Alors que le transport fluvial, en particulier dans la vallée du Rhône, pourrait, devrait soulager de manière significative le transport routier des marchandises, diminuant ainsi les coûts réels, la pollution en fluidifiant le trafic, les difficultés de la péniche Alizarine sont à souligner.
Peut-être vous en souvenez-vous, il y a quelques années, nous avions présenté le projet de Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat et de leur péniche Alizarine qui était de convoyer les vins des vignobles ardéchois et plus largement de la vallée du Rhône, vers Paris et l’Île de France. De nombreux voyages plus tard au fil du Rhône, de la Saône, de la Seine et des canaux du centre de la France, les difficultés sont là, incontournables. « Si rien n’est fait dans l’avenir, le transport fluvial artisanal n’existera plus, soupire Cécile. Le lobby routier est trop puissant et même si les impacts écologiques sont de plus en plus présents dans les prises de décisions, tout cela va bien trop lentement. Ce qui nous pose problème n’est pas le trajet sud nord pour lequel notre cale est toujours pleine, mais bien le retour où nous voyageons parfois presque à vide. »
Pourtant la diversification fut aussi au rendez-vous de chaque escale de cette péniche aux accents écoresponsables. Le transport certes, mais aussi le culturel et l’évènementiel. Le meilleur exemple est ce voyage d’Avignon à Paris à la fin de l’année dernière à l’occasion de la COP21 pour lequel, sur ses fonds propres, tout au long du trajet, Alizarine a organisé des expositions, des conférences et débats à bord du bateau.
Pendant ce voyage, il fut question de sensibilisation et de promotion du transport fluvial au regard du changement climatique ; ce mode de transport pouvant apporter des solutions concrètes à l’engorgement des villes, des routes et des autoroutes et assurer une importante réduction des gaz à effet de serre. Six mois plus tard, Alizarine s’est même métamorphosée en salle de spectacle, le temps du festival d’Avignon. Sans oublier, à chaque livraison parisienne de vins, les dégustations organisées sur le pont du bateau amarré dans le bassin de La Villette… On le remarque, Cécile et Raphaël n’ont jamais ménagé leur peine, faisant toujours preuve d’imagination et de volonté.
Malgré tous les efforts et les initiatives mises en place, ainsi que le capital sympathie dont bénéficie le bateau, le développement de l’activité transport est trop lent pour que sa présence sur l’eau soit assurée à long terme. Alors pourquoi un tel décalage entre la réussite des actions entreprises et les difficultés financières rencontrées ? « Nous sommes un peu désabusés, affirme Raphaël. Nous ne sommes pas soutenus politiquement et le soutien de nos partenaires vignerons et autres ne suffit malheureusement pas. Il nous faudrait avoir le temps de monter un réseau parallèle en circuit court directement du producteur au consommateur, mais pour cela il nous faudrait embaucher un commercial à terre et, plus de temps aussi. » Mais le temps c’est de l’argent et l’argent, Alizarine en manque cruellement.
Il semblerait tout d’abord que le transport fluvial dans son ensemble connaisse une période de régression. Trop peu d’entreprises misent sur le transport fluvial par méconnaissance et frilosité quand il s’agit de changer des habitudes. Pourtant l’image véhiculée par ce mode de transport tellement plus écologique que la route serait valorisante pour une entreprise dans le contexte actuel. A l’heure où nos routes et nos villes sont totalement saturées et que parallèlement les demandes de transports ne cessent de croître, la logique voudrait que l’on regarde dans une autre direction, celles des fleuves, rivières et canaux sillonnant la France. Alizarine, qui n’est plus un projet aujourd’hui mais une réalité ayant fait ses preuves, se positionne dans cette dynamique d’évolution du transport et des mentalités. Pour ses responsables, parier sur le fluvial, c’est parier sur l’avenir.
Pour filer la métaphore selon Cécile et Raphaël : Alizarine, péniche de petit gabarit (38,50 x 5,05 mètres, gabarit Freycinet) « prend l’eau » et ses responsables actuels ne peuvent plus écoper seuls. Ils ont besoin de nouveaux partenaires, de nouveaux soutiens. Alizarine cherche donc avant la fin du mois de mars des partenaires prêts à s’investir financièrement et moralement. Elle ouvre son capital aux entreprises, collectivités et particuliers pour que continue de vivre l’espoir de cette belle alternative aux actuels modes de transport. Alizarine a un besoin urgent de renforcer sa trésorerie et son équipe de travail. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice dans une économie sociale et solidaire.
Alors pourquoi ne pas commencer maintenant : en aidant Alizarine et puis on s’aide soi-même en allant vers un avenir plus radieux.