Légendes Gébelin

L’histoire la plus surprenante est cependant celle de Gébelin, que l’on dit soldat de l’Empire, et dont les événements passés, nulle part écrits, sont gravés dans la mémoire collective. Dans le cœur même de l’église, des symboles nous rappellent qu’à Gravières l’Impératrice Eugénie a honoré l’illustre soldat de la garde impériale de Napoléon III.
L’église, classée à l’inventaire des monuments historiques en 1907, a hérité de son patrimoine gothique et roman de toute une série de curiosités. Si, à l’extérieur parmi les modillons qui garnissent les corbeaux de l’abside, deux seins s’offrent effrontément au regard des passants, c’est en baissant les yeux que l’on apercevra parmi les pierres installées au sol, les traces d'une étrange ouverture. Cet accès constituait en fait le passage par lequel étaient introduits les cercueils des moines bâtisseurs anonymes, qui dorment aujourd’hui encore dans la crypte inviolée. Pensez ! Ce passage dans la partie romane de l’édifice n’a depuis des siècles, jamais été franchi.
A l’intérieur de l’église, le maître-autel du XVII^e siècle, sculpté en bois doré, est surmonté d’une couronne impériale aux armes espagnoles. Il s’agit là d’un cadeau de l’impératrice Eugénie de Montijo, en mémoire du soldat Gébelin.
Mais qui était Gébelin ? Cet homme était un enfant du pays, habitant du hameau de Paillères sur la route de Villefort. Il fait office aujourd’hui de « soldat inconnu » de l’Empire, car l’Histoire n’a rien retenu de sa personne. Nous savons cependant qu’il était membre de la célèbre garde Impériale de Napoléon III. Cette unité n’était pas seulement un regroupement de soldats issus de la conscription populaire, il s’agissait d’un corps d’élite dont les éléments étaient soigneusement sélectionnés et entraînés pour devenir les plus valeureux combattants. Gébelin était de ceux-là !

D’un fait historique unique dans notre région
Cet Ardéchois est mort héroïquement au siège de Sébastopol (1854/1855) pendant la guerre de Crimée. En reconnaissance pour ses actes de bravoure, l’Impératrice de France a symboliquement offert à la paroisse de Gravières sa couronne impériale. Pour l’occasion, le « célèbre » curé Jean-Maurice Canaud fit restaurer le chœur de l’église. La voûte romane de l’abside, remise en peinture comme cela était déjà en vogue aux XIe et XIIe siècles, supporte maintenant une superbe peinture, inspirée de la toile de Bartolomé Murillo « l’Immaculée Conception de Escorial ». Signe caractéristique de l’identité d’un peintre espagnol, la Vierge y est représentée portant une longue chevelure, sans son voile, et entourée de chérubins. Les murs peints sont ornés de fleurs de lys dorées comme cela était encore l’usage sous le Second Empire.
A l’origine de cette affaire, y avait-il une authentique couronne au-dessus de l’autel et dans cette hypothèse où se trouve aujourd’hui ce prestigieux bijou ?
Il accompagne peut-être le sommeil des moines bâtisseurs dans la crypte inviolée où repose probablement Gébelin !