Lyas

Article paru en avril 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Résolument rurale sur ses hauteurs et à la fois très urbaine en son quartier du Petit Tournon, la commune de Lyas présente ce double visage au visiteur la traversant. Un contraste dont elle sait tirer tous les bénéfices qu'elle offre à ses habitants au fil de ses nombreux hameaux.

Jouxtant Privas, le visiteur l’aborde le plus souvent par le quartier du Petit Tournon. Ses maisons dominant les vallées encaissées du Charalon et du Mézayon s’accrochent à la pente et les différents secteurs de ce quartier atypique sont reliés par deux majestueux ponts lancés au-dessus du vide qui se creuse. Principalement à tonalité urbaine, un tiers de la population de Lyas vit ici. La mairie de la commune a même trouvé place en ce lieu. Partant de ce quartier, un petite route mène jusqu’à l’ancien moulinage de la Neuve, devenu une salle des fêtes, aux abords particulièrement bien aménagés pour les loisirs et même la baignade… Une étrange pierre, dite Rocher de la Sorcière, se dresse ici. Une légende explique qu’au XVe siècle une dame respectable aurait été condamnée pour pratique de sorcellerie et qu’enchaînée à la pointe du rocher elle se serait volatilisée.

Quittant ces deux vallons encaissés, la route grimpe en lacets dans un environnement de plus en plus boisé. La route gagne le col du Moulin à Vent, à près de six cents mètres d’altitude, là où le 6 juin 1944 un secteur de l’armée secrète s’est créé pour combattre l’armée allemande, jusqu’à la Libération. Une petite route à droite mène jusqu’à l’église Saint-Grégoire, bâtie au XIXe siècle. De ce hameau, la vue s’échappe très loin, bien au-delà de la vallée du Rhône… du massif du Vercors jusqu’aux Alpes.

Mais sans contestation, le site le plus intéressant est bien le château de Liviers. Comme la plupart des châteaux forts ardéchois, il fût érigé au XIIe siècle. Idéalement situé en promontoire dégagé sur un vaste paysage époustouflant, il se dresse encore fièrement malgré les inévitables agressions du temps et des conflits comme les guerres de religion, le siège de Privas et même la Révolution française. Il faut savoir qu’au XVIe siècle, la population de Lyas était en grande majorité protestante.

Le château semble émerger de la forêt comme par magie. Les fermes voisines ont été probablement bâties avec des pierres provenant de ce château. Malgré tout, il reste magnifique et garde des proportions très harmonieuses même après ses modifications au XIVe et XVIIe siècles. Ancienne place forte des chevaliers de l’Ordre de Malte, il appartenait à la famille Mars de Liviers, dont Jean, reçu chevalier de l’Ordre en 1571, devint grand prieur de Saint-Gilles régnant sur cinquante-cinq commanderies réparties de Nice à Narbonne en passant par Valence.

Sous le château de Liviers, le hameau de l’Ardet, comme son nom l’indique, est parfaitement exposé au soleil. Il est constitué pour l’essentiel des dépendances du château. Tout autour, des faïsses témoignent de l’importance de l’agriculture sur ses pentes. Mais on peut remarquer qu'au fil du temps, sur l’ensemble des hameaux de la commune, l’agriculture et l’industrie du moulinage et de la tannerie ne sont plus les points forts de l’activité locale. Désormais Lyas se tourne résolument vers l’accueil d'une population travaillant autour de Privas. D’ailleurs les nouvelles maisons s’étalent autour et entre les anciens hameaux sans pour autant les dénaturer, jusqu'ici en tout cas.
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04 75 64 15 89
www.lyas.fr
Texte et clichés : Bruno Auboiron