St Thomé

Article paru en avril 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Sur le promontoire rocheux nous découvrons un charmant village de l’Ardèche méridionale, Saint Thomé aux accents de Provence, situé à 7km de Viviers, sur la route d’Aubenas nous invite.
 

A l’heure où les grandes capitales Européennes s’interrogent sur la nécessité d’interdire leur centre ville aux automobiles, Saint Thomé est en avance d’une longueur. Le cœur de son village est inaccessible aux voitures. Nous déambulons dans les ruelles étroites où les maisons modestes mais pleines de charme semblent dormir, appuyées les unes sur les autres en attendant le réveil du printemps ! Aux bruits que font les passants, des chats craintifs se réfugient hâtivement sous des portes de caves s'inquiétant de ces visiteurs indiscrets venus les déranger dans leur sieste.

La visite s’effectue en parcourant une boucle suivant des ruelles pavées bordées par des maisons anciennes et des monuments historiques. Ici, aucune affiche, rien ne vient polluer ni le cadre, ni la vue. Il se dégage une impression de bien-être et de tranquillité apaisante. Dominant les trois vallées environnantes dont les rivières se jettent au pied du village, voilà que se dresse le château. A la Révolution toutes les archives ayant été brûlées, on ne sait pas grand-chose de ses origines. Il date du XIIe siècle. Flanqué de deux tours apparentes en façade, arasées sous Louis XIII en signe d’allégeance à la puissance royale, le bâtiment comprend un corps principal qui s'appuie sur un donjon carré. Le monument, propriété privée, appartient toujours aux descendants de la famille De Beaulieu qui occupent les lieux. Il ne se visite qu’une fois par an, à l’occasion de la journée du patrimoine mais se contemple aisément depuis l’extérieur laissant libre cours à l’imagination. Plus haut, depuis la rue qui mène à l’église et qui domine le village, le panorama est superbe. Trois rivières. Dans la garrigue chante la Négue venue de Larnas, au milieu de rudes calcaires dort paisiblement le Dardaillon s’étirant jusqu’à Valvignères, tandis que coule l’Escoutay arrivée en sifflant depuis Alba.

Poursuivant notre promenade, non loin, le Chastelas nous apparaît ; en fait une maison noble, érigée également du XIIe siècle. De toute sa hauteur l’imposant Chastelas aux remarquables fenêtres géminées, rappelle la qualité de cette demeure féodale ayant abrité le chanoine Guitard, précepteur de la cathédrale de Viviers, co-seigneur de Saint Thomé, avant qu’elle ne devienne une prison au cours de la Révolution Française. L'actuelle bâtisse en partie restaurée accueille des groupes de vacanciers au cours de la période estivale. Plus haut, Saint Thomas, l’église romane est, toujours ouverte au public. La déformation provençale du nom a donné « Thomé ». Construite au XIIe Siècle, cette église cache derrière une façade très ordinaire, recouverte de crépi, un superbe appareil en pierre, incrusté d'une pierre de réemploi en marbre blanc, logée sous la statue de St Thomas. Cette dalle, probablement le vestige du linteau original de la première église, porte une tête de Christ nimbée de lumière permettant de la dater du XIIe siècle. L’originalité de la construction apparaît à l’intérieur de l’édifice où la seule nef voûtée offre un ensemble constitué d’un curieux alignement de roches taillées. Au niveau de la croisée du transept les pierres de la coupole dessinent des cercles concentriques formant une jolie voûte supportant l’ensemble du clocher en lanterne. Devant l’abside aux colonnes engagées,  se trouve une galerie de personnages colorés. De part et d’autre des travées, de douces lumières fusent au travers des vitraux contrastés où des œuvres modernes alternent avec des pièces de collection réalisées par le célèbre vitrailliste Jean-Antonin Bessac de Grenoble. On y contemple notamment une scène étonnante et quelque peu rarissime, dans laquelle apparaît la Sainte famille, vaquant à ses occupations et où Jésus enfant fait l’apprentissage de son métier auprès de Joseph.

A l’extérieur, adossé à l’église, un espace clos est probablement destiné à devenir un agréable jardinet… même si des pierres tombales incrustées dans le mur d’enceinte rappellent que nous sommes ici sur les lieux de l’ancien cimetière. Devant l’église, une petite chapelle, dédiée à Saint Sébastien (que l’on retrouve représenté dans la niche gauche sur la façade de l’église Saint Thomas), constitue le premier édifice religieux de l’époque préromane du Vivarais. La bâtisse se distingue par sa maçonnerie grossière, les pierres  qui la constituent sont disposées de manière désordonnée au lieu de constituer des lits étagés. Cet appareil, conforté par la petite ouverture agencée dans l’abside est typique du style wisigothique. Cette fenêtre se caractérise par un arc en forme de croissant constitué d’une seule pièce échancrée. Le modeste édifice dont l’intérieur est désacralisé ne vaut que par la richesse de ses ornements extérieurs. L’épitaphe sculptée sur une dalle de marbre rappelle que cette chapelle est aussi le lieu de sépulture de Monseigneur Lucianus, évêque de Viviers au Ve Siècle… à une période où Clovis parvenait avec beaucoup de difficultés, à repousser les Wisigoths au delà des Pyrénées.
De calades empierrées en chemin de ronde, vestige des anciens remparts, nous descendons vers le village où des romarins odorants, des arbres de Judée et des iris s'infiltrent entre les timides maisons de pierres. Ainsi sur la place, divers styles et plusieurs époques se succèdent, se confondent. Là, par exemple, de modestes constructions antiques côtoient les mosaïques contemporaines de l’artiste André Auclair.
 
Adresse
Mairie
Le village
07220 Saint Thomé
04.75.52.74.89
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron