Le Musée de la Lavande

Article paru en septembre 2015
Mis en ligne en juillet 2022

À Saint-Remèze, au cœur de l'Ardèche méridionale, le musée de la lavande est une fenêtre ouverte sur la Provence.

Dans ce décor coloré et parfumé l'alchimie transforme des solides en liquides puis en odeurs. C'est un monde étonnant qui nous offre à la fois un voyage au pays des parfums et un superbe outil pédagogique. L'histoire de ce musée commence en 1994, lorsqu' Yvan Mariot et Didier Panet achètent une ancienne bergerie, située à quelques kilomètres du village, sur la route des gorges de l'Ardèche. Après 8 ans de travaux l'ancien bâtiment devient un musée qui ouvrira ses portes pour la première fois au public, en 2002. Sur 22 hectares, parmi les genévriers, les buis et les chênes verts, des fleurs couvrent le sol.

La culture de la lavande a débuté à Grace dans le Var, dans les années 1925, début des premières plantations et sa production s'est répandue ensuite dans tout le sud de la France. Sur les 39 variétés de lavandes connues dans le monde, trois seulement sont utilisées pour la distillation, les autres étant réservées à la décoration. La France produit donc de la lavande Aspic Lavandula Latifolia, dite "sauvage", connue pour ses qualités médicinales. Son huile est utilisée en massage, pour soigner l'arthrite et les rhumatismes. La seconde est La lavande fine, Lavandula angustifolia dite "populaire", qui se décline en plusieurs teintes pourpre, mauve, blanche. Elle est également utilisée pour ses qualités médicinales, soulageant la migraine et l'insomnie. Mais ces deux variétés ne poussent qu'en altitude, au dessus de 600 mètres, ce qui explique qu'il n'y a pas de lavande cultivée en Ardèche !

Et, celle que l'on voit sur le sol calcaire du sud ardéchois est le lavandin, Lavandula Burnatti, variété hybride naturelle, née du croisement des deux espèces précédentes. Le lavandin, plus rustique que les espèces montagneuses et surtout plus productif en huile essentielle que la lavande vraie, s'adapte à des terrains secs situés entre 300 et 600 mètres d'altitude. Particulièrement résistant au gel et à la sécheresse, il est utilisé également pour ses qualités médicinales en inhalation afin de soigner le rhume et la bronchite. C'est aussi un antiparasitaire contre les acariens. Il fleurit dans le sud du département de la mi-juin à la mi-juillet. Sa distillation permet d'obtenir l'huile essentielle.

À St Remèze, le lavandin est distillé de manière artisanale dans des alambics de cuivre tout droit sortis de caves de grand-papa.
Le principe est resté le même depuis sa découverte dans la haute antiquité. Dans une cuve macère le lavandin, baignant dans de l'eau portée à ébullition. Les vapeurs enfermées sont concentrées dans un col de cygne dirigeant le flux jusqu'au serpentin. Sous l'effet instantané d'un refroidissement à l'eau froide, la vapeur se condense en un liquide. Le produit ainsi obtenu est d'abord de "l'eau de lavande" où peu à peu se décante l'huile essentielle arrivant en surface. Des senteurs enivrantes embaument l'espace.

En 2015, Pascal Brun et sa sœur Nathalie ont repris l'animation du musée où déambulent 32 à 35 000 visiteurs chaque année.

Dans cet univers magique où l'homme sublime la nature, surgissent des océans de senteurs et des palettes de douces couleurs. Une teinte se distingue: le bleu lavande !

Le Musée de la Lavande – Distillerie
Route des Gorges
07700 St Remèze
04.75.04.37.26
info@ardechelavandes.com

Texte et clichés : Henri Klinz