Fanny Métrat

Article paru en janvier 2017
Mis en ligne en juillet 2022

Fanny Métrat aime sa vie entre ses terres ardéchoises et ses combats pour les paysans du Monde. Militante, solidaire, elle ne brade jamais ses convictions et vit pleinement sa vie de paysanne.
 

Ce n’est pas parce que Fanny a choisi de poser ses valises au fond de la vallée, près d’Antraigues-sur-Volane, qu’elle vit repliée sur elle-même et retirée de tout. Ce n’est pas parce qu’elle, avec son compagnon, lutte au quotidien pour vivre de la terre qu’ils ont choisie, qu’elle ne se préoccupe pas du sort des autres paysans, d’à côté, ou de loin... en Afrique. Ce n’est pas non plus parce qu’elle a choisi résolument de devenir paysanne pour vivre de son travail, qu’elle n’imagine pas une autre vie, si jamais les pressions industrielles et administratives mènent l’agriculture de montagne dans une impasse. Non, Fanny reste lucide sur l’environnement économique et social accompagnant sa vie rurale. Elle est lucide, résolue, volontaire.

Un petit hameau tout au bout d’une route étroite qui longe une petite rivière, quelques maisons, puis la bergerie. Tout autour la châtaigneraie qui domine. C’est ici que Fanny nous accueille. Après plusieurs longs mois en quête d’une terre pour s’installer, elle trouvait ici son bonheur, en Ardèche, en 2009, reprenant les terres d’un paysan éleveur-castanéiculteur pour qui l’heure de la retraite sonnait. Ce fut une transmission heureuse entre les anciens et les nouveaux arrivants. Et suivant un peu un chemin tracé, l’activité de Fanny et de son compagnon se décline principalement en élevage de brebis pour la viande et en transformation de châtaignes. L’heure est matinale et le temps est venu de mener les brebis au pré. Deux chiens, un expérimenté, l’autre tout fou de jeunesse, encore en plein apprentissage, pour l’aider et voilà Fanny et son troupeau sur le chemin, au-dessus de son hameau du Mazoyer, et filant sur les premières pentes de la montagne, entre pâturage, châtaigniers, hêtres et genêts.

Elle s’occupe de ses cent cinquante brebis, des Noires du Velay et des Bizet blanches. Et, toujours, à l’automne, vient l’heure de la récolte des châtaignes, suivie de leur transformation. En complément, ce n'est pas moins de deux tonnes de pommes de terre, et aussi des pommes transformées en jus… Si l’activité agricole est multiple et très prenante, il reste toujours un peu de temps à Fanny pour s’occuper, comme nous vous le disions plus haut, des autres, des paysans d'ici, d’ailleurs, et des paysans d’Afrique notamment. Elle milite à la Confédération Paysanne. Elle en est même la porte-parole du mouvement syndical pour l’Ardèche. La solidarité et la justice sont pour elle des valeurs incontournables. L’un de ces combats a été de conduire cette nouvelle mesure de la PAC (politique agricole commune décidée par l’Europe), obligeant désormais les paysans à déclarer leurs parcelles, en indiquant le pourcentage exact de prairie, de sous-bois, de landes… Ces relevés détermineront le montant des primes allouées. Un véritable casse-tête pour les paysans de montagne, ne disposant pas des photos aériennes ni de logiciels de calcul. Et puis les brebis se moquent bien de ces pourcentages, elles broutent aussi bien les prairies que sous les châtaigniers et même les landes dans une moindre mesure. Et si les mesures annoncées ne sont pas exactes, attention aux pénalités. L’incompréhension est souvent de mise face à ces décisions prises dans des bureaux, si loin de la réalité du « terrain.» Alors Fanny lutte et lutte encore, dénonce, cherche des solutions pour tous, pour elle...
Accrochée à ses terres mais libre aussi de quitter ses terres, oui, si les pressions sont trop fortes, si la lutte devient trop inégale, si elle s’épuise, elle qui a tant d’énergie à partager. Fanny est fière de vivre ici, de sa terre, mais elle l'est aussi de rester libre de choisir sa vie.
Elle conclut en souriant « Nous sommes bien partis pour rester ici tant que l’envie et la motivation seront là.»
 
Adresse
Fanny Métrat, Mazoyer
07530 Antraigues-sur-Volane
04 75 37 95 85
À lire : « Âme de Paysans », éditions EncreS en ScènE

 
Texte et clichés : Bruno Auboiron