En arrivant d’Aubenas, au soleil levant, le village se colore d'ocre. Du dernier virage juste avant de pénétrer entre les maisons, la vue est saisissante. Les toits se dessinent avec la rupture de la coulée de lave en toile de fond et la rivière au premier plan.
Au pied des maisons du village installées au bord de l’eau, l’Ardèche a creusé ici son lit à la mesure de son caractère, parfois violent. Même si de belles possibilités de baignade sont réelles. La plus connue est celle installée en aval du pont, et comme toutes celles du confluent de la Fontaulière et de l’Ardèche, elle est sous la menace de la variation de hauteur d’eau jusqu’à soixante centimètres, générée par la gestion du barrage de Pont-de-Veyrrières. La rivière Ardèche, ici, offre une réelle identité au village.
Pont-de-Labeaume est né en 1903, le 15 décembre, de la séparation du bourg actuel avec l’ancien chef-lieu de Niègles. L'activité se multipliant le long de la rivière, il était de plus en plus difficile pour les villageois de se rendre à l'église de Niègles, perchée tout là haut. Les habitants se nomment les Balmipontines et les Balmipontins.
La commune de Niègles s’effaça pour donner naissance à celle de Pont-de-Labeaume, celle que l'on connaît, le long de la route 102. Le village doit une partie de son nom au pont romain sur le Lignon, actuellement au quartier de Réjus, situé sur la voie antique reliant Alba-la-Romaine vers Thueyts, voie Aquitaine, ou vers Meyras, voie de Gergovie. L'autre partie le doit au nom gaulois " Balma " qui fait référence à la grotte naturelle creusée dans la coulée volcanique au pied de laquelle s’est installé puis développé le village. De l’époque romaine, Pont-de-Labeaume a hérité une borne milliaire dressée le long de la voie antique en l’honneur de Constantin II, empereur romain de 337 à 371 de notre ère. Cette borne, telle une pierre levée, est aujourd’hui en bonne place le long de la route nationale à proximité de l’église. Elle fut retrouvée en 1890, à quelques pas de là. Elle est classée Monument Historique.
Si le village, se situant peu en aval du point de rendez-vous de trois rivières, le Lignon, la Fontaulière et l’Ardèche, est placé sous le signe de l’eau vive, le monde minéral façonne grandement son environnement. L’activité volcanique fut importante dans le secteur et laissa maintes empreintes. Ainsi, les coulées basaltiques datent de l’époque du jeune volcan ardéchois dont l’activité s’étale sur une longue période allant de 35 000 ans à 12 000 ans pour la plus récente. Ici, cet héritage de la colère de la Terre est très caractéristique : deux coulées successives se superposent. La partie basse de la falaise provient du volcan du Ray Pic, datant de 35 000 ans et qui se trouve être la coulée la plus longue de France, ce que l'on sait moins. Quant à la partie supérieure, elle provient de la coulée du Souilhol qui date de 12 000 ans. C’est du pont de la Rolandy, juste en amont du bourg, que l’on peut le mieux apprécier l’impact du volcanisme. Récemment une plateforme en relief permet de prendre conscience de cet environnement unique.
Déambuler ici conduit inévitablement du bord de la rivière, jusqu’à l’église érigée au XIXe siècle. Entre ses hauts murs se trouve abritée, la statue de la vierge noire en bois, de l’église de Niègles. Cette statue du XVIIe siècle, présentant la vierge avec l’enfant et à ses pieds, un oiseau de proie, est classée Monument Historique. Retour vers la rivière pour franchir le pont de Pourtalou, dont le nom est tiré de l’occitan "portail" signifiant qu’au XIIe siècle, il était un pont à péage offrant l’accès à la vallée de la Fontaulière ; celui de Rolandy n’existait pas encore. En franchissant ce pont ancien, on peut aisément gagner le hameau de Niègles et sa magnifique église romane. Son édification débuta au XIe siècle et se poursuivit par étapes, jusqu’au XVIIe siècle pour son clocher. À l’image du calvaire en pierre, l’église fut classée Monument Historique, en 1975… En suivant les ruelles du charmant hameau, on découvre un linteau de porte datant des guerres de religion. Son cœur taillé dans le granit indiquait la religion des habitants de la maison, ou à tout le moins son propriétaire : cœur à l’endroit signifiait une appartenance à la foi catholique, cœur à l’envers à la foi protestante. Au-delà du hameau, les chemins s’enfoncent dans la châtaigneraie, propice à de belles balades.