Musée Léopold Ollier

Article paru en septembre 2014
Mis en ligne en juillet 2022

Il y a encore quelques années, le souvenir de Léopold Ollier n’évoquait qu’une statue sur la place des Vans. Aujourd’hui, grâce au musée consacré à l’œuvre de cet homme et au congrès qui se déroule dans sa ville natale, il est connu de tous… ou presque…
 

« Quand nous avons créé ce musée, notre but était de sortir de l’ombre la mémoire d’un homme dont le travail est reconnu dans le monde entier et qui était paradoxalement inconnu chez nous », précise Marie-Françoise Desmier, présidente de l’association vanséenne Léopold Ollier. 
Au premier abord, le lieu pourrait sembler s’adresser avant tout aux représentants du monde médical. La muséographie, principalement réalisée à partir des collections du musée Testu-Latarjet de la faculté de médecine de Lyon, est le résultat du travail de son conservateur Jean-Christophe Niedhardt.
Les deux salles sont donc entièrement consacrées à l’œuvre salutaire du père de la chirurgie orthopédique et expérimentale qui a laissé son nom à des maladies et des instruments chirurgicaux encore en usage. « Léopold Ollier a vécu la plupart du temps à Lyon, mais il revenait souvent aux Vans, explique Henri Almeras, vice-président et fondateur de l'association. Il était président de la caisse locale de secours et sa femme a permis à la paroisse le remplacement des vitraux de l’église. C'était un grand humaniste s'occupant de tous, mais je dois reconnaître que pour moi, dans mon enfance, il n'était qu'une statue que je ne regardais qu'à peine. Je me suis intéressé à lui à l’occasion du centième anniversaire de sa mort. »

Louis Léopold Ollier est né aux Vans, le 2 décembre 1830. Dans la propriété familiale, à Chambonas, il s’intéressait à la botanique et il réalisait des expériences sur les os des lapins et des poulets. La cave du cabinet médical paternel, se situant à la place de l’actuelle pharmacie, fut sans doute le théâtre de la greffe fondatrice de son œuvre.
Léopold Ollier suivit des études de médecine à Montpellier et travailla ensuite au service de chirurgie osseuse. Il multiplia les expérimentations et inventa donc la greffe osseuse. « Avant lui, quand une personne se cassait un membre, on l’amputait, précise Henri Almeras. Après lui, on le soignait, car ce chirurgien précurseur avait prouvé que les os pouvaient se ressouder. La guerre de 1870 l’a sans doute beaucoup aidé à prouver que sa technique était viable, il sut soigner de nombreux blessés. » En 1860, il était déjà chirurgien-major de l'hôtel-dieu de Lyon au service des traitements des affections osseuses. Et au-delà de son travail irremplaçable sur le squelette, ce chirurgien aussi célèbre en son temps que le grand Pasteur, opérait déjà sous anesthésie, action peu conforme aux habitudes de l’époque. On entend dire qu’il aurait effectué plus de quarante mille anesthésies sans déplorer aucun décès. De même, grâce aux strictes mesures d’hygiène qu’il faisait appliquer, il a ramené le taux de mortalité dans son service de 48% à 10%, conséquence heureuse de la stérilisation du matériel. Il mit aussi au point la greffe de peau mince parallèlement à son travail sur la chirurgie réparatrice de la face. Il fut un chirurgien de renommée internationale, présidant les plus grands congrès mondiaux, mais il refusa les honneurs et resta toujours au plus proche de ses patients… Après une vie bien remplie, il mourut le 25 novembre 1900, à Lyon des suites d'une hémorragie cérébrale.
Le musée qui lui est dédié ici aux Vans mit quelque temps à trouver sa place dans le paysage local. Dans un avenir probablement assez proche, peut-être à l'occasion du prochain congrès, en 2015, il devrait connaître un petit coup de jeune ; quinze ans après son ouverture. « Nous allons réfléchir ensemble à son évolution, mais je pense qu’il faut mettre l’accent sur les relations d’Ollier avec Pasteur, sur tout ce qu’il a apporté à la chirurgie tout en offrant aux visiteurs plusieurs niveaux de lecture, toujours en étant pédagogique et ludique », estime Tassadit Chemin, nouvelle conservatrice des musées des Vans. 
Aujourd’hui, en dehors de sa ville natale où une plaque repère la maison familiale, une place lyonnaise et une rue de Villeurbanne portent son nom. C’est bien peu au regard de ce que ce chirurgien a légué à l’humanité. Mais ce constat est bien à l’image de sa vie, tout en discrétion.
 
Adresse
Musée Louis Léopold Ollier, office de tourisme des Vans
04 75 37 24 48 / www.lesvans.com
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron