Muséum de l'Ardèche

Article paru en septembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Tout nouveau musée ardéchois implanté à Balazuc, le Muséum de l’Ardèche retrace cinq cents millions d’années de l’histoire locale à travers l’évolution de sa faune, sa flore, son climat et son environnement grâce aux fossiles. Une visite, un voyage étonnant !

Bon sang ne saurait mentir au sein de la famille Riou. Bernard, infatigable chercheur et découvreur de fossiles, a su transmettre sa passion à ses enfants et en particulier sa fille Emmanuelle. Cette dernière avec son compagnon Mehdi Bennourine a développé des activités itinérantes autour de la paléontologie dans le cadre de l’association Paléodécouvertes. Le succès de ces activités de partage des connaissances, menées en parallèle de leurs formations de gestionnaire, leur a donné envie d’aller plus loin encore. "J’ai depuis l’enfance baigné dans le monde des fossiles et de la paléontologie, lance Emmanuelle. Alors, nous avons eu envie de créer un lieu où une partie de la collection de mon père serait exposée et mise en valeur, un lieu de vie et de partage aussi." Ainsi est né à Balazuc, le 18 avril 2016 le Muséum de l’Ardèche.

L’Ardèche est riche en sites fossilifères. Le plus connu est sans doute La Boissine, près de La Voulte, où Bernard Riou fit des découvertes majeures, on y trouve aussi un ancien lac de cratère du massif du Coiron où une société industrielle a ouvert une carrière de diatomite, une roche très tendre. Ce lieu est un gisement extraordinaire de fossiles, dont les plus beaux sont exposés ici. N’oublions pas non plus les sites carbonifères de Jaujac et de Largentière, et dans une moindre mesure, ceux de Payzac et des Vans. Provenant en grande majorité de ces sites, les pièces de la collection Riou offrent à la découverte, la première châtaigne d’Ardèche connue, un barbeau avalant un silure, une couleuvre digérant un rat, des insectes, des mammifères, des batraciens, des sangliers de belle taille, une antilope du Coiron et même un hipparion, genre d'équidé, et aussi des coquillages, des langoustes et bien d'autres habitants du monde marin.

Cette exposition est réellement la traduction de l’évolution de notre environnement au fil des ères géologiques.
"Les premières traces de vie, les premiers fossiles datent de plus de deux milliards d’années, mais pour notre département, nous n’avons rien avant trois cents millions d’années, explique Emmanuelle, directrice du site. Là nous trouvons les premières traces d’amphibiens. Nous avons voulu organiser la visite du musée de façon chronologique tout en laissant des espaces libres afin que le néophyte puisse se laisser guider uniquement par l’aspect esthétique des fossiles s’il le désire." Quelques fossiles provenant d’Allemagne, du Brésil, de Chine, du Liban et du Maroc viennent compléter chronologiquement la riche collection ardéchoise.

"Trouver un fossile sur le terrain, qu’il soit exploité en carrière ou non, demande de l’intuition et des connaissances, et parfois un peu de chance aussi, avoue Bernard Riou. Quand je fends en deux parties, un bloc de roche sédimentaire, et que dans les mains, j’ai d’un côté le positif et dans de l’autre le négatif du fossile, c’est le bonheur. À ce jour, je continue de fouiller et de trouver. Je suis heureux de voir ces fossiles si bien exposés ici, ils sont tellement mieux que dans des caisses. Mais ils restent toujours à la disposition des scientifiques qui souhaitent les étudier, et les demandes ne manquent pas." Parfaitement mis en valeur, ces fossiles nous entraînent dans un univers oublié fait de rencontres insolites. Un monde merveilleux où ces animaux et ces végétaux, âgés de huit millions d’années pour ceux qui sont extraits de la diatomite du Coiron, semblent tellement présents. "L’éclairage en couleur changeante des vitrines offre des vues différentes aux visiteurs, souligne Mehdi. C’est magique lors des vitrines nocturnes du musée."
En complément de l’exposition, des écrans évoquent l’environnement de ces temps reculés et aussi la formation des fossiles.        

Et...si tu ne vas pas aux fossiles, les fossiles viendront à toi. À l’extérieur du musée, des tas de pierres attendent les visiteurs. Guidée, comme le sont également toutes les visites, une initiation à la recherche de fossiles en famille permet à chacun de repartir chez soi avec une petite dent de requin ou mieux ou plus encore, qui sait ? "J’aime transmettre mes connaissances et ma passion auprès des enfants, assure Mehdi, le compagnon d'Emmanuelle. Ils sont si spontanés et curieux. Nous voulons avec cette initiation à la fouille, qu’ils puissent se faire plaisir autant dehors que dedans." Bien sûr, tous ici continuent à assurer des animations à l’extérieur, sur les thèmes de la paléontologie, mais aussi de l’archéologie et même de l’astronomie, une des passions du frère d’Emmanuelle qu’il a transmises à toute la famille !

En savoir plus
Muséum de l’Ardèche
la Croisette
07120 Balazuc  04 28 40 00 35
www.museum-ardeche.fr
Ouvert d’avril à juin et de septembre à octobre de 10h00 à 12h30 et de 13h30 à 18h00, juillet et août de 10h00 à 19h00,
le reste de l’année sur rendez-vous pour les groupes et les scolaires.

Paléodécouvertes : une marque déposée
L’association Paléodécouvertes existe depuis 1989 et se montre très active depuis 2012. Elle compte cent cinquante adhérents et trois salariés. Basée en vallée du Rhône, elle est présidée par Mehdi Bennourine. Elle organise des visites guidées et des ateliers de fouilles au départ de Rompon (près du Pouzin) dans les carrières des cimenteries Lafarge. Chaque année, elle organise aussi une exposition estivale. Bien légitimement, elle travaille en étroite collaboration avec le Muséum de l’Ardèche.
Paléodécouvertes
06 76 78 36 18
www.paleodecouvertes.org
Texte et clichés : Bruno Auboiron