« J’aimerais pouvoir vivre pleinement de ma passion et de mon savoir-faire. » C’est sur les hauteurs de Mercuer et par ces simples mots que Stéphanie Goossens nous accueille chez elle, avec un grand sourire. Chez elle, car nul besoin d’atelier pour imaginer et créer ses bijoux. Un coin de table, une chaise posée face à la lumière de l’après-midi baignant la véranda, suffisent à son bonheur.
Stéphanie et son compagnon ont débarqué ici, venant de l’Oise, en 2005. Avant de s’installer en Ardèche, ils avaient déjà tissé sur place un réseau d’amitié, leur facilitant grandement leur intégration. Éducatrice puis travaillant dans la comptabilité, Stéphanie céda à l’appel de son penchant pour le tressage et les pierres, à l’issue d’un voyage à l’étranger où elle eut comme une révélation. « Nous étions obligés de rester longtemps au même endroit et là, j’ai rencontré une personne qui m’a convaincue que créer ses propres bijoux n’était pas une utopie », précise-t-elle. Dans ce domaine, la concurrence est rude. Alors Stéphanie cède parfois aux influences de la mode et aux contraintes économiques en adaptant son travail de création à la réalité quotidienne. « Je préfère travailler les pierres semi-précieuses, mais j’aime aussi parfois utiliser des perles de bois, de verre, des graines, des coquillages pour suivre la mode et surtout proposer des bijoux à un prix accessible. » Ce sont les couleurs et les matières qui éveillent l’inspiration et la spontanéité de la créatrice. Et bien sûr, son quotidien et son humeur du moment la guident aussi. Créer un bijou, c’est livrer beaucoup de soi sans que cela ne paraisse…
Jaspe, agathe, venturine, œil du tigre, onyx, aigue-marine, améthyste, jade : elles sont nombreuses ces pierres semi-précieuses appelées également pierres fines. En marge de quatre pierres précieuses répertoriées en France, rubis, émeraude, saphir et diamant, toutes les autres pierres qui offrent un rendu esthétique parfois admirables, ne sont pas négligées par les créateurs de bijoux, bien au contraire. Pour Stéphanie, leur beauté est source d’imagination qui lui permet d’inventer les plus beaux tressages en fil de coton teinté pour leur offrir un écrin. Des fils et des pierres, ces bijoux sont tout à la fois originaux, très modernes ou chargés des accents nostalgiques des mantilles et dentelles d’autrefois. Délaissant le fil, certaines pierres sont montées sur des supports en argent.
« La grande majorité des femmes ne cherchent dans le bijou qu’un gri-gri, un porte-bonheur en somme, nous apprend Stéphanie. Mais pour d’autres, il s’agit d’une parure unique à laquelle elles portent un grand attachement. » Pour ces dernières, la créatrice travaille souvent sur commande. Elle imagine le bijou qui traduira le mieux le caractère de la personne. Le sur-mesure et la pièce unique représentent la moitié de son activité. Et consciente de la valeur affective du bijou, notre créatrice va même jusqu’à restaurer et réparer certaines pièces… Dans sa quête de belles pierres, Stéphanie, qui marche beaucoup, revient toujours de ses sorties, les poches pleines de trésors. De la colline posée juste à côté de la maison, elle rapporte des petits quartz roses. Elle monte les plus beaux en bracelet, en collier.
Les premières années, Stéphanie et son compagnon hantèrent assidûment les marchés artisanaux ou traditionnels, nocturnes ou de créateurs de la région. Ils s’épuisèrent dans cette quête peu récompensée. Aujourd’hui, elle privilégie les rencontres estivales, au cœur du cercle d’amis qui a motivé son installation ardéchoise.