Meyras

Article paru en février 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Il est des lieux où les pierres ont beaucoup à raconter. Parfois elles sombrent dans l’oubli, se recouvrant de mousse et de lichen, parfois comme ici à Meyras, elles retrouvent leur beauté, leurs lignes pures, et font d’un simple village un cadre de vie magnifique, classé « Village de Caractère »
 

Entre les vallées d la Fontaulière et de l’Ardèche, contre l’ancien volcan du Souilhol, au sommet d’une route en lacets, le village de Meyras s’étire au soleil le long de sa rue principale. Les tuiles vernissées et colorées du clocher de l’église surveillent les maisons sagement alignées de part et d’autre de la rue où s’ouvrent les commerces.

Important camp romain duquel Meyras tire sans doute son nom actuel, « Mayor Area », au sein duquel stationnaient les légions, à deux pas des thermes de Neyrac, ce lieu connut diverses fortunes. Trois châteaux occupaient l’espace entre les deux vallées. Aujourd’hui il n’en reste que deux : Ventadour et Hautségur. Celui de la Croisette se dressait autrefois à l’est du village et fut détruit le 26 décembre 1623 pendant les guerres de religion où la famille de Ventadour, rassemblant de fervents catholiques, combattit les représentants de la famille Langlade, Protestants et propriétaires du château en question.

Magnifiquement érigé sur son éperon rocheux à plus de quatre-vingts mètres de hauteur au-dessus du confluent de la Fontaulière et de l’Ardèche, le château de Ventadour fut construit vers le XIIe siècle.
Il contrôlait la route tracée entre la vallée du Rhône et l’Auvergne. Il se nommait initialement château de Meyras et prit plus tard le nom de la famille le possédant. Ses hautes murailles et ses larges tours ont désormais plus ou moins retrouvé leur allure de jadis depuis que la restauration du bâtiment fut entreprise par Pierre Pottier en 1969, avec l’aide de nombreux bénévoles. Un peu plus en amont le long de la vallée de l’Ardèche, dominant le hameau du Barutel, le château de Hautségur fut longtemps un poste de guet, sans doute à l’image de la petite fortification dont il ne reste que la tour en aval de Barnas. Mis à mal pendant les guerres de religion, il fut rebâti au XVIe siècle. Les clefs de voûte des caves portant les dates du 13 décembre 1597 et 20 août 1598 en attestent, même si une autre pierre taillée est elle, signée 1126. Elle provient sans doute d’une autre bâtisse. Aujourd'hui, le château de Hautségur propose quelques rendez-vous culturels.

Revenu au village, pour le découvrir, l’idéal est de suivre l’itinéraire proposé au fil des douze fresques peintes évoquant la vie d’autrefois. De l’église romane dédiée à Saint-Étienne jusqu’au relais des muletiers, aujourd’hui restauré selon une architecture intérieure innovante et lumineuse et entièrement consacré aux expositions de diverses expressions artistiques, le visiteur découvre métiers et coutumes oubliés.

Sur ces murs, même la foire de la Saint-Blaise y est évoquée. Blaise, saint patron des drapiers, invoqué pour combattre les maux de gorge. Depuis le XIIe ou XIIIe siècle une foire est organisée le 3 février en son honneur. Aujourd'hui, elle se déroule le dimanche suivant cette date. À l’époque des grandes foires, le village était le point de rencontre entre les montagnards et les hommes de la plaine. Surnommée la foire aux oranges, elle durait jusqu’à quinze jours, et dit-on ici, les Espagnols venaient même y vendre leurs fruits.

Comment dresser le portrait de Meyras sans regarder du côté de Neyrac-les-Bains. Hameau de la commune, cette petite station thermale peut se rejoindre par le chemin pavé, la voie Domitius du nom d’un ancien consul romain. Ses eaux étaient fréquentées par les Romains pour soigner maladies de peau et rhumatismes. Au Moyen Âge, elles étaient réputées pour traiter la lèpre. Elles connurent leurs heures de gloire, mais la station, dans les années trente, tomba dans l’oubli. En 1983, la municipalité décida de lui redonner vie. Ses responsables imaginèrent même de monter l’eau de Neyrac jusqu’au cœur du village pour y implanter des thermes modernes. La réalisation du projet fut plus modeste et la réhabilitation de la station thermale s’appuya sur l’existant.

Une fois remonté au village par cette jolie voie romaine dégageant de très belles vues sur la vallée de l’Ardèche, il est temps de se poser à la terrasse du café du village et profiter d’une fin d’après-midi de détente dans ce joli et paisible village. Et… de remarquer qu’a eu lieu une extension du Skate parc, avec deux rampes et également des éléments permettant d’effectuer un mini parcours VTT.
 
Insolite
Au cœur du village, à découvrir un ruisseau qui porte le joli nom d’« écoute s’il pleut », devient un véritable torrent lorsque effectivement… il se met à pleuvoir !

Un lieu maudit
La mofette de Neyrac, l’une des trois connues en Europe qui se visite aujourd’hui, fut longtemps considérée comme peu fréquentable. Le site inspirait même une certaine terreur. Les animaux s’en détournaient et pourtant il n’était pas rare de trouver des oiseaux morts à proximité immédiate. En réalité, rien de diabolique en ce lieu ; il s’agit tout simplement de l’un des derniers puits de gaz carbonique encore visible du volcan du Souilhol. Certains habitants du secteur ne ressentaient pas tant de craintes et se servaient de ce phénomène à des fins thérapeutiques et domestiques…

Une nouvelle salle culturelle et intergénérationnelle
Sous l’impulsion et les conseils avisés de Pascal Chassan, la nouvelle salle intergénérationnelle du centre du village de Meyras est désormais un équipement de qualité pour la culture. Des équipements son et lumière parfaitement pensés et modulables à souhait, des draperies adaptées, des gradins de cent quarante places rétractables, une scène également modulable en profondeur et en largeur font de ce nouveau lieu une salle d’exception.
Avant d’être l’un des cofondateurs de l'association Format-Ardèche, Pascal Chassan assurait de nombreuses régies lumières et régie générale auprès de chorégraphes et de metteurs en scène comme Paul Weaver, Robert Hossein, Coline Serreau, Bernard Murat, Roland Petit, Maurice Béjart. Il a collaboré avec Alfredo Arias en signant pour lui plusieurs créations lumières. Il a créé les lumières des spectacles de Slimane Benaissa, Thomas Lebrun, Martine Salmon et les mises en lumière d’œuvres de la plasticienne Annette Messager, du peintre Philippe Garouste, du couturier Jean-Paul Gaultier, des musiciens Mike Aldin, Burning Spear. Auprès d’agences de communication comme CCV production, Public Image, Market Place, il participe à la conception d’espaces scéniques ou l’aménagement de lieux de représentations pour des festivals, spectacles événementiels, congrès. Après plusieurs expériences de direction technique de compagnies, il prit la responsabilité technique du palais des congrès de La Rochelle et puis du théâtre de Grenoble.
 
Adresse
Mairie, le village, 07380 Meyras
04 75 94 42 40 / www.meyras-tourisme.com
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron