Mayres
En remontant la vallée de l’Ardèche, en direction de l’Auvergne voisine, la route atteint Mayres, village s’étirant tout en longueur, puis commence son ascension du col de la Chavade pour rejoindre Astet, en contrebas. De bien jolis villages trop souvent ignorés car traversé trop vite pour le premier et totalement délaissé en contrebas de la route pour le second…
Entre le rocher d’Abraham et le plateau de Chaumiène, l’Ardèche a creusé son lit dans un paysage où la montagne impose sa présence et son caractère. Ici, la vallée est longue et étroite et le village de Mayres n’en finit plus de s’étirer entre les sommets altiers et l’eau vive à 575 m d’altitude. Ce village est traversé sur toute sa longueur par la nationale 102, route construite au XVIIIe siècle pour concurrencer celle de la vallée voisine de la Fonteaulière, moins aisée de fréquentation pour relier la vallée du Rhône à l’Auvergne. Un peu au-dessus du village, on traverse le Vieux Mayres, qui formait il y a fort longtemps le cœur du village. Mais aujourd’hui, la vie est bel et bien en bas, au pied de la côte, malgré les nombreux hameaux ponctuant le territoire de la commune.
L’occupation de ce secteur en amont de la vallée remonte au moins au temps des Romains. Ils surent imposer aux locaux le défrichage de leurs terres et l’exploitation, avec sans doute des moyens de fortune, du principal filon de plomb argentifère…
Un saut de géant, nous amène au Moyen-Âge, époque où régnaient sur cette terre les seigneurs de Montlaur, depuis le XIe siècle. Issus d’une famille influente, ils établirent leur domination du Rhône jusqu’à la Loire, englobant de nombreuses provinces. Ici, ils bâtirent le premier château au XIIe siècle sur le mamelon inaccessible de Saint-Médard. Au fil du temps, cette forteresse s’est agrandie et une chapelle, bien sûr dédiée à saint Médard, fût même érigée. Les vestiges de cette époque sont visibles encore aujourd’hui… Ils dominaient le chemin qui allaitent devenir la nationale actuelle.
Il est difficile d’imaginer que les terres au-dessus du village étaient autrefois toutes consacrées à la culture du seigle et du chanvre. Les noyers étaient nombreux et fournissaient l’indispensable huile. Ici, nous ne sommes plus en Ardèche de l’olive ! Et puis il y eut quelques moulinages au fil de l’Ardèche, profitant de la force de son eau… Aujourd’hui, l’agriculture n’est plus l’activité principale de Mayres. Un peu de tourisme, un peu d’artisanat, un peu de commerce, une pisciculture: la vie se déroule tranquillement. L’époque où la richesse de la commune, jusqu’au XIXe siècle, était assurée par le passage et souvent l’arrêt des caravanes des muletiers transportant les marchandises de la vallée du Rhône jusqu’aux hautes terres auvergnates, est révolue. Les marchandises transitent toujours par Mayres, mais les camions bruyants apportent plus de nuisances que de richesses désormais. Il fallut même bâtir un nouveau pont sur l’Ardèche naissante, le vieux, celui protégé par la statue de la Vierge n’y suffisant plus. Il est pourtant là depuis le XVIIIe siècle… D’autres ponts sont magnifiques à l’image de celui permettant l’accès en aval du village au hameau de Malbos. Son origine serait médiévale… Mayres cache ses attraits, mais les offre à celui qui n’est pas que de passage.
Il est temps de poursuivre notre route vers l’amont. À partir de Mayres, l’itinéraire s’élève en rive droite de l’Ardèche. On passe sous les ruines de l’ancien château des seigneurs de Montlaur, on croise la chapelle Notre-Dame-des-Voyageurs à l’entrée du Vieux Mayres, puis rapidement on suit à gauche une petite route serpentant dans les arbres pour rejoindre Astet.
Astet
Village éclaté au long de la pente. L’église, magnifique édifice érigé au XIXème siècle, se niche sur un repli de terrain à mi pente à 840 m d’altitude dominant l’Ardèche, tandis que la mairie trône à deux pas du col de la Chavade, à un peu moins de 1 260 m d’altitude. Difficile dans ces conditions d’initier une vraie vie de village.
Autrefois, Astet était un hameau de la très vaste commune de Mayres. Astet fut paroisse en 1770 puis en 1907, elle vole de ses propres ailes. Son territoire très vaste s’élève vite le long des pentes pour aller jusqu’au site de ski de fond de Bel Air et même jusqu’aux quatorze éoliennes du Cham Longe, qu’elle partage avec la commune de Saint-Étienne-de-Lugdarès, à proximité du col du Pendu, à 1 480 m d’altitude. Presque 3 500 h de bois, de landes, de prairies ! Il se dit qu’Astet est la commune la plus enneigée de la haute vallée de l’Ardèche, en même temps cela paraît logique : elle est la plus élevée et la plus proche du plateau ! C’est d’ailleurs ici, que discrètement sous les frondaisons de la forêt de Mazan proche du col de la Chavade, naît l’Ardèche, la rivière.
Aujourd’hui Astet est un village paisible. Pas vraiment de bourg et de place pour fédérer la population ; la route nationale devant la mairie et quelques gîtes à la location de vacances autour de l’église. La vie se dissimule dans les hameaux et les maisons isolées. Cinq cents habitants en 1911, une trentaine aujourd’hui : Astet paye un lourd tribut à la désertification rurale. Mais il n’en reste pas moins que le site est idéal pour celui qui veut jouir des bienfaits d’une nature préservée et vivre au calme.