Ici, inutile de chercher la place du village, le bourg s’étire tout en longueur le long de la route principale. Inutile aussi de chercher une terrasse où se rafraîchir après avoir arpenté les chemins sillonnant la commune, le dernier commerce du bourg a fermé ses portes. Il ne reste que l'hôtel-restaurant du hameau de Farges. Pourtant, les cris des enfants résonnent dans la cour de l'école.
Depuis la scission en deux de la commune pour donner naissance à Labégude, Mercuer s’endort peu à peu. Devenu village dortoir pour bon nombre de ses habitants, l’activité économique se maintient comme elle peut grâce aux quelques entreprises présentes, à l’image de Viva Plantes, Les Vieux Arceaux, Crinière et Burle… De trois cent cinquante habitants, il y a une cinquantaine d'années, le recensement de 2012 affiche mille deux cent cinquante habitants. Les constructions neuves sont surtout rassemblées en aval de la vallée du Mercoire, mais chaque hameau en possède un lot. Autrefois ce village a vécu de la polyculture et de la sériciculture jusqu’à la fin du XIXe siècle. Quand le ver à soie a disparu, le village a perdu une inestimable richesse. Çà et là on peut encore croiser de très vieux mûriers témoins cette époque bénie.
Châtaigniers abandonnés et chênes verts et blancs se disputent les pentes du territoire encerclant le village. Sur les faïsses, aujourd’hui délaissées, les pins maritimes et les pins d’Alep s’épanouissent parmi la lande. Quelques vergers, jardins et vignes occupent encore le fond de la vallée. Ponctuant le paysage d’un peu d’humanité de nombreux hameaux ont grandi autour d’anciens bâtiments traditionnels construits en grès aux douces couleurs roses. Et au fond de la vallée coule le Mercoire qu’un magnifique pont en pierres appareillées enjambe. Le Crouzer, Cul-de-Fer, La Navette, Farges, Ferneyre : autant de ruisseaux lui livrant leurs eaux. Et si le débit de tette timide rivière est modeste, attention, il suffit d’un orage violent et elle se gonfle et déborde de son lit. Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort.
Le site de Mercuer a connu la présence des Romains. Ces derniers ont laissé ici de belles voies pavées dont celle reliant la vallée du Rhône au Puy-en-Velay. Pourtant, son origine serait plus ancienne, celte peut-être, mais son nom viendrait bel et bien du dieu Mercure. Il suffit d’ailleurs d’intervertir les deux dernières lettres du nom du dieu Mercure pour obtenir celui du village Mercuer. Est-ce une preuve suffisante ? Il est toutefois indéniable que les Romains ont laissé de nombreuses traces de leur passage. Les voies pavées qui nous sont parvenues en très bon état étaient la base des infrastructures et de aménagements destinés à la colonisation et au développement des territoires qu'ils avaient conquis. Une légende raconte aussi qu'un temple dédié au dieu Mercure avait été dressé à l'emplacement de l'église actuelle.
Dédiée à Saint-Loup, évêque de Lyon, l'église du village aurait été bâtie vers l'an 650 à l'époque mérovingienne par un certain Anthérius. Mais telle que nous la voyons aujourd'hui, elle est en partie romane et date du XIIe siècle. Aux XVe et XVIIIe siècles, elle fut transformée. Des éléments d’architecture gothique, à l’image du portail d’entrée, sont venus perturber le bel ordonnancement de l’art roman. Seuls son clocher à peigne, ou clocher-mur, pouvant accueillir quatre cloches mais n'en possédant qu'une et sa façade ouest sont classés Monuments Historiques depuis 1934. À la fin des années soixante, les habitants de Mercuer offrirent plus de trois cents jours de travail consacrés à la restauration de l’édifice religieux.
Située légèrement en contrebas de l’église, sourd la fontaine Saint-Loup. Ses vertus semblent connues depuis ce VIe siècle. Elle fut aménagée avec un petit oratoire la dominant, car son eau était censée être miraculeuse et soignait les enfants malingres et ceux aux membres atrophiés. Les pèlerins furent nombreux à venir baigner les petits enfants dans cette eau. L’école publique fut bâtie en 1880 juste de l’autre côté de la route. Son architecture ressemble à toutes celles de cette époque. Aujourd'hui, les enfants fréquentent une nouvelle école à l'architecture plus moderne. Pour compléter la liste des richesses architecturales de Mercuer, il ne faut pas oublier de citer l’ancienne ferme abbatiale du Crouzet. Mais il s’agit d’un site privé qui ne se visite pas.
Si Mercuer s’endort, on ne s’y ennuie toutefois pas. Le tissu associatif est actif et propose théâtre, bal folk, spectacles, brocante et autres réjouissances qui complètent à merveille le réseau de chemins de randonnée. Trois itinéraires débutent à côté de l’école. Ils offrent une découverte de la commune à travers ses hameaux aux maisons traditionnelles en grès, ses faïsses dont les murs sont aussi de même pierre et sa voie romaine traversant le village. Marcher la journée et s'amuser le soir venu voilà un beau programme !