Maison du châtaignier

Article paru en juillet 2014
Mis en ligne en juillet 2022

Depuis une trentaine d’années, Saint-Pierreville fait honneur à l’arbre à pain. Avec la création puis la rénovation à la fin des années deux mille de la Maison du Châtaignier, cet arbre livre avec bonheur tous ses secrets.
 

Grâce à la découverte, en 1994, par le paléontologue Bernard Riou d'une feuille et d'une châtaigne fossilisées dans les dépôts de diatomite proche du massif du Coiron, preuve est faite que l'histoire du châtaignier se confond depuis la nuit des temps avec celle de notre territoire. Ces deux éléments conservés dans la pierre furent datés de huit millions et demi d’années. Mais si le châtaignier était là bien avant lui, l'homme ne sut en tirer profit qu'à partir du début de notre ère quand les Romains introduisirent les plants greffés. Les moines défricheurs en assurèrent son développement avec l'implantation de culture autour des monastères et des villages croissant dans leur environnement immédiat…

Cette histoire, comme bien d’autres, est racontée entre les murs de la Maison du Châtaignier de Saint-Pierreville. Cette dernière est née en 1993, accompagnant le début du renouveau de la castanéiculture. Elle fut le fruit de l’initiative commune des producteurs, de la municipalité et des « Amis de Saint-Pierreville ». Cette association tenait entre ses mains un petit musée des traditions populaires qui trouva sa place dans la nouvelle structure. « Nous avons créé la muséographie avec l’ethnologue ardéchoise Sylvette Béraud-Williams et les collections rassemblent celles de l’ancien musée, des donations des habitants et quelques prêts du musée de Joyeuse, explique Christian Berthiaud, président de l’association de la Maison du Châtaignier. Avec l'avènement de la génération du Formica, nous avons perdu beaucoup d'objets liés au monde rural. Des objets mais aussi des traditions séculaires qui, avec les effets de l’exode rural, étaient oubliées. » Au début des années quatre-vingt-dix, il y eut une vraie prise de conscience de l’irréversibilité de ces pertes. Alors, avec la création de la Maison du Châtaignier, la sauvegarde de la mémoire était assurée.
La visite commence par l'évocation de l'histoire du châtaignier, de son environnement actuel et par une scène de veiller de tri des châtaignes. Là, par l’écoute de la parole de deux anciens, on apprend des anecdotes sur une vie qui semble tirée d’un autre âge. « Il est amusant de constater qu’autrefois la châtaigne était juste un aliment de base permettant aux populations locales de survivre, alors qu’aujourd’hui avec les marrons glacés, elle est devenue presque un produit de luxe, souligne notre guide. La châtaigne a véritablement changé de statut. » Pour s’en convaincre, un petit espace livres et produits locaux, sur le thème de la châtaigne bien sûr, offre la possibilité d’en savoir plus encore.

Une visite pédagogique
Au premier étage, une fresque en relief à hauteur des enfants, sur laquelle ils peuvent agir afin de découvrir l’envers du décor, est dominée par une sobre exposition d’outils anciens. En face, des panneaux abondamment illustrés livrent les secrets du travail de la châtaigneraie, des différentes variétés de l'appellation d'origine, de l'utilisation variée du bois et tant d'autres aspects méconnus. « Nous présentons les variétés retenues dans l’appellation, poursuit Christian Berhiaud, mais aussi les châtaignes hybrides, qui sont à l’origine un croisement avec des variétés japonaises. Créées par l’INRA, elles sont grosses et homogènes, mais elles n’ont surtout aucun goût. » Avec un petit sourire en coin, notre guide ne manque pas de faire la promotion de la Comballe, à son avis la plus sucrée et la plus goûteuse est… naturellement, née ici, à la ferme des Combeaux… Au milieu de la pièce, on peut s’initier et s’exercer aux techniques de la greffe.
Enfin à l’étage supérieur, on découvre la châtaigne et son influence en Europe et dans le Monde. Chaque année, une exposition temporaire, conclut la visite. La prochaine aura pour thème la sculpture sur bois, principalement en châtaignier. Et cerise sur le gâteau, pour ne pas dire châtaigne sur le gâteau, la dégustation de quelques productions !
 
Une menace
Avec l'arrivée du cynips, il y a quelques années, une sourde menace pèse sur les châtaigneraies. Cette larve originaire de Chine et de Corée empoisonne l’arbre et pour la combattre, il n’existe qu’une solution : le torymus. Cette mouche pond ses œufs dans le corps de la larve du cynips qui est dévoré de l'intérieur… Après la larve du cynips, il fallut donc introduire cette mouche. La lutte est engagée, mais il faut s’attendre à une baisse de la production dans les années à venir. Comme il reste encore près de vingt mille hectares de châtaigneraie non exploités, cette baisse de production pourrait être compensée par une augmentation des surfaces cultivées.
 
Pour tous renseignements :
Maison du Châtaignier, place neuve, 07190 Saint-Pierreville 04 75 66 64 33  www.maisonduchataignier.fr
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron