Un village, un quartier sur chaque rive et chacun son église.
L’histoire commence tout là-haut, près du lac de Devesset à plus de mille mètres d’altitude. Avant elle se nommait Héronis, aux temps lointains des Carolingiens. Et jusqu’en 1950, elle prenait le nom de Heyrieux ou Erieux. Aujourd'hui, on la nomme l’Eyrieux. Depuis son point de naissance, cette rivière s’étire sur près de quatre-vingt-quatre kilomètres de long, pour rejoindre le Rhône. Considérée comme l’une des principales rivières des Boutières, ses colères peuvent être terribles, à l’image de la crue du 3 août 1963. Celle-ci fut mémorable, mais bien d’autres ont marqué la vie de ce village. En contrepartie, elle offrit ses galets, nommés localement chauverroux, pour la construction des maisons et autres ouvrages utiles, voire nécessaires au quotidien des villageois.
Les historiens estiment l’existence du village Les-Ollières-sur-Eyrieux antérieure au XIIe siècle. La présence d’un pont sur la rivière est attestée dès 1284. Il était un lieu de péage. L'actuel pont enjambant l’Eyrieux a été reconstruit en 1892. Le nom de ce village provient sans doute des
"oulières", lieu où l'on fabriquait les oules ou marmites. Ce qui semblerait témoigner de la présence de potiers dès l'origine du village, mais rien n’est vraiment certain. D’ailleurs, l’histoire de cette commune se perd un peu dans le flou des mémoires. Autrefois son territoire était la paroisse Saint-François-Régis, en référence à ce religieux qui, entré chez les jésuites, en 1597, passait l’été au Puy-en-Velay à secourir les pauvres et l’hiver à courir les campagnes jusque dans les Boutières pour convertir les âmes perdues. Il mourut à La Louvesc, en 1640 et son tombeau devint un lieu de pèlerinage… De nombreuses luttes sur fond de religion se déroulèrent ici. Il nous reste un temple, et une église construite au XIXe siècle, sur les fondations de l’ancienne devenue insalubre. Pour des raisons financières son clocher ne sera jamais érigé. Toutefois ce n’est pas pour des raisons religieuses que la commune se divisa en deux, en 1907, pour donner naissance à celle de Dunière-sur-Eyrieux.
Lorsqu'on est posté sur l’unique pont reliant les deux quartiers du village, on remarque immédiatement la présence au bord de l’eau, d’immenses bâtiments. C’étaient autrefois magnaneries et moulinages, témoins du travail de la soie. Au début du XVIIIe siècle, quand la culture du mûrier commença à se développer, Les-Ollières-sur-Eyrieux devint un grand centre de moulinage pour le traitement de la soie. Un siècle plus tard, l'industrie de la soie se trouvait fortement implantée sur les bords de l’Eyrieux sous l’impulsion donnée par la famille Fougeirol. Moulinages, tissages et usines de mécanique, leur appartenaient. Ces établissements fournissaient de l’embauche à des centaines de personnes du village et des communes voisines. Il faut reconnaître que la création d’une ligne de train, reliant La-Voulte-sur-Rhône à Dunières en Haute-loire, facilita grandement le développement économique de la vallée et du village. Mais, rien n’est jamais immuable et le déclin industriel, déclaré à la fin de la première guerre mondiale, frappa durement après la seconde. Donnant une sorte de coup de grâce, la voie ferrée ne connaît plus le passage des trains depuis 1968.
Alors les femmes et les hommes sont retournés à la terre, quand d’autres sont partis au loin, si loin. Une magnifique châtaigneraie au cœur d’un territoire qui allait devenir plus tard le Parc naturel régional des Monts d'Ardèche, des terrasses à perte de vue sur les pentes dominant la vallée : il n’en fallait pas moins pour que quelques audacieux se lancent dans l’arboriculture. L’agriculture vallée de l’Eyrieux connut son heure de gloire au début du XXe siècle avec sa production de pêches exportée jusqu’en Angleterre. Mais, là aussi, rien n’est immuable. La mécanisation du travail de la terre poussa les vergers jusque sur les terres mollement plates de la vallée du Rhône. Aujourd’hui, même s’il reste quelques pêchers, c’est la culture des pommes de terre qui occupe l’espace privilégié des terrasses.
Comme de nombreuses communes ardéchoises, Les-Ollières-sur-Eyrieux vivent désormais aussi du tourisme. Ici, point de concentration inhumaine, juste des aménagements légers qui permettent de vivre ses vacances en douceur. Alors si les vacanciers trouvent leur bonheur sur les rives de l’Eyrieux, alors pourquoi pas vous, le temps d’un week-end ou d’une journée ?