Agri Bio Ardèche

Article paru en novembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

L’agriculture bio progresse partout en France, mais on peut avancer qu’il a le vent en poupe en Ardèche. Véritable filière pourvoyeuse d’emplois et respectueuse de l’homme et son environnement, elle se développera encore, même si certaines institutions ne jouent pas la carte économique et sociale. Le bio est l’avenir souriant de l’agriculture.

 
Avant sa fusion avec la région Auvergne au premier janvier de cette année, Rhône-Alpes se plaçait au deuxième rang des régions françaises en nombre de pratiquants en agriculture bio ou en conversion, derrière la région Midi-Pyrénées. De 2007 à 2015, le nombre de fermes en bio a pratiquement doublé et ainsi presqu’une exploitation sur dix est certifiée ou en passe de l’être. La culture bio des noix et des châtaignes permet à cette région d’être particulièrement dynamique dans le domaine des fruits, sans oublier les fromages de chèvres, les légumes, le vin, le miel et les plantes aromatiques et médicinales… Au cœur de cette ancienne région et désormais de la nouvelle, née de la fusion, l’Ardèche se démarque avec sa mosaïque de paysages et de pratiques agricoles. La préservation de la richesse des paysages est un souci constant pour les femmes et les hommes, de plus en plus nombreux, se tournant vers l’agriculture biologique. Cette dernière, de par ses méthodes, est bonne pour la nature, les producteurs et les consommateurs, l’économie locale par une valeur ajoutée aux productions, et aussi pour le bien-être animal.

Si le chemin reste encore bien long pour que domine ce modèle dans le monde agricole, parfois si traditionnaliste et figé, c’est en 1992, que l’association de producteurs bio de notre département, Agri Bio Ardèche, naissait. « À l’époque de la création de l’association, les producteurs bio n’étaient qu’une cinquantaine en Ardèche, alors qu’aujourd’hui ils sont sept-cent-quinze, soit 15% des agriculteurs départementaux », affirme Benoît Felten, coordinateur d’Agri Bio Ardèche et qui nous reçoit. L’association regroupe aujourd’hui deux cents adhérents, et cinq salariés travaillent au service de l’agriculture bio du département. Ses missions sont de soutenir les producteurs en place ou en reconversion, mais bien sûr c’est toute une filière des transformateurs aux distributeurs, en passant par les consommateurs qui bénéficie de ce travail de promotion et de soutien. Les actions se développent autour de la sensibilisation et l’information des agriculteurs, l’accompagnement des conversions et des installations en agriculture bio. « Nous intervenons auprès de ceux qui font la demande sur des problèmes particuliers, poursuit Benoît Felten, et puis régulièrement, nous organisons des journées de sensibilisation avec des portes ouvertes dans une des fermes, pour étayer nos arguments par l’exemple, et aussi créer des vocations. » Ensuite, sur place, tout agriculteur peut bénéficier d’un diagnostic de conversion prenant en compte les aspects techniques et économiques de son activité. Pour les cultures annuelles et les exploitations animales, deux années sont nécessaires à cette conversion, pour les cultures en place comme la vigne ou les fruits, il faut compter une année supplémentaire. L’association organise également des formations courtes pour tous les agriculteurs sur les techniques alternatives utilisées en bio comme l’homéopathie en élevage ou la taille non mutilante en viticulture…

« L’agriculture bio est en constante progression, nous assure Benoît Felten. Même si les motivations des agriculteurs sont parfois uniquement économiques, pour la grande majorité d’entre eux, elles sont militantes et éthiques. » Bien sûr, le surcoût des produits bio à l’étalage est souvent une réalité. Mais elle s’explique aisément par des certifications à toutes les étapes de production, des rendements moins importants et généralement plus de travail. Ainsi l’accessibilité pour tous, aux produits de l’agriculture bio, est un sujet sur lequel travaille l’association. « La barrière n’est pas qu’économique, déclare notre interlocuteur, elle est aussi culturelle. Il nous faut plus faire connaître ces productions et leurs qualités en développant encore plus de circuits courts. Nous organisons le 7 décembre prochain, de 16h à 19h, des dégustations gratuites sous la halle d’Aubenas. La sensibilisation passe par ce genre de démarche de terrain et de proximité, comme aussi par les discussions avec des diététiciens et les ateliers culinaires organisés conjointement avec les centres sociaux d’Annonay et de Privas, et prévus également à Aubenas en 2017.

L’attente des consommateurs devancent celles des politiques
« Plus que jamais la société civile a conscience que la transition énergétique et alimentaire est une nécessité et paradoxalement plus que jamais, les pouvoirs publics sont trop souvent en complète déconnection avec cette question d’intérêt général, regrette Benoît Felten.» Ainsi par arrêt des financements de la part de la Région, des foires bio ne seront plus organisées et n’auront plus lieu, comme nous en avions l’habitude dans nos villages. En effet, si l’Europe continue de soutenir fortement les initiatives en faveur de l’agriculture bio, la Région, qui est la courroie de transmission de l’Europe en ce domaine, s’en désengage totalement et cela inquiète les responsables de cette filière indéniablement d’avenir. Le bio aujourd’hui, n’est plus synonyme de quelques utopistes prônant le retour à la terre, mais bien une filière pourvoyeuse d’emplois et respectueuse de l’homme, des animaux et de l’environnement. « Nous avons quelques craintes pour l’avenir, conclut Benoît Felten. Bien sûr, le bio continuera à se développer sur notre département, le processus est lancé et ce n’est pas un effet de mode. En revanche, certains agriculteurs moins bien accompagnés, risquent de se sentir un peu isolés. »
Peut s’avancer à dire que l’avenir dans le domaine de l’agriculture bio passe par nos compétences et connaissances en matières agricoles et agroalimentaires qui sont des valeurs qu’il faut protéger et que la qualité de ce que nous avons dans nos assiettes constitue un enjeu majeur pour notre humanité.
 
Contact et liens
Agri Bio Ardèche
4 avenue de l’Europe Unie
BP421 07004 Privas cedex
04 75 64 82 96
www.corabio.org
http://agribioardeche.wordpress.com pour connaître l’actualité en temps réel de l’agriculture bio en Ardèche.
Agri Bio Ardèche fait partie du réseau Rhône-Alpes Auvergne de l’agriculture biologique.

Le guide des bonnes adresses bio
Un petit guide indispensable pour trouver le bon produit ou le bon producteur près de chez soi.
Edité tous les deux par Agri Bio Ardèche, il rassemble les producteurs, les transformateurs et les distributeurs de l’agriculture biologique en Ardèche, du moins tous ceux qui ont souhaité être recensés. Il affiche une belle présentation des produits locaux issus de l’agriculture biologique.
Ce guide est téléchargeable gratuitement sur le site internet
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron