Diego Comer

Article paru en octobre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Diego Comer aime les arbres et la terre, mais pas de façon mystique. Non, Diego, en réalité est un jeune homme pragmatique, alliant le plaisir retrouvé de la photographie, son premier amour, et ses nouvelles fonctions d’arboriste-grimpeur.

Un homme de convictions, d’idées et de rêves aussi, Diego Comer n’est pas ordinaire. Il a la passion de ce qu’il entreprend, la passion de ce et de ceux qui l’entourent.
Son frère, Sofus, en son temps, l’accompagna lors de ses premiers pas dans le vaste univers de la photographie. L’image, qu’elle soit fixe ou en mouvement, a toujours exercé son fort pouvoir d’attraction sur son imaginaire et ses envies. Mais bon, dans ces instantanés figés, il privilégie l’humain. Toujours. Et petit à petit, l’idée a fait son chemin : vivre de l’activité qu’on aime, pourquoi pas ? Alors Diego très jeune encore, est devenu photographe. Souvenez-vous de ce jeune homme, un article dans Ma Bastide, lui avait déjà été consacré il y a 10 ans.

Son besoin d’assurer son quotidien, Diego est prudent ou plus simplement intuitif, c’est donc tout naturellement que parallèlement, en 2008, il décide de suivre une formation en travaux acrobatiques  pour exercera le métier d’arboriste-grimpeur, tout en conservant son activité liée à la photographie.
Tout comme ses parents, il aime avec ferveur la nature, et ce métier lui permet de rester toujours proche d’elle. Cette connaissance du travail sur un fil et sa passion pour les arbres l’ont doucement et tout naturellement poussé vers l’élagage, en qualité de professionnel.
Certes il y en a beaucoup en Ardèche, mais les arbres aussi, et il faut voir cette abondance comme une possibilité d’émulation, plus que comme une concurrence. Ainsi en va-t-il aujourd’hui de la nouvelle vie de Diego, entre la photographie de temps en temps, et l’arbre souvent, très souvent, de plus en plus souvent.

"Je n’ai pas abandonné la photo, mais à un moment j’ai saturé. J’avais l’impression de regarder la vie uniquement à travers un objectif. Je voulais prendre du recul."

Du recul ; mais en fait il a plutôt pris de la hauteur et rejoint le cœur des frondaisons, là où il se sent si bien. Il admet aisément son intérêt pour la vie immobile de l’arbre, véritable poumon et élément fort du paysage. Il ne voulait plus faire de compromis dans le domaine de la photographie, l’arbre lui permet de vivre heureux et en accord avec lui-même, et ses aspirations profondes. « Ce nouveau fonctionnement professionnel me convient parfaitement. Je peux en un même élan réunir le loisir et le travail. Je peux au milieu de mes chantiers d’élagage prendre trois jours pour faire des images que j’aurais choisies. Et ne dépendant plus financièrement de la photo, le résultat de mes images est plus fascinant. » La belle vie !

Oui mais… comment passe-t-on de photographe à arboriste-grimpeur ?
Tout d’abord pour exercer en conscience ce métier, un grand respect du monde végétal est nécessaire. Puis maîtrisant le maniement des cordes, Diego a juste eu à suivre une formation diplômante au Centre de Formation Professionnelle Forestier de Châteauneuf-du-Rhône et obtenir son Certificat de Spécialisation Tailles et Soins aux Arbres. La biologie de l’arbre le passionne et l’interroge. "L’arbre n’a pas besoin d’être taillé, explique Diego. Il se débrouille très bien sans l’homme. Ce dernier lui impose la taille pour ses besoins d’humain, avoir plus de fruits, de bois d’œuvre, aménager la vue, diminuer les risques… Les raisons sont multiples et toujours à prendre en compte." Cette formation lui a paru comme une évidence à l’orée de sa nouvelle vie professionnelle. Quelques stages à Paris pour découvrir la place et le rôle de l’arbre en zone urbaine, à Biarritz pour approcher les très grands arbres et enfin en Ardèche, ont complété ses connaissances.

Maintenant il sait. Il a encore beaucoup à apprendre, on ne finit jamais d’apprendre, mais il sait quelle direction prendre. Il taille de façon raisonnée, il observe, il respecte, il ne négocie pas avec les contraintes biologiques de l’arbre, il les accepte. "Ce n’est pas parce qu’on raisonne qu’on a raison, admet-il humblement. Je ne suis pas à l’abri d’une mauvaise interprétation, tellement de notions concrètes entrent en compte dans une prise de décision. L’arbre, c’est du vivant et parfois le vivant est surprenant." Pas de doute, même en s’affichant résolument modeste, il sait de quoi il parle. De toute façon Diego ne fait jamais les choses à moitié. Quand il découvre un centre d’intérêt, il fait parti de ces personnes qui l’explorent à fond pour en traquer le moindre secret. Essayer de savoir pour comprendre. La preuve en est qu’il est devenu formateur au sein de l’école où il a appris les bases de son nouveau métier. Il distille des cours, encadre des chantiers de formation et participe au jury des concours. Une belle reconnaissance. Vraiment. Et bien qu’il ne travaille que très rarement seul sur un chantier d’élagage, les arboristes-grimpeurs œuvrent en réseau, les interventions au sein de ce centre de formation lui offrent la possibilité de sortir de son quotidien, de suivre les évolutions techniques et de parfaire ses connaissances au contact des autres.
"Mon objectif en choisissant cette voie était aussi de pouvoir travailler au pays, assure Diego, ce que ne me permettait pas toujours la photo. Mais pour venir élagueur, il faut une bonne condition physique et une bonne gestion de la peur et du stress. Il faut acquérir de la confiance, être curieux et respectueux de l’arbre. Et surtout il faut oser les premières fois. C’est ce que j’ai appris et ce que j’apprends à d’autres à mon tour. Oui, ma vie d’aujourd’hui me plait."

En savoir plus 
www.arbosapiens.com (pour l’élagage)
06 70 10 44 55

Texte et clichés : Bruno Auboiron