Les mandulons de Serrières

Article paru en septembre 2017
Mis en ligne en juin 2023

Des cadavres dans le clocher…
 

Toutes sortes d’histoires ont couru à leur sujet : emmurés vivants, peste, famine, guerres de religion etc. Afin de tenter d’expliquer l’origine des restes des corps entassés dans le clocher de l’église St Sornin à Serrières, après deux siècles de "ragots", un scientifique, le Docteur Billard élucide l’affaire.
 
Les mandulons.

Le mot mandulon est une déformation du patois (mandule) de la langue d’oc, terme péjorativement utilisé pour désigner une amande séchée et tout ce qui s’en rapproche. Les Serriérois désignent ainsi les corps conservés quasiment à l’état de momies, posés debout, contre le mur, dans le clocher de l’église de Serrières, qui borde le Rhône.
 
Dans cette église, un escalier très étroit et pentu dissimulé dans la muraille conduit à une salle située au-dessus d’une chapelle latérale. C’est là que se cache l’ossuaire. Un rapport médical de 1981 a dénombré 147 corps. Ces ossements ont été identifiés comme provenant des caveaux familiaux situés dans l’église ainsi que ceux du cimetière situé autour de l’église, tous deux régulièrement envahis par les inondations du fleuve le Rhône. L’installation de cet ossuaire dans le clocher de l’église date de 1702. Des squelettes posés debout sont restés momifiés probablement en raison d’exceptionnelles conditions d’hygrométrie et de ventilation à cet endroit.
 
En 1981, le docteur Michel Billard, auteur d’une thèse de paléo-pathologie sur les fouilles de Serrières, démontrait qu’il s’agissait là, des restes des villageois, ainsi que ceux des galériens dont Serrières était l’une des seules communes le long du Rhône a accepter les corps.
 
Pour des raisons de sécurité mais également par dignité, l’ossuaire est aujourd’hui fermé au public. Une vidéo projetée lors de la visite du musée des mariniers qui occupe l’espace de l’église désacralisée vers 1930 explique en détail l’histoire des "mandulons" de Serrières dans lequel les images sont d’un réalisme saisissant…
 

Sources :

- Collection privée et commentaires du Dr Daniel Breysse.
Texte : Henri Klinz
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