On la voit, accrochée à la montagne sur des pentes abruptes, Péreyres nous attire. Nous nous engageons dans ses ruelles étroites pour admirer l'authenticité d'un bourg ardéchois. Près de l'église, un modeste élargissement faisant office de parking permet de s'y arrêter. Une calade empierrée conduit au cœur du village pour admirer ses superbes maisons en pierre, taillées dans le granit austère du haut pays cévenol. L'église, consacrée à Saint François Régis, a fait l'objet d'une récente restauration. De sobres mais lumineux vitraux, réalisés par Laure Rondeau, de Lalevade, éclairent la nef unique. La vitrailliste y a représenté le frère jésuite cheminant entre les champs de myrtilles, partant évangéliser les populations du haut pays Ardéchois.
Du haut du village, un décor de carte postale ravit le voyageur admiratif. Le paysage ? Un décor verdoyant, parmi les ruisseaux chantant où frênes et fayards le disputent aux châtaigniers pour mieux mettre en valeur les maisons de pierre aux tuiles rousses. Plus bas, de l'autre côté de la rivière, le hameau du Chambon renaît de ses cendres grâce à la volonté de ses habitants qui le restaurent peu à peu. Là, de magnifiques maisons du XVIe aux portes en ogives, côtoient l'ancien moulinage, dont la « béalière » est devenue aujourd'hui un sentier sinueux le long de la Bourges naissante. Mais ne vous y trompez pas, Péreyres, si séduisante au soleil, redevient sauvage et rebelle aux approches de l'hiver. Les châtaigniers, alors dénudéset les hêtrestortueux prennent des aspects austères,puis le village s'endort. Seuls des randonneurs courageux et des photographes audacieux trouveront là, dans l'authentique nature, les trésors de leur passion.
Le village, ancien quartier de Burzet, regroupe aujourd'hui une poignée d'habitants dont quelques-uns seulement occupent le village à l'année. Ainsi, quelques témérairessoupirants ont réussi à apprivoiser ce village, à l'image de Fabienne et Guy Delaire qui résident à l'année dans leur coquette maison au hameau du Chambon. Guy, originaire de Bourges avait repéré la maison en Mai 1973, au cours d'une visite au Ray-pic ; une ancienne demeure des moines de Mazan en ruine avait attiré l'oeil de l'architecte. Fabienne, arrivée du Sénégal fut d'abord surprise par la montagne Ardéchoise dont les arbres n'avaient pas de feuille en hiver ! Mais très vite, elle fut séduite par la beauté des lieux et le chaleureux accueil des voisins. Un autre couple, Guy Flachère, en épousant Janette, originaire de Péreyres, épousait aussi le village en 1969. Guy originaire de Montélimar vient s'y ressourcer chaque été pour en apprécier toute la tranquillité et le cadre majestueux de la montagne qui l'entoure.
Péreyres la mystérieuse, c'est aussi les secrets de ses légendes oubliées. On raconte que les soirs d'hiver, des habitants ont entendu parfois, dans le vent glacé, teinter la cloche de l'église. La légende rappelle qu'il s'agirait du fantôme d'un moine ayant fauté, revenu célébrer des messes la nuit, dans l'espoir de racheter son impardonnable péché. Et si vous vous rendez au « Ruisseau du Pas de fer » (au bord de la route, à gauche en direction de Lachamp, avant le pont du Ray-Pic), paradis des pêcheurs sportifset des amateurs de canyoning, vous revivrez la légende du « Pot de fer ». Celle d'un énigmatique trou d'eau sans fond. Les habitants ont tenté en vain d'en mesurer la profondeur, en accrochant un pot de fer au bout d'une corde. Mais faute de cordage assez long, ils ont dû renoncer. Pour alimenter le mystère, on racontait qu'une pierre jetée dans l'eau, revenait le lendemain sur la berge, comme transportée par une main invisible…
Au delà de ses légendes et de ses mystères, Péreyres a droit à un regard plus attentif des promeneurs ; dès le printemps, Péreyres s'éveille doucement pour offrir au rythme des saisons des tableaux changeants et des paysages sauvages qui nous invitent à la découverte.