Vesseaux

À Vesseaux, on a le sens de l'accueil. Chaque automne, les nouveaux habitants de la commune sont conviés à la mairie pour un apéritif de bienvenue et de connaissance. Si Vesseaux s'ouvre grandement sur l'extérieur aujourd'hui, il n'en fut pas toujours ainsi par le passé. Ses habitants ont du apprendre à se protéger des convoitises et des agressions extérieures. Mais n'allons pas trop vite en besogne et commençons par le début.

Menhir de l'Epine, dolmen de La Croix de l'Houme, grottes habitées de Biberambou : les témoignages de l'occupation humaine en des temps reculés sont nombreux sur le territoire de la commune qui appartint ensuite à l'Helvie romaine. C'est justement à cette époque que la plaine fertile en alluvions descendant du col de l'Escrinet fut mise en culture. Maints domaines agricoles furent à l'origine des hameaux d'aujourd'hui. Vetius, l'un des colons romains, donna même certainement son nom à Vesseaux. Anciennement Valle Vessialica, vallée où se trouve la villae et Vetius, devint Veccialensis...

En 995, Vesseaux était l'une des quatorze vigeries -circonscription administrative- du Vivarais et devint une place de plus en plus importante et convoitée. Cette situation imposa aux habitants la fortification du cœur du village qui se nomma ensuite le Fort, ce qui en dit long sur les mesures prises alors. Aujourd'hui encore on devine les ruelles, les placettes, les passages voûtés à l'abri derrière les murs épais d'enceinte érigés quand Vesseaux était placé sous la protection du seigneur de Boulogne. Une tour pour protéger l'église, une seconde dominant le ruisseau Lioupoux et des fortifications offraient une protection efficace au cœur du village où se déroulaient d'imposants marchés se développant considérablement sur la route entre Aubenas et la vallée du Rhône.

Au XIIe siècle, une poignée de moines bénédictins, rattachés à l'abbaye de La Chaise-Dieu, organisa la vie du village et l'agrandissement de l'église dédiée à Saint-Pierre-aux-Liens. La construction de cette dernière semblait remonter au VIe ou VIIe siècle... Parmi les richesses de l'édifice religieux, le porche roman fut classé Monument Historique. L'évolution de l'église en forme de croix latine imposa le déplacement du porche de l'ouest au nord. Sur le tympan du dit porche, un bas relief sculpté au XIIe siècle, unique en Ardèche, décrit le Christ accompagné des symboles des quatre évangélistes et souligné d'une citation en latin. Une statue en bois polychrome de la Vierge à l'Enfant est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Mais sans aucun doute, la caractéristique se remarquant le plus aisément est la toiture du clocher en tuiles colorées et vernissées. Calice, trébuchet pour peser les âmes, cœurs, carrés sur pointe sont autant de symboles reprenant les couleurs liturgiques que lui donnèrent les couvreurs du XXe siècle.
Vesseaux ne se résume pas qu'à des vieilles pierres, aussi chargées d'histoires soient-elles. Vesseaux c'est aussi sa magnifique châtaigneraie. Sous les arches jouxtant l'église se tenait un important marché aux châtaignes. Il se dit même que les premiers marrons glacés seraient nés au village. Ce qui est certain, c'est que la châtaigneraie occupait, lors de sa période la plus faste, plus d'un quart du territoire de la commune et que les paysans d'ici créèrent une nouvelle variété : la bouche rouge. Ce fruit fut et est toujours fort apprécié des confiseurs de Privas et d'Aubenas pour le transformer en marron glacé, d'où le dynamime et la notoriété de la châtaigneraie locale se développant à flanc de coteaux.

À la Révolution française, Vesseaux hérita du prestige de devenir chef-lieu de canton. La commune perdit rapidement cette fonction, située trop près d'Aubenas. Elle n'en conserve pas moins ses trente-cinq hameaux disséminés au gré des places favorables de son territoire et le dynamisme des associations locales pour le bien de la vie sportive et culturelle du village. Oui vraiment, il fait bon vivre à Vesseaux.