Papillon - Henri Charrière 1-2

Article paru en novembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

De sa naissance jusqu'après sa mort, Henri Charrière dit "papillon" est resté fidèlement attaché à son pays, à son Ardèche. Mort à Madrid en 1973, il avait manifesté le désir d'être inhumer à Lanas, son village d'affection où il repose aujourd'hui.
 

Nous ne conterons pas ici ses aventures, qu'il a lui-même écrites dans un célèbre roman autobiographique. C'est plutôt à Lanas que nous avons extrait du creuset de son enfance quelques souvenirs et anecdotes qui n'ont jamais été écrits. Rappelons simplement l'étonnant parcours du célèbre bagnard réhabilité. Henri Charrière dit "papillon" est né en 1906 à St Etienne-de-Lugdares, où l'on peut voir sa maison natale. Sa mère, Marie-Louise, institutrice du village, est nommée en 1909, avec son époux également enseignant, à Pont d'Ucel, là où Henri va grandir avec ses deux sœurs.

A 19 ans il s'engage dans la marine, affecté au régiment disciplinaire de Calvi (Corse). C'est là qu'il se fait tatouer sur la poitrine, à la base du cou, un papillon qui lui vaudra son pseudonyme. Il parvient à quitter la vie militaire en se mutilant le pouce gauche et revient à Pont d'Ucel, où Il devient membre de l'équipe de Rugby d'Aubenas. L'année suivante il part pour Paris, poussé par son besoin d'aventures. D'abord garçon de café à Pigalle, il fréquente là pègre et glisse dans la délinquance. Le 26 mars 1930 son ami Roland Legrand, un souteneur, est retrouvé dans une rue chaude de Montmartre, atteint d'une balle de révolver dans le ventre. Transféré à l'hôpital Lariboisière, le blessé avant de mourir révèle aux policiers le nom du tireur : Papillon.

Henri Charrière, connu du milieu sous le nom de "papillon le pouce-coupé" est arrêté pour homicide. Papillon, au cours de deux procès discutables, plaide en vain son innocence, il est condamné aux travaux forcés et incarcéré au bagne de Cayenne. Il s'évade deux fois ; la première fois, quarante-trois jours seulement après son arrivée, au centre de détention. Mais il est arrêté en Colombie où il est remis aux autorités Françaises. De retour au pénitencier il est placé deux ans dans "la cage" où l'on mate habituellement les plus récalcitrants. Après 13 ans de détention et de multiples tentatives il s'évade, en compagnie de quatre autres détenus, en traversant les marécages et atteint le Venezuela en 1945. C'est dans ce pays, à Caracas, qu'il va rencontrer Rita, tenancière d'un hôtel qui restera auprès de lui jusqu'à la fin de sa vie. En 1956 il devient légalement citoyen Vénézuélien. Bénéficiant d'un passeport et d'une nouvelle nationalité, il revient en Europe, dans le sud de l'Espagne où résident ses sœurs. Puis il repart s'installer au Venezuela, où il devient un honorable homme d'affaire, d'abord directeur d'une pêcherie puis restaurateur.

Bénéficiant du régime de la prescription, il rentre en France en 1967. Il a 61 ans. Le 5 décembre 1970, il adresse une correspondance au maire de St Etienne-de-Lugdarès, afin de solliciter une copie d'acte d'état civil. Il précise alors qu'il demeure à Paris et "a été gracié de son interdiction de séjour en 1970 ".
Le récit de ses aventures écrites en trois mois, rapportées sur 13 cahiers d'écoliers, deviennent 700 pages d'un livre à succès, vendu à près de trois millions d'exemplaires en France, et dix millions d'exemplaires à l'étranger. Il y décrit en détail ses aventures rocambolesques : Le bagne - La fuite dans les marais - La vie primitive avec les indiens Guajiros dans la forêt amazonienne, etc. Il confirmera également dans ses écrits, son innocence en ce qui concerne le crime de Roland Legrand pour lequel il a été injustement condamné. La célébrité lui ouvre les portes de la jet-set et du show-biz. Il multiplie les interviews et les émissions de télé où il rencontre et sympathise avec Sylvie Vartan, Johnny Halliday, Françoise Hardy, etc. Son livre est adapté au cinéma dans un film de Franklin J Schaffner : "Papillon" dans lequel il sert de conseiller technique pour la vedette Steve Mc Queen qui incarne son propre rôle et Dustin Hoffman. Mais ce film sortira le lendemain de sa mort !
Il fait deux séjours en Ardèche, d'abord à Pont d'Ucel et ensuite à Lanas, afin de venir se ressourcer sur les lieux de son enfance, puis repart en Espagne où il meurt d'un cancer, le 29 juillet 1973, à l'âge de 67 ans. Selon son désir, Henri Charrière sera inhumé près de sa mère et de sa tante, dans le petit cimetière de Lanas, la commune d'Ardèche où l'enfant rebelle, le tendre voyou, audacieux et généreux a probablement vécu les jours les plus heureux de son existence.
 
Un papillon pour tatouage
Nyto, tatoo Albenassien de la rue Jean-Jaurès nous parle du tatouage dessiné sur la poitrine d'Henri Charrière :
" Se faire encrer sur la peau un tatouage de papillon est une belle idée tattoo pour toute personne voulant signifier une transformation dans sa vie. C'est l'animal par excellence à utiliser comme symbole du renouveau et de la liberté. Pour Henri Charrière l'emplacement choisi du dessin à la base du cou n'a pas de signification particulière. Il est placé là simplement pour être bien vu, notamment lorsque le col de la chemise est ouvert bien qu'à cette époque les tatouages étaient interdits. Ce dessin, quelque peu grossier, est une œuvre réalisée à la main à l'aide d'une aiguille à coudre et du "noir de fumée", obtenu par la fonte d'une semelle de caoutchouc… (technique du "bouzillé"). C'était un procédé très dangereux, hautement cancérigène. Aujourd'hui la technique du tatoo est un art créatif indolore qui utilise des moyens modernes et des produits parfaitement aseptisés. »
 
La prescription judiciaire
L'ancien code pénal (Art.5) permettait aux criminels de droit commun condamnés à de longues peines de bénéficier de la "prescription" acquise au bout d'un délai de 20 ans. Le législateur estimait en effet que les épreuves endurées au cours de 20 ans de cavale (au cours desquelles le condamné avait échappé à la police) étaient aussi pénibles que le temps de la détention carcérale. A l'issue de ce délai, le fuyard retrouvait tous ses droits et pouvait circuler librement sur le territoire national.
Étonnamment, seulement deux français, deux ardéchois, ont acquis le bénéfice de la prescription judiciaire après une cavale réussie de plus de 20 ans : Henri Charrière et Pierre Conty
Texte et clichés : Henri Klinz
Papiilon - Henri Charrière 2-2
Papiilon - Henri Charrière 2-2
On connait d'Henri Charrière le récit de ses aventures rocambolesques. La littérature française et étrangère, le cinéma ainsi que la télévision ont largement diffusé les péripéties de l'ancien forçat...
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