Les Boutières

Article paru en janvier 2018
Mis en ligne en juillet 2023

Les Boutières se situent à la frontière, entre différents styles de constructions, différents reliefs, différents climats. Ainsi les secteurs en altitude accueillent les mêmes bâtiments que la Montagne Ardéchoise, avec toutefois une fenière moins importante, mais plus on descend, plus la physionomie des maisons évolue pour devenir totalement différente. Il est alors bien difficile d’établir un type général d’architecture pour les Boutières.
 

Les matériaux utilisés sont le granite pour les murs et l’argile pour les tuiles canal. Très peu de toitures sont recouvertes en lauze et dans tous les cas, on note l’absence de génoises à la jonction des murs et du toit, sauf dans les maisons des bourgs. 
 
Il est toutefois intéressant de mettre l’accent sur un type précis de bâtiment : ce dernier s’accroche à la pente et se développe en hauteur en réunissant de bas en haut l’étable, l’habitation et la grange. Les deux premières sont borgnes, collées contre la terre ou la roche à l’arrière et la troisième s’ouvre de plain-pied contre le talus également à l’arrière. En façade, l’accès à l’habitation est rendu possible par un escalier extérieur aboutissant à un perron couvert. Au rez-de-chaussée, l’espace de l’étable accueillait souvent le pressoir et la cave au fond, le tout séparé par une cloison en bois. Il existe toujours un puits vertical en bois traversant l’étage de l’habitation pour livrer directement le foin de la grange du second étage aux animaux du rez-de-chaussée. Un hangar, nommé le "calabert" se trouvait parfois appuyé contre la maison, il était destiné à abriter le matériel agricole de grandes dimensions comme les charrettes et les tombereaux…
 
Cette organisation de bâtiment à la verticale pouvait aussi se décliner à l’horizontale, mais c’était toujours le relief du terrain, où se développait le hameau autour d’une source, qui décidait de l’organisation architecturale mise en œuvre.

Ces maisons massives ne faisant qu’un seul bloc imposent parfois, aujourd’hui, la construction d’extensions pour bénéficier d’un aménagement agréable de l’espace à vivre. Dans ce cas, deux options sont envisageables : conserver une grande homogénéité avec l’existant mais bâtir en pierre désormais n’est ni simple ni bon marché, ou adopter une rupture assumée, très moderne, tout en restant sobre et modeste pour souligner l’authenticité du bâtiment primitif. Pour ce faire il faut prendre en compte une certaine cohérence des volumes et l’harmonie des lignes.
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Lors de la construction d’une extension, les matériaux utilisés doivent être compatibles avec les anciens qui assurent une certaine souplesse à l’ensemble du bâtiment, accompagnant ainsi les faibles mouvements du terrain. Bien sûr, le béton est à proscrire, au contraire du bois, de la brique, de la pierre et tous autres matériaux plus ou moins souples. Le métal, bien que rigide, peut trouver sa place dans un petit volume.
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Les enduits étaient autrefois destinés à protéger les pierres de peu de qualité. Dans le cas d’une extension, ils servent à l’homogénéité esthétique de l’ensemble tout en protégeant toujours les matériaux sur lesquels ils sont appliqués. Il est indispensable de passer un enduit respirant comme la chaux, laissant passer la vapeur pour éviter tout effet de condensation, mais néanmoins imperméable à l’eau.

En savoir plus
Maisons Paysannes d’Ardèche
Bernard Leborne - Tél. 04 75 90 44 21
ardeche@maisons-paysannes.org / www.maisons-paysannes.org)

Texte : Bruno Auboiron
Clichés : Bruno Auboiron, collection Maisons Paysannes d’Ardèche