Emploi, confiance et partage.
Partant du principe qu’en toute occasion l’union fait la force, quelques employeurs du sud Ardèche se sont rassemblés il y a trois ans au sein du Groupement d’Employeurs Sud Ardèche (GESA) afin de mieux répondre aux défis de l’emploi saisonnier et permanent sur le secteur.
Il existe trois mille six cents groupements d’employeurs en France, dont 90% exercent leurs compétences dans le milieu agricole. Se réunir pour offrir plusieurs temps partiels en différents lieux et trouver le salarié qui ainsi bénéficie d’un vrai emploi lui permettant de vivre. Prises, une à une, les heures picorées à droite à gauche ne correspondraient qu’à ce qu’on nomme un petit boulot, alors que rassemblées, ces heures font un véritable emploi. Donc ce qui s’est montré efficace dans le monde agricole, pouvait tout aussi bien le devenir dans le tourisme et l’industrie en Ardèche. Pourquoi pas ?
Le GESA fut donc créé il y a trois ans, avec pour vocation première l’aide à l’hôtellerie de plein air et aux saisonniers, et… bien vite le secteur industrie a reconnu tous les avantages d’un tel système. "Rapidement notre groupement est devenu multi sectoriel, explique Corinne Albert, directrice du GESA depuis juin 2016. Cet élargissement était indispensable pour un secteur comme le nôtre. Les besoins sont nombreux et tellement variés du fait de la diversité de l’économie locale." Recruter, gérer et conserver sur la durée des salariés compétents, quels que soient le nombre d’heures proposées, la taille et le secteur d’activité de l’entreprise, n’est jamais chose aisée. Le GESA apporte une réponse efficace à ce vrai problème en mettant à disposition le temps nécessaire des compétences pour des besoins saisonniers ou à temps partiel.
Chaque employeur, nommé adhérent, car le GESA fonctionne en auto financement sous statut associatif, paye une cotisation annuelle et dépose ses besoins en temps et postes. Le GESA, regroupant les salariés, gèrent les offres et les besoins et trouve la solution adaptée. C’est le GESA qui emploie les salariés et non les adhérents pour lesquels il travaille, le plus souvent possible en signant un CDI. Ainsi un salarié peut obtenir un véritable emploi en picorant dans différents secteurs d’activités, s’il répond bien sûr aux compétences demandées, et disposer à la fin du mois d’une feuille de paie unique. Les avantages sont évidents pour les salariés comme pour les employeurs.
Il est nécessaire de développer une belle qualité d’écoute pour dépasser et voir plus loin que les mots et les simples références notées sur le CV de chaque salarié en recherche d’emploi. Corinne Albert semble exceller dans ce domaine. "Lors d'un recrutement, au-delà de ses compétences exprimées et souvent validées par un diplôme, ce qui est fondamental, c’est la personne elle-même, ce qu’elle dégage, précise notre interlocutrice. Des gens possèdent parfois de véritables richesses qu’ils ne mettent pas ou ne savent pas mettre en avant, et grâce auxquelles ils pourraient bien souvent s’ouvrir de nouvelles voies. Et il faut que s’installe une confiance mutuelle." Les valeurs du GESA se déclinent en une vision solidaire et durable de l’emploi pour lequel la formation des salariés est souvent mise en œuvre. "Dans l’avenir nous aimerions former les salariés en poly compétences afin d’améliorer leurs conditions de travail dans l’emploi saisonnier, poursuit Corinne Albert." Se former, trouver du travail dans la confiance et le respect : ayant bien compris le principe, les salariés en demande, sont de plus en plus nombreux à frapper à la porte du GESA. Aujourd’hui le GESA rassemble une quarantaine d’employeurs et une trentaine de salariés, âgés entre vingt-sept et cinquante-six ans ayant pour la plupart des parcours professionnels variés pour ne pas dire atypiques pour certains d'entre eux. La demande est variée. La majorité des salariés sont en CDI. Si le GESA est administrativement basé à Aubenas, ses adhérents et ses salariés sont présents sur tout le sud Ardèche. Et après trois années de fonctionnement, même si localement le recul n’est pas suffisant, les échanges avec d’autres groupements d’employeurs extérieurs au département et à la région laissent à penser que cette initiative est sur la bonne voie. Certes le GESA manque de visibilité sur son propre territoire et il lui faut y remédier pour recruter encore plus de salariés et d’employeurs proposant des missions complémentaires afin d’agrandir le panel des compétences et d’améliorer les possibilités d’emploi.
L’emploi par l’intermédiaire du GESA peut aussi être une rampe de lancement pour intégrer physiquement une entreprise. Quelques salariés du GESA ont ainsi pu quitter la structure pour compter désormais sur la liste des employés en CDI d’une entreprise au sein de laquelle ils avaient effectué plusieurs missions. La notion de confiance s’exprime pleinement ici. "Les entreprises de notre secteur cherchent avant tout de l’emploi qualitatif et non quantitatif, le GESA sait répondre à cette attente. Ce mode de fonctionnement possède un bel avenir. J’ai trouvé là une activité qui a du sens au service du demandeur d’emploi, de l’employeur et du territoire", conclut Corinne Albert.