Meysse

Article paru en octobre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Entre Rhône et Lavézon, entre Coiron et Barrès, le petit village de Meysse ne compte plus les siècles que ses vieilles pierres ont vu défiler. L’ancestrale église au cœur des maisons du bourg médiéval est là pour en témoigner, une des richesses de ce village tranquille des bords du Rhône.

Un petit air provençal enveloppe ce village. Les rues étroites se croisent et se retrouvent autour de l’ancienne église. Au bord du fleuve, Meysse s’étale en rive gauche du Lavézon. C’est d’ailleurs ce dernier qui a probablement apporté aux murs des maisons, les galets blancs, tandis que les volcans du Coiron offraient leur basalte noir.

L’église Saint-Jean-Baptiste au cœur du village est considérée par les spécialistes comme un trésor architectural du haut Moyen Âge et de l’art roman du Vivarais rhodanien. Classée au titre des monuments historiques depuis le 12 février 1971, et reconnue depuis avril 2015 parmi les sites clunisiens, elle fut érigée sur les vestiges de thermes gallo-romains. Au premier siècle de notre ère, la voix d’Antonin-le-Pieux traversait le territoire de la commune. Mentionnée vers 680 dans une donation faite par l’évêque de Viviers, l’église Saint-Jean-Baptiste de Meysse fut offerte au XIe siècle à l’abbaye de Cluny, puis à l’abbaye de Cruas, dont elle dépendit jusqu’à la Révolution française. Elle fut ruinée pendant les guerres de religion et restaurée au début du XVIIe siècle.

Un trésor architectural
En 1969, l’association "Les Amis de Meysse" fut créée dans le but de sauver l’église abandonnée, envahie par la végétation et transformée en... dépotoir. Les travaux de déblaiement ont permis une première campagne de consolidation du bâti dès 1975. C’est au cours de ces travaux qu'apparurent les indices archéologiques attestant de la grande ancienneté de l’édifice. Il a la particularité, entre autres, de posséder un baptistère daté du Ve ou VIe siècle, c’est-à-dire une cuve octogonale où le baptême était pratiqué par immersion. Il s’agit là d’une caractéristique assez rare en France.
Est-elle devenue trop petite, trop ancienne, trop au cœur du village et donc difficile d’accès ? Cette Église primitive fut désaffectée au milieu du XIXe siècle, après la construction d’une seconde église à l’extérieur du village. Cette nouvelle église paroissiale, en forme de croix latine, est dominée par un clocher octogonal sur une tour carrée. Les chapiteaux des colonnettes du portail de chaque côté sont sculptés de têtes et de feuilles d'acanthe. Malgré cet abandon, l’Église primitive est devenue un élément incontournable des premiers temps du christianisme en Vivarais.

Au coeur du village
Passages voûtés, fontaine nichée à l’ombre d’une petite place, cette eau qui devait alimenter initialement le baptistère, ruelles sinueuses se frayant un passage entre les maisons blanches et noires, quelques personnes installées sur des bancs : c'est le décor qui accompagne nos pas en sortant du village. Au passage, arrêtez-vous un instant à hauteur de la maison Miraval, pour découvrir le blason au-dessus de l'ancienne porte d’entrée. Elle serait la maison la plus ancienne et remonterait au Moyen Âge. Elle est devenue bibliothèque municipale.
À l’extérieur du village, les rives du Lavézon offrent un bel espace pour promenades. Cette petite rivière à l’eau pure prend sa source en terres volcaniques du massif du Coiron, et après une courte vie se perd dans les eaux chargées du Rhône. Une digue protège le village des débordements de la rivière en période de crue. Autre lieu de balade, la forêt domaniale du Barrès ménage un point de vue magnifique sur la vallée du Rhône.
Meysse était très fréquenté aussi, grâce à la présence de la "brocante des quatre sous" sur la route de Privas. Cela parlera à quelques-uns... Avec plus de dix mille mètres carrés d’exposition, elle était l’une des plus grandes brocantes de France et les chineurs venaient de fort loin pour trouver la perle rare…
Ce n’est malheureusement plus qu’un souvenir !
Texte et clichés : Bruno Auboiron