ESAT St-Joseph de Veyras

Article paru en février 2017
Mis en ligne en septembre 2022

Une ferme, des ateliers aux portes de la ville de Privas, l’ESAT (établissement et service d’aide par le travail) Saint-Joseph s’épanouit au milieu de la campagne verdoyante de Veyras, étagée en faïsses pâturées par les moutons.
 

Pour nous présenter l'établissement, son fonctionnement et ses activités nous avons rencontré Cécile de Almeida, adjointe de la direction. l’ESAT fut créé en 1988 pour offrir un emploi en milieu protégé à des personnes en situation de handicap relevant de la psychiatrie. Il est depuis lors géré par l’association hospitalière Sainte-Marie, rassemblant en France une trentaine d’établissements ce qui en fait le premier opérateur en santé mentale. Aujourd'hui, il accueille précisément cent un travailleurs handicapés dont s’occupent vingt-deux personnes, entre encadrement et administratif.

Sur la trentaine d’hectares du domaine de Veyras, le troupeau de cent-cinquante brebis de la bergerie vit en totale autonomie, car en parallèle, la ferme céréalière de Chomérac de l’ESAT, lui procure le foin et la luzerne. Marcel Marcon est présent sur le site depuis trente-neuf ans ; moniteur à la bergerie et aux espaces verts, il a connu et suivi toute l’évolution de la partie agricole de l’ESAT. « Autrefois notre activité agricole était plus variée, explique-t-il, mais aujourd’hui pour la production de viande et l’entretien des terrasses, le troupeau de moutons est idéal. Au fil des ans, je me suis rendu compte combien la présence des animaux était bénéfique sur le comportement des personnes.»

Bien sûr le travail demandé est adapté aux compétences et aux possibilités de chacun, de leur passé et de leurs envies, aussi. Ceux qui arrivent à l’ESAT peuvent choisir parmi les trois activités qu’ils doivent obligatoirement découvrir et s’ils s’y plaisent, une occupation leur est trouvée et aménagée. Certains sont issus du monde agricole, mais pas tous. «Je veux bouger, être dans la nature, être avec les animaux, assure Pierre, travailleur présent depuis cinq ans. Je ne peux pas rester entre quatre murs.» Ses trois compagnons du jour, venus nous rejoindre, sont d'accord avec lui, ils ressentent la même chose.  Ce besoin vital de grand air, cette attirance pour les animaux les réunit tous à la bergerie. «La ferme est un outil thérapeutique, précise Hugues Borne, moniteur technico-commercial, mais elle doit être rentable, car bien évidemment, les travailleurs handicapés sont payés sur la base du smic. Et nous avons les mêmes obligations vétérinaires et de traçabilité que n'importe quel autre élevage.» La rentabilité n’est toutefois pas la seule notion prise en compte pour le maintien et le développement de la bergerie ; l’entretien des terrasses et l’intérêt d’offrir un large panel d’activités aux travailleurs handicapés entrent aussi en considération. Et puis l’équilibre financier doit être une réalité sur l’ensemble des activités de l’ESAT, ce qui laisse une marge de manœuvre à la ferme et à chaque atelier.

Hormis la bergerie et la ferme céréalière, l’ESAT dispose également d’un abattoir homologué pour les volailles et les lapins. De nombreux élevages locaux font appel à ce service, et son agrandissement est en projet afin qu’il puisse prendre en charge les animaux de la bergerie. Et pui, aussi, il y a une menuiserie dont l’activité est aussi débordante qu’une ruche et quelques ateliers de sous-traitance industrielle complètent les offres aménagées pour les travailleurs handicapés. « Nous ne sommes pas une entreprise, mais nous fonctionnons tout comme, annonce Hugues Borne. C’est le fruit de l’ouvrage réalisé par les travailleurs handicapés qui paye leurs salaires et les investissements, même si notre analyse des comptes est bien sûr également sociale. Nous devons proposer un large panel d’activités pour que chacune des personnes atteinte de pathologies psychiatriques diverses, puisse trouver sa place.»

Un nouvel arrivant se voit donc proposer trois activités de son choix à l’essai pendant une période de six mois. Dans chaque activité, le travail est minutieusement découpé afin que des postes de travail soient aisément accessibles. Le travailleur handicapé ne doit jamais se sentir en échec et donc un poste parfaitement adapté doit lui être proposé. La notion d’apprentissage est inévitablement présente à tous les niveaux. «Le rendu du travail est important, car nous devons satisfaire les exigences de nos clients, poursuit Hugues Borne, et dans chaque atelier il est nécessaire de savoir écouter et rassurer, aussi.» En conséquence, lorsqu'il est fait dans l’apaisement, le travail joue pleinement son rôle de sociabilisation. « En plus des pathologies dont chacun est atteint, précise Cécile de Almeida, nous sommes confrontés à des problèmes familiaux, des addictions. Rien n’est jamais simple en milieu protégé. Mais nous nous situons uniquement sur le champ du travail et donc pour nous aider dans le domaine relationnel, même si notre équipe d’encadrement des activités fait preuve d’une grande capacité d’adaptation, nous sommes aidés par nos partenaires du service d’accompagnement à la vie sociale, du centre médico psychologique et toutes les autres structures. »

Une fois terminée sa journée de travail, la plupart des travailleurs handicapés rentrent chez eux où ils vivent en autonomie, mais avec un suivi régulier. Très peu passe la nuit à l’hôpital psychiatrique. Échanger, partager et vivre entre eux est une richesse humaine que leur offrent le travail et le déjeuner pris en commun à l’ESAT. Bref, une vie comme tout le monde.

*Un ESAT est un établissement médico-social qui permet à des personnes en situation de handicap d’accéder à des activités professionnelles en proposant ainsi des prestations et des produits de qualités aux particuliers et aux entreprises.
Le fonctionnement
L’ESAT Saint-Joseph est géré par le centre hospitalier Sainte-Marie de Privas. Son équipe est composée de moniteurs d’atelier, éducateurs techniques, administratifs, médecin psychiatre, médecin du travail, assistante sociale… Les activités pratiquées se déclinent donc autour de la sous-traitance industrielle, menuiserie, cultures céréalières et fourragères, bergerie, espaces verts et création paysagère, abattoir de volailles, service du déjeuner et entretien des locaux. Les horaires de travail sont variables selon les activités, mais généralement ils se développent de 8h30 à 17h00 et certaines activités peuvent impliquer des interventions le week-end et les jours fériés.
 
En savoir plus
La Barèze
658 chemin de Beauvert
07000 Veyras
04 75 64 70 08 / www.ahsm.eu
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron