Saint-Martial

Article paru en juin 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Le village de Saint-Martial est indissociable de son lac. Il est le poumon environnemental, économique et touristique de cette petite commune dont le territoire accueille le célèbre mont Gerbier de Jonc.

Les maisons et l’église du village, situés en balcon tout en longueur contre la montagne boisée de sapins altiers, se reflètent dans les eaux calmes et limpides du lac aménagé par l’homme. Ce lac est incontournable, il est le premier à attirer le regard quand on arrive sur le site. À l’une de ses extrémités, l’esplanade herbeuse ombragée succède à la mince bande de sable formant une plage. Sur l’herbe, à l’ombre pour se protéger du soleil, des familles s’adonnent aux joies des jeux et du pique-nique. Les rires fusent et font écho aux cloches de l’église dont le son s’envole et se perd dans l’air pur de la montagne. Bienvenue à Saint-Martial !
C’est la rencontre de l’eau et du magma qui a donné naissance, il y a quelques centaines de milliers d’années, au cratère, ou maar, dont les eaux du lac naturel de Saint-Martial prirent initialement possession. À la fin du XVIIe siècle, une brèche s’ouvrit dans la rive du lac et l’eau put s’écouler dans l’étroite vallée descendant au Moulinou.

En 1974, la construction d’un modeste barrage artificiel redonna son aspect lacustre à ce terrain volcanique et renforça l’activité touristique de la commune. Le trop plein d’eau se déverse toujours dans le vallon court et encaissé du Moulinou, dont l’ancien moulin à eau est situé en contrebas du barrage, et gagne la vallée de l’Escoutay pour finir sa course dans l’Eyrieux… Baignade, canotage et autres plaisirs nautiques sont offerts sur les treize hectares de la superficie du lac, devenu une jolie base de loisirs et lieu de pêche. Sa profondeur n’excède pas onze mètres… Quelques habitations troglodytes, situées sous le lac au lieu-dit Cros Laplanche, furent creusées dans des éboulements boueux solidifiés. Elles furent occupées jusqu’en 1945.

Autre richesse volcanique de cette commune, qu'elle partage avec sa voisine Ste Eulalie : le Gerbier de Jonc.
Cet emblème que nous connaissons tous, des sources de la Loire est, ce que nous savons moins, un suc âgé d’environ sept millions d’années. Sa pierre volcanique, la phonolite, comme son nom l’indique présente la particularité de sonner quand on la frappe. La célébrité du site attire entre quatre et cinq cents mille visiteurs chaque été, mais tous, loin s’en faut, ne descendent pas à Saint-Martial, la montagne se dressant en un lieu excentré de la commune.

Saint-Martial est né de la fusion de deux paroisses en 1790 : Saint-Martial-Taillable et de Saint-Martial-Bonnefoy. Son nom était alors Martial, époque révolutionnaire oblige. Aujourd’hui, le village tout en longueur, épouse au mieux la forme imposée par le terrain. Les maisons sont dominées par l’église bâtie au XIXe siècle. Cette dernière abrite une grande statue de saint Martial sculptée dans la pierre de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Cette statue a coûté sept cents francs, somme donnée à la paroisse par la religieuse Judith Nury en 1876. Une chronique de l’époque racontait : "Le 16 juillet, l'inauguration de la statue a eu lieu au milieu d'une fête magnifique : trente six prêtres y ont assisté, et le dimanche après vêpres, le long du village décoré, à travers quatre arcs de triomphe magnifiques, circulait une procession de trois mille personnes environ. Puis s'ensuivit  un banquet. Le soir, la fête continua avec illumination générale du village et un feu d'artifice. Cette fête a laissé un souvenir durable dans la paroisse et dans la contrée."

Les anciennes terrasses donnant sur le lac témoignent du travail qui a été réalisé ici. Les cultures ont laissé la place à la lande en maints endroits et plus haut, les bois de hêtres, sapins et épicéas s’épanouissent. Cet environnement est aujourd'hui le refuge de nombreuses espèces animales protégées.
Texte et clichés : Bruno Auboiron