Saint-Julien-Boutières

Article paru en septembre 2017
Mis en ligne en juin 2023

Belle surprise au hasard du chemin.
 
Un château ruiné, une statue immaculée de la vierge dominant la vallée, naissante de l’Eyrieux, quelques maisons rassemblées autour d’une église imposante : voilà comment se présente Saint-Julien-Boutières au détour de la route.
 

On aime qu’au détour du chemin on se laisse surprendre par un village. C’est le cas avec ce village, niché dans une boucle de l’Eyrieux naissante, dominant la rive droite de la rivière. À peine une petite place, un café oublié, une école qui vient de fermer définitivement ses portes, et on regrette déjà les cris et les rires des enfants, une rue principale et une secondaire filant sous l’église mènent à la rivière. Ici, les maisons s’étalent en douceur certaines dans le soleil, d’autres dans l’ombre. Et une discrète fontaine qui apporte un peu de fraîcheur.
 
Il faut gravir le sentier à pied jusqu’à la statue de la vierge. Elle fut érigée là en août 1945 en remerciement au ciel, sans doute, d’avoir épargné le village lors des bombardements de 1944 sur les troupes allemandes en retraite. Bien longtemps auparavant, le site accueillait le château de Châteauneuf-en-Boutières.
 
La famille, possédant ce château et le vaste territoire alentour, était fort réputée. Elle est même considérée par les historiens comme « l’une des maisons les plus considérables du Vivarais par son ancienneté, ses possessions, ses services et ses alliances ». Ce château a appartenu à Guillaume de Châteauneuf qui fut compagnon de Saint-Louis, et grand maître de l’Ordre de Jérusalem. Un autre de ses membres fut archevêque de Lyon et pair de France. Certes il ne reste pas grand chose de la splendeur passée de ce château habité dès l’an 1050 et qui joua un rôle important pendant les guerres de religion. Il fut assiégé et brûlé par les Ligueurs. Il en reste quelques pans de mur défiant encore les lois de l’équilibre.
 
En bas, dominée par le site de l’ancien château mais, dominant la vallée et les maisons du village, l’église fut reconstruite en 1870, en remplacement de l’église romane devenue trop étroite et trop vétuste. Dans ses murs, comme dans ceux de nombreuses maisons du village, on retrouve les pierres des murailles du château oublié. Encore plus bas, on distingue deux viaducs en pierres taillées et même une petite gare de l’ancienne voie ferrée des Chemins de Fer du Vivarais. Les trains à vapeur ne passent plus ici depuis longtemps et seuls les randonneurs et les cyclistes franchissent encore les viaducs, ignorant cette petite gare.

Le village de Saint-Julien-Boutières changea souvent de nom. À l’origine la paroisse se nommait Châteauneuf-en-Boutières. Pendant la révolution française la commune répondait à l’appellation de Bout-d’Érieu. Saint-Julien-Boutières fait référence au martyr d’un saint du IVe siècle… En 1911, son territoire fut amputé par l’émancipation de son hameau d’Intres, en commune indépendante.
 
Le travail ne manquait pas autrefois, entre les activités agricoles et l’industrie du fil. Aujourd’hui, quelques dizaines d’employés travaillent encore à la confection, dans ces usines textiles et une poignée extrait encore le basalte de la carrière. Les moulins aussi étaient nombreux au bord de la rivière. Le plus célèbre aujourd’hui est celui du hameau de Rimande, au cœur de la vallée du même nom, affluent de l’Eyrieux. Des huit moulins recensés, il est le seul encore en état aujourd’hui. Il n’a rien perdu de sa beauté du XVIe siècle. Le four à pain du hameau a lui aussi été restauré par l’association « Les Amis de Rimande ». Ainsi les farines sont produites au moulin et elles sont transformées en pâtes cuites à l’ancienne dans le four.
 
Le paysage de Saint-Julien-Boutières s’affirme donc comme montagneux, des châtaigniers sur les pentes, des terrasses pour la culture traditionnelle du seigle, des choux, des pommes de terre et quelques prairies et vergers. Les terrasses sont encore présentes et certaines sont toujours en culture. Si l’activité agricole d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’hier, ce qui n’a surement pas changé, c’est le calme.

Texte et clichés : Bruno Auboiron