Le monde merveilleux de Païolive

Article paru en septembre 2017
Mis en ligne en juin 2023

Non, Païolive n'est pas un personnage sorti tout droit d'un monde de légende….
Non, c'est un univers étrange, un monde insolite où la nature a façonné un curieux décor de roches blessées et de chênes tourmentés. Dans cette fantasmagorie des formes où la lumière joue à cache-cache entre les rochers, tout un monde s'épanouit et s'agite en silence sous nos yeux émerveillés. Le peuple de la forêt sur son tapis de verdure nous présente en avant-première un fabuleux spectacle où de curieux insectes font la cabriole sur des lichens argentés.
 

L'histoire de la forêt de Païolive a débuté il y a près de 150 millions d'années. Cette région était alors recouverte d'une mer tropicale dans laquelle les sédiments marins se sont accumulés jusqu'à couvrir les fonds sur plusieurs centaines de mètres. Les 40 millions d'années suivantes, la mer se retire lentement faisant émerger un vaste plateau de calcaire karstique né de l'entassement des sédiments marins compactés sous la forte pression. Dans les couloirs du temps, l'érosion ouvre lentement la porte à une nouvelle période. Les pluies chargées de dioxydes de carbone se déversent sur le jeune massif calcaire, rongeant inlassablement la matière qui se fragmente et se déforme. Le vent s'engouffre maintenant entre les blocs friables usant un peu plus la roche. Autour de ces massifs s'organisent, se dessinent alors, des formes tourmentées que l'eau continue de torturer, séparant les blocs, creusant des cavités, élargissant des crevasses, pour nous offrir un paysage ruiniforme. Les ruissellements, qui se rejoignent, donnent naissance à une rivière : le Chassezac dont le cours torrentiel vient chaque jour, inciser un peu plus la roche. De l'eau naît la vie, d'abord sous la forme d'une végétation rudimentaire qui se développe lentement, évolue, se transforme et colonise les espaces entre les pierres. Puis le monde animal s'installe, profitant des abris naturels offerts par les excavations. Le phénomène se poursuit encore aujourd'hui. L'actualité se déroule maintenant sous nos yeux sur plus de 16 km², à la périphérie des Vans, couvrant une partie des communes de Banne, de Chassagnes et de Berrias-Casteljau.
 
Le bois de Païolive est semblable à une forêt surgie du monde fantastique et enchanteur. Des chênes pubescents se glissent entre les pierres par un itinéraire tortueux venant discrètement enlacer les calcaires blancs. À ce mariage harmonieux, s'invitent en garçons d'honneur, des buis persistants et des cades odorants. Plus loin, dans quelques clairières dissimulées, des thyms parfumés offrent leurs arômes et leurs bouquets fleuris à des mousses éparpillées dont les 300 espèces répertoriées de bryophytes, font la joie des botanistes. Les chênes verts, au feuillage persistant, occupent en maîtres incontestés la forêt, tandis qu'en lisière, hêtres, frênes et autres érables semblent ceinturer le bois tel un écrin protecteur.
 
Païolive est avant tout un site exceptionnel, un vivier de références dans lequel les entomologistes ont répertorié plus de 1800 familles d'insectes vivant dans les anfractuosités de la roche ou sous le couvert du sous-bois. C'est le domaine quasi unique en Europe de la grande Cétoine Bleue (de son nom scientifique Eupotosia mirifica) cachée dans la canopée, ne sortant que la nuit, et ayant trouvé ici l'un de ses derniers territoires. Ce grand scarabée aux reflets violets représente pour les spécialistes un être d'une grande rareté (à peine quelques milliers d'individus), hélas, très convoité par quelques "naturalistes" indélicats. Parmi les lichens séchés se cachent également les Copris Lunaires, (plus connus sous le nom familier de "rhinocéros") à la démarche éléphantesque… Puis viennent les arachnoïdes dont la surprenante araignée-crabe (de son nom scientifique Thomise variable), se déplaçant sur le côté aidée de ses deux premières pattes avant, plus longues que les autres. Ce curieux insecte, le plus souvent de couleur jaune, prend la couleur du support où il séjourne, à la manière d'un caméléon. On le reconnaît aux rayures latérales brunes ou rouges dessinées sur son céphalothorax.
     
Circulant ou voletant de rochers en forêts, toute une faune habite Païolive : pics épeiches colorés, blaireaux fouineurs, renards espiègles… pour lesquels des photographes se livrent à un travail contemplatif afin d'en  saisir les plus belles expressions.
 
Le monde merveilleux de Païolive offre le temps d'une parenthèse, une plongée dans un autre univers. Des sentiers balisés et des clairières ensoleillées vous attendent. C'est là au détour d'un rocher, que vous assisterez au surprenant spectacle du combat de l'ours et du lion…

                                                                                                                                                
Par où entrer et sortir de cette étrange forêt .
 
Parmi les multiples accès, nous avons sélectionné deux itinéraires :
 
- D'Aubenas prendre la direction d'Alès/Joyeuse - Passer à Lablachère - Prendre la route des Vans. (D. 104 A). Aux Assions, 4 km avant les Vans, prendre à gauche (D. 452) en direction de Berrias-Casteljau sur 8 km (suivre l'indication : Centre de loisirs Bélambra) - Passer près du parking au départ des randonnées d'Endieu puis Mazet Plage et son cite d'escalade - Continuer tout droit (la route est unique) - Franchir le pont sur le Chassezac - Au premier carrefour, prendre à droite (D.252) comme l'indique la signalétique : "Bois de Païolive - Les Vans " sur 3km - Sortie du bois sur le D 911. à Banne (à 5 km des Vans) - Retour possible par Les Vans ou Banne.
 
-  Depuis Aubenas - Direction Alès/Joyeuse - (prendre la déviation à Joyeuse) et garder la D104 en direction d'Alès - Passer à Maisonneuve - A la sortie de Maisonneuve franchir le Pont du Chassezac -  Après le pont tourner immédiatement à droite (D 252) en direction de Casteljau. - Continuer tout droit - Suivre la signalétique " Bois de Païolive - Les Vans " - Sortie du bois sur le D 901. à Banne (entre Les Vans et St Paul Le jeune ) - Retour possible par Les Vans ou Banne.


Mise en garde.
 
Les anfractuosités dans la roche glissante ouvrent d'importantes crevasses, souvent masquées par une végétation luxuriante. S'aventurer en dehors des sentiers balisés et des clairières dégagées constitue une imprudence pouvant entraîner des accidents graves.


Info Rando.
 
Dans le bois de Païolive des aires de stationnement sont aménagées (parkings : des clairières, de l'ours et du lion, etc.) afin d'y ranger  son véhicule et de partir en randonnée sur les chemins balisés, à l'instar du "circuit de St-Eugène" conduisant à l'ermitage surplombant les falaises du Chassezac et offrant un panorama gigantesque sur le pays des Vans.

Source scientifique :
 
- L'oiseau Mag - Eté 2015 - article de Yves Thonnérieux.
Texte : Henri Klinz
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