est avant tout un lieu d’accueil pour sortir les personnes fragiles en situation de handicap psychique du parcours médicalisé, un lieu destiné à les accueillir le mieux possible et à les sociabiliser à nouveau. A l'Albatros, se déroulent, au rythme de ses adhérents, des ateliers et des temps de partage et de rencontre. "Une dizaine d’adhérents passe ou reste chaque jour, le temps d’un café ou d’une activité, parfois toute la journée, explique Aurélie Leynaud, une des responsables du site. Nous n’imposons rien, nous proposons et surtout nous nous adaptons à leurs envies et besoins du moment. L’idée est qu’ils passent du bon temps, qu’ils retrouvent confiance en eux pour s’ouvrir vers l’extérieur."
La principale qualité d’Aurélie et sa collègue est d’être à l’écoute, une écoute toujours bienveillante, car si la santé mentale n’est plus un tabou, elle exclut encore beaucoup trop. "Les adhérents souffrent du regard des autres et sont laissés ou se mettent d’eux-mêmes à l’écart, regrette Aurélie." Cette appréhension de l’échange avec une personne en souffrance psychique est toujours liée à la méconnaissance. Cela nous renvoie à nos propres peurs. Il faut savoir que le handicap psychique touche une personne sur quatre de façon ponctuelle ou chronique. Personne n’est à l’abri de la dépression, d’un violent choc émotionnel ou d’une addiction sévère. Un quart de la population concernée et peu de personnes en souffrance sont réellement prises en charge, par manque de moyens surtout et bien d’autre raisons encore. " À cause de l’isolement de certaines personnes, un problème fréquent en zone rurale, on constate un manque de diagnostic et des difficultés de déplacement des personnes pour assurer leur suivi, nous précise Aurélie. Et puis, on trouve aussi des personnes qui refusent d’être accompagnées." En Ardèche, outre le GEM d’Aubenas et celui de Privas, il serait bon que de telles structures voient le jour aux Vans, à Annonay, sur le plateau, partout au plus près de la population", car les besoins sont là, la souffrance psychique est bien présente. Le point positif est qu’on n’hésite plus à en parler aujourd’hui.
Les quarante-deux adhérents du GEM d’Aubenas, dont les trois quarts habitent à proximité, trouvent ici un lieu accueillant, un lieu plein de sourires et d’attentions. Aucune obligation, aucune contrainte ne définit la vie quotidienne de cette maison ouverte où la solidarité n’est pas un vain mot. Ici, chacun vient chercher et prendre ce dont il a besoin. Autonomes matériellement, les adhérents sont tous majeurs. Ils répondent présents, car ils ont un impérieux besoin de rompre l’isolement dans lequel, les a enfermé leur souffrance psychique. L’isolement n’est pas que physique, il est très souvent moral ; il est aisé quand on se montre différent pour un temps ou pour longtemps de se retrouver seul au milieu des autres. Alors ici les adhérents partagent, échangent, se voient même pour certains, en dehors des locaux du GEM. "Malheureusement nous n’avons pas toujours une réponse à apporter à chacun ou à certains, avoue Aurélie. Dans ce cas, nous renvoyons l’adhérent vers le Centre Médico Psychologique, l’hôpital de jour ou toutes autres structures mieux adaptées. Les passerelles sont nombreuses entre les services. "
Le GEM, qui est une association de loi 1901 dont les adhérents occupent les postes de président, secrétaire, trésorier, dépend de l’Agence Régionale de Santé et de la Maison Départementale des Personnes Handicapées pour les moyens de son fonctionnement et du déroulement de ses activités. Outre son rôle fondamental d’accueil, le GEM souhaite s’ouvrir plus encore, pour faire connaître au plus grand nombre, les problèmes et la réalité liés à la santé mentale. Ainsi pour la première fois, ses adhérents ont participé aux "semaines d’information sur la santé mentale" et l’édition 2017 avait pour thème : santé mentale et travail. Chaque année pendant deux semaines au mois de mars, associations, citoyens et professionnels se mobilisent et organisent des manifestations d’information et de réflexion dans toute la France. À cette occasion, les adhérents du GEM d’Aubenas ont fabriqué deux arbres en carton sur lesquels étaient accrochés des panneaux présentant les idées reçues sur la santé mentale au recto, et au verso le rétablissement de la réalité. Présents sur le marché d’Aubenas, ces arbres et toutes les personnes présentes autour ont offert une visibilité grandeur nature à la santé mentale, valorisant les adhérents du GEM…
Oui, sortir de l’isolement est vraiment la voie à suivre !
Qu’est-ce que la santé mentale ?
La santé mentale est bien plus que l’absence ou la présence de troubles psychiques. La santé mentale, selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. La première cause d’invalidité et d’arrêts de maladie de longue durée, sont les troubles psychiques qui placent la personne en situation de handicap menant souvent à la précarité, l’exclusion et l’addiction…
Qu'est-ce qu'un GEM
Partout en France, dans tous les départements, les Groupes d'entraide mutuelle sont installés en nombre, dans la plupart des grandes villes. Un GEM, est un dispositif destiné à favoriser la réinsertion sociale de personnes, par le biais d'ateliers, de clubs et de lieux de loisirs et de rencontres, par et pour les usagers et ex-usagers en psychiatrie. Les GEM sont avant tout des lieux de convivialité et de lutte contre la solitude et dont l'objectif est l'amélioration des conditions de vie de ces personnes souffrant de handicap.
www.psycom.org