Entre Coiron et vallée du Rhône
Quittant le plateau du Coiron par le discret col de Fontenelle, on descend doucement, passant d’un univers végétal arboré à, au détour de la petite route, un univers minéral extraordinaire d’orgues basaltiques et de couches friables marneuses que l’érosion sculpte d’une manière fantasque. Puis on arrive à Saint-Martin-le-Supérieur. Sur la gauche, à peine en hauteur, la petite église et le cimetière aux hauts cyprès, sont comme une invitation à faire une pause sur les bancs près des mûriers. La vallée semble se resserrer et, d’ici, on peut admirer la crête montagneuse boisée en face de nous. Elle est ponctuée par le sommet du pic de Chenavari, dernier rempart avant Rochemaure.
Filant au fond de sa vallée, le Lavezon est une petite rivière de seize kilomètres. Ce très modeste affluent du Rhône, qui se perd dans les eaux du fleuve à Meysse, prend sa source au sommet du massif du Coiron sur la commune de Berzème, à près de sept cents mètres d’altitude. Les fortes pluies automnales lui offrent des crues puissantes et parfois même ravageuses ; le reste de l’année son niveau est très bas et seuls quelques gours permettent la baignade.
Comme son nom l’indique, car l’adjectif employé définit une position géographique, Saint-Martin-le-Supérieur, au cœur d’un cirque montagneux, a pris l’avantage sur Saint-Martin-l’Inférieur dont les quelques maisons en rive droite du Lavezon s’étirent autour de l’église et près de son pont en pierres à trois arches. Ce n’est qu’en 1975 que les deux communes fusionnent en une seule, et dont le nom fut facile à adopter pour tous les habitants. Et désormais la vie du village avec la présence d’un commerce et de la mairie se déroule plutôt à Saint-Martin-le-Supérieur.
L’occupation humaine de la vallée du Lavezon est attestée par une charte du roi Charles-le-Chauve qui donna au IXème siècle à l’église de Viviers la responsabilité des deux églises des deux Saint-Martin. Il ne s’agissait pas des deux églises actuelles, car celles que l’on peut désormais admirer furent érigées au XVIème siècle. Elles sont d’inspiration romane avec leur clocher à peigne et leur cloche unique marquant la ronde des heures. Ces deux modestes églises par leurs lignes harmonieuses et parfaitement bien entretenues, ne laissent personne indifférent.
Toutes les constructions, maisons, églises et même le château de Pampelonne, adoptent une architecture traditionnelle à base de pierres basaltiques ce qui leur lègue un caractère parfois un peu austère. Mais fort heureusement, le soleil fait briller ces pierres noires et leur donne vie. Cela se vérifie dans les deux villages de Saint-Martin, et dans les hameaux alentours. Les plus remarquables sont sans doute ceux des Bouviers et Cougourdas à flanc de montagne et celui de La Bastide planté sur son piton rocheux.
La beauté du patrimoine locale est également représentée par la présence du château de Pampelonne. Ici, un château fort s'élevait déjà au milieu du VIIIe siècle. Il est fait mention d'un Jean de Pampelonne qui y vivait à la fin du XIe siècle. Le château est transmis par Aymar de Poitiers à Astorg de Geys qui en prend tous les droits seigneuriaux. En 1540, il arrive par alliance dans la famille des de Guyon, seigneurs de Barry. Le château actuel est bâti au XVIIe siècle. Il a été restauré au début du XIXe siècle.
Privé, il ne se visite pas, mais rien n’empêche de l’admirer depuis l’extérieur. Ses pierres basaltiques animent un replat dans la pente de la montagne de Berguise. Ce château est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1981. Voilà donc le tour d’horizon de la commune de Saint-Martin-sur Lavezon achevé. Il ne vous reste plus qu’à suivre les petits sentiers autour du village arpentant la vallée du Lavezon pour en percer les secrets.