Thueyts

Quand on évoque Thueyts, on pense immédiatement à la Chaussée des Géants, au Pont du Diable, à l’Échelle du Roi, aux platanes qui s’unissent au-dessus de la route nationale, ancienne route royale, mais c’est aussi un village à l’architecture remarquable.

Dès notre arrivée, le premier contact se fait avec la grande place créée au milieu du XIXe siècle à la place d’un champ de mûriers. Ici se déroule le marché là où autrefois se tenaient d’importants marchés aux fruits, puis tout de suite à droite, nos pas nous guident vers le coeur du vieux village et le château de Blou, un lieu patrimonial incontournable des richesses athogiennes.
D’origine celte, sous le nom d’Athogis, ce village se développa sur un ancien lac de lave du volcan du Prat. Il prit son essor grâce à la présence de l’abbaye Saint-Chaffre du Monastier-sur-Gazeille et connut même une certaine heure de gloire à la Renaissance, période dont l’héritage se retrouve dans les rues du vieux bourg et au château. Le château fut érigé au XIIe siècle. Il connut de nombreuses transformations au fil des siècles pour devenir un château d’agrément niché au milieu de son parc. Aujourd’hui, il accueille de nombreuses manifestations dont le rassemblement d’artistes à l’automne. Il abrite, entre autres, les bureaux de la Communauté de communes des Sources de l’Ardèche et juste en face, la médiathèque fait oublier les écuries d’autrefois…  Dans le vieux bourg, on est face à un labyrinthe de petites rues où donnent les façades de magnifiques maisons. Il est difficile d’en faire ici la présentation exhaustive, mais tout de même, prenons le temps d’en découvrir quelques-unes.
Sur la gauche, l’architecture Renaissance de la tour Pouget, érigée au XVme siècle, attire inévitablement le regard. Cette tour abrite un escalier à vis et offre à admirer ses fenêtres à meneaux, ses gargouilles, ses encadrements de portes moulurés… La maison des Deux Têtes présente les motifs floraux de son encadrement de porte et sur la façade, deux têtes sculptées d’une femme et d’un homme. Enfin, pour la maison Renaissance de la rue Haute bâtie par Pierre de Goys, prieur à Burzet, ses beautés sont tout autant extérieures qu’intérieures. Certaines de ces maisons  présentent un fort caractère religieux à l’image de celle, propriété des Sœurs de la Présentation de Marie qu’a fréquentée Marie Rivier, également rue Haute. Il y a aussi le Fabricou, rue Mercière, ancienne maison des Dominicaines et dépôt de salpêtre pendant la Révolution française, puis usine de soie. Depuis 1980 elle abrite des gîtes communaux.
La découverte de ces maisons emmène à la hauteur de l’église Saint-Jean-Baptiste qui a remplacé l’ancienne église romane datant du Xe siècle. Elle fut reconstruite, en 1834, à la suite de l’effondrement de sa voûte. Le clocher et sa tour répondent parfaitement à la mode architecturale italienne. Vitraux et tableaux constituent ses richesses intérieures. En face, la place couverte des Cocons donne sur la rue Mercière. Elle prit la place d’une maison démolie en 1887. Ici, tantôt la soie, tantôt la laine trouvait place pour être pesée aux tringles fixées aux poutres et ensuite vendue. Encore quelques pas, en bordure du village, la modeste chapelle Saint-Roch se dresse, très tôt considérée comme lieu sacré par les Gaulois. La première chapelle fut bâtie au VIIe siècle et abandonnée trois siècles plus tard. Elle retrouve vie en 1532 pour subir des ravages pendant les guerres de religion, avant d’être à nouveau construite en 1718. Depuis, elle est là, défiant le temps et exposant son chemin de croix peint par l'artiste Albenassien Robert Petit-Lorraine.
La municipalité a restauré fontaines et lavoirs et désormais l’eau chante dans les rues et les places : fontaines du Couderc, des Girauds, du Pouget, de la rue de la Fontaine, lavoir de la rue Haute, présent depuis 1924, et celui du parc de Blou…
Nous voilà revenus au point de départ. Et il y a encore à visiter.
 
Une orthographe fluctuante
Thueyts, au nom souvent imprononçable pour celui qui vient d’arriver dans la région, vient du celte « Attegia » pouvant se traduire par "les huttes". Ensuite au fil du temps, son nom évolua au gré des fantaisies des moines copistes qui, sur les pages des documents officiels, ne firent pas toujours preuve d’une grande rigueur. Voici ci-dessous, les différentes appellations et leur date d’utilisation.
1089 : Astorgis, Atorgis, Atogis, Aforgis
1179 : Atoüs
1275 : Atogiis
1464 : Athuechtz
1576 : Thueïtz
1778 : Theuyts
1787 : Theiz
1852 : Thueyts
(Voilà pour vous faire sourire et pour aider quelques nouveaux arrivants à la prononciation : Tu'eill)
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron