De nombreux sentiers parcourent les montagnes et les vallées des alentours. Certains partent du village même, d’autres le traversent simplement. Autrefois on marchait aussi, mais pas pour le plaisir que procure la marche. Thines, appartenait aux moines bénédictins de l’abbaye du Monastier de Saint-Chaffre, le village était une étape sur le long chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd’hui, celui-ci est plutôt touristique. Chaque jour à la belle saison, les ruelles par définition piétonnes de ce village perché, compte leur lot de visiteurs, tous immanquablement séduits par l’architecture préservée de pierres et de lauzes et par le paysage naturel. Et si chaque maison possède un certain charme, à l’image de celle accueillant une mini brocante permanente dont les bénéfices servent à soigner les nombreux chats du village comme l’annonce la propriétaire du lieu, l’édifice le plus visité est sans conteste l’église romane érigée à la fin du XIIe siècle. Son large portail au sommet d’un escalier imposant s’ouvre directement dans l’axe de la vallée. La vue est époustouflante. À l’intérieur de cette église aux murs en pierre polychromes, dont celles en grès rouge provenant d’une carrière voisine de Faugères, on peut y admirer de nombreuses sculptures sur les chapiteaux. Malheureusement, celles du portail furent défigurées par les Huguenots en 1597 pendant les Guerres de Religion, car pendant la Révolution son tribut se résuma simplement à la cession d’une cloche pour la Convention en 1793. Cette magnifique église fut classée parmi les Monuments Historiques en 1862 suite à l’inventaire réalisée par Prosper Mérimée. Aujourd’hui elle regrette sa statue de Vierge à l’enfant datant du XIVe siècle volée au milieu des années soixante-dix.
Thines tire son nom de la « tine », baquet à deux anses servant au transport de l’eau, du raisin… Paroisse puis commune indépendante, le 1er juillet 1975 elle fusionna avec Lafigère et Malarce pour donner naissance à Malarce-sur-la-Thines. Une commune au territoire très vaste ponctué par un habitat éclaté en de nombreux hameaux, en plus des trois bourgs principaux, où certains lieux sont si reculés qu’on finirait presque par les oublier car aucune route n’y mène à part des pistes. Pour preuve au hameau de Vert-de-Thines, on a retrouvé un très vieux rucher abandonné où survivaient encore des colonies d’abeilles livrées à elles-mêmes et produisant encore du miel. Cet environnement préservé et relativement sauvage fut une bénédiction pour la lutte de la Résistance ardéchoise pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois il faut aussi le théâtre d’un drame encore présent dans les mémoires. Conséquence d’une infâme trahison d’un agent de la Gestapo venu de l’extérieur, les soldats allemands attaquèrent le maquis au hameau de Tastevin la 4 août 1943. Six jeunes combattants furent exécutés ainsi que trois innocents, habitant les alentours, dont une femme âgée de quatre-vingt-dix ans. Puis le maire de Thines fut emmené à Marseille pour être interrogé et torturé… Afin de perpétrer le souvenir de ce sacrifice, un monument fut directement sculpté sur un bloc de grès à la fin des années cinquante par l’artiste ardéchois Marcel Bacconnier.
Après une petite pause à la terrasse de l’auberge du village, on revient au point de départ de la visite pour découvrir la Maison du Gerboul. Au début des années soixante, quelques précurseurs pressentant l’inexorable évolution du monde rural fondaient l’association des Compagnons du Gerboul pour soutenir les activités au sein du monde rural et transmettre les savoir- faire paysans pour en assurer la conservation, la relève. Superbement restaurée avec l’apport du bois de châtaignier cévenol, cette maison offre de précieuses informations sur la vie locale, expose des productions d’agriculteurs et d’artisans cévenols. Un petit passage par la Maison du Gerboul est une agréable façon de terminer la découverte de Thines, avant d’emprunter à nouveau le sentier ombragé ramenant au parking.