Ste-Eulalie

Article paru en janvier 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Au pied du Gerbier des Joncs coule la Loire. Jeune ru naissant, ce fleuve en devenir prend résolument la pente et traverse son premier village : Sainte-Eulalie. Un village emblématique à découvrir.
 

Là, on ne peut guère monter plus haut. Au cœur de la Montagne Ardéchoise, Sainte-Eulalie dispose d’un site de choix et s’enorgueillit de posséder en sa terre volcanique les sources de la Loire. Oui, les sources, car elles sont au nombre de trois à revendiquer cette maternité. Pourquoi trancher pour l’une ou l’autre ? Toutes les trois, ensemble, forment les sources de la Loire, le plus long fleuve de France avec plus de mille kilomètres de paysages jusqu’à l’Océan Atlantique, à St Nazaire précisément ...  Après avoir accueilli les eaux de son premier affluent, l’Aigueneïre, la Loire traverse son premier village : Sainte-Eulalie.

Mais pour l’heure, le Mont-Gerbier-de-Jonc attirant les foules, se situe dans les communes de St-Martial et Ste-Eulalie, et culmine à mille cinq cent cinquante et un mètres d’altitude. Volcan en pain de sucre constitué d'une lave particulière, la phonolithe que l'on utilise pour faire des lauzes. Un marché d’été se développe quotidiennement à ses pieds et d’importants travaux sont entrepris pour valoriser le site. Il ne faut pas hésiter à en gravir la pente raide, car au sommet un panorama grandiose récompense les plus audacieux.

Plus bas, à mille deux cent trente mètres d’altitude, le village de Sainte-Eulalie se blottit sur la pente douce de la montagne. Avant 1790 la commune se nommait Saint-Aulaye et pendant la Révolution, elle fut baptisée Sources-de-Loire et Le-Bleynet. Son nom actuel fait référence à une martyre chrétienne. L’église et la ferme de Clastres en sont le cœur vivant et aussi la mémoire. La première, relativement moderne avec son clocher à flèche de style néogothique, fut érigée sur les bases d’une plus ancienne du XVe siècle. De ce temps lointain, seuls restent les pierres de la façade, un baptistère et une gargouille représentant une tête de loup.
Jouxtant l’église que seule une ruelle sépare, la ferme de Clastres renfermant des trésors architecturaux et culturels, est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1984, tout comme la ferme Philip en direction du Gerbier.

Fidèle en tous points à l’architecture traditionnelle de la Montagne Ardéchoise, cette ferme était à l’origine le cloître des moines dépendant de l’abbaye vellave de Saint-Chaffre du Monastier-sur-Gazeille. Elle fut bâtie au XVe siècle. En 1821, la commune de Sainte-Eulalie en fit l’acquisition pour y aménager le presbytère de l’église voisine. Depuis 1980, elle est la propriété de l’association Liger (Loire en latin), dont le but est de sauvegarder et de valoriser l’architecture des fermes traditionnelles couvertes de genêt et de lauzes, ainsi que les paysages du pays de sources de la Loire dont la flore variée est une richesse unique. Entièrement restaurée, cette ferme propose aux visiteurs la couverture de sa grange faite de "paillisse", autrement dit de genêt, et celle de la modeste partie habitable faite d’un "queyrat" ou toit en lauze. À l’extérieur, un panneau d’informations livre tous les secrets de ce bâtiment à très forte valeur patrimoniale.
La vaste prairie qui s’étale au cœur du village en continuité de la ferme de Clastres est désormais mise en valeur par l’aménagement d’un jardin. L’association Liger a créé un jardin ethnobotanique mettant en avant les plantes locales. Le visiteur y découvrira les noms et usages vernaculaires des plantes locales, proposées dans leurs univers naturels ainsi que les emplois cosmétiques, culinaires et médicinaux des cueillettes traditionnelles. Et pour ne pas oublier le long passé religieux du site, un carré monastique a été aménagé devant la ferme.

Sainte-Eulalie est un village véritablement vivant. Outre son marché hebdomadaire qui rassemble les habitants des hameaux éloignés, les fêtes ponctuelles attirent bon nombre de curieux. Il en est ainsi de la fête du Fin Gras du Mézenc se déroulant le premier week-end de juin, rassemblant un grand nombre d’éleveurs de bovins, et de la  Foire des Violettes du mois de juillet, qui trouve son origine dans la cueillette de ces fleurs autrefois… et que les femmes y vendaient leurs cheveux.
L’évocation de cette fleur nous guide vers les richesses naturelles de la commune. Outre le Gerbier et les sources de la Loire que nous avons déjà présentés, les vastes forêts de  sapins de Chanchemine, Lanaud et Bonnefoi méritent d’être fréquentées au rythme d'une rando…
 
Contact
Association Liger, ferme de Clastres, 07510 Sainte-Eulalie
liger.clastres@orange.fr

 
Texte et clichés : Bruno Auboiron