Labégude

Article paru en novembre 2014
Mis en ligne en juillet 2022

Se développant dans une vallée étroite le long de l’Ardèche entre Aubenas et Vals-les-Bains, Labégude a toujours affiché depuis longtemps une identité plus industrielle que paysanne. Lieu de passage et de vie, cette commune reste discrète.
 

Le voyageur qui n’y prête pas attention pourrait avoir l’impression de passer d’Aubenas à Vals-les-Bains sans quitter la ville et ainsi ignorer l’existence de Labégude. Quant à ceux qui empruntent la déviation, si longtemps espérée et permettant au flot de circulation de la RN 102 d’éviter le cœur du village, le préservant ainsi du bruit, de l’encombrement et de la pollution, ils ne savent même pas qu’ils traversent un village.

Prolongement naturel de Vals-les-Bains et d’Aubenas, Labégude a pris place en rive droite de l’Ardèche. Cette dernière, après son confluent avec la Volane, glisse dans une vallée qui se resserre jusqu’à l’entrée du bassin d’Aubenas. Cette configuration ne laissait guère de place aux maisons et le village a amplement grignoté l’espace de la pente raide de la montagne dominant la rivière. Des petites routes serpentant au long du relief font comme des doigts explorant le territoire.
Autrefois Labégude n’était qu’un hameau dépendant de la commune de Mercuer. Vivant dans la vallée, là où l’activité se développait, les habitants en eurent assez d’être obligés de monter jusqu’à l’église à quatre kilomètres de distance. Ils obtinrent, en 1825, l'autorisation de construire une église. Quatre années plus tard, les travaux débutèrent sur un terrain mis à disposer par les frères Maristes d’Aubenas, présents à Labégude dans un vaste bâtiment aujourd’hui transformé en salle des fêtes et autres locaux municipaux. L'édification de l'église, qui ne devait être que provisoire, demanda une année d'effort. Puis il ne fallut pas longtemps pour que les habitants du village et du hameau se disputent à propos des dépenses relatives à l’entretien de deux églises et les revenus versés à deux curés. En 1831, le conseil municipal de Mercuer adresse une demande officielle de séparation au préfet. Entre le 22 octobre et le 25 novembre 1833, le cadastre fut modifié pour donner des limites à la nouvelle commune envisagée. Le 25 novembre 1835, Labégude est créée par ordonnance de Louis-Philippe. Jusqu'au milieu du XXe siècle, le nouveau village, dont l'orthographe de jadis était La Bégude, se développa tandis que Mercuer s'endormait.

Labégude doit son développement à l’axe de circulation reliant Le-Puy-en-Velay à Aubenas. À noter que Labégude pourrait signifier « endroit pour faire boire les chevaux, pour boire », bégu en patois. Cette route existait depuis l’Antiquité et Jules César l’a même emprunté, emmenant ses légions réprimer le soulèvement des Arvernes en 52 avant notre ère… Dès le XIIIe siècle, l'importance de cette route augmente encore grâce aux échanges commerciaux entre le Massif Central et la vallée du Rhône et la fréquentation croissante du pèlerinage de la Vierge Noire du Puy-en-Velay. Au bord de cette route fut ouverte une auberge, dont Labégude tire peut-être son nom. Cet établissement fut pour certains à l’origine du hameau et de l’implantation humaine en ce lieu qui allait devenir un village. D’autres sources affirment que la plus ancienne maison du site ne serait pas cette auberge, mais un relais de chasse bâti en 984 et servant de lieu de rendez-vous aux barons d’Ornano, châtelains de Vogüé et baron d’Aubenas.

Différentes usines, profitant de la force hydraulique apportée par l’Ardèche, s’installèrent et créèrent une salutaire activité pour les habitants. Enfin, la verrerie fabriquant initialement des bouteilles pour l'eau de Vals ouvrit ses portes. Les bases solides des fondements de l'économie locale étaient en place. La verrerie est toujours en activité et sa production importante. Elle fait désormais partie du groupe mondial OI et est reconnue pour la qualité des bouteilles issues des chaînes de production.
De ce passé industriel, Labégude garde des rues bordées par un habitat ouvrier à l’allure surannée. L’habitat aujourd’hui déborde largement du fond de la vallée et a donc gagné les pentes. En prenant de la hauteur, la vue se dégage et au bout des rues devenant chemin débutent parfois des itinéraires de randonnées balisées dont le but le plus prisé est sans doute la colline de Chalencon. De ce point haut, la vue porte loin dans la vallée de l'Ardèche et les montagnes environnantes. En descendant, on voit nettement que le trafic empruntant la déviation suit le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer reliant Vogüé à Lalevade-d’Ardèche. L’ancienne gare desservant Labégude et Vals-les-Bains a été détruite lors des travaux des aménagements routiers. Mais délivré des camions et des véhicules en transit, le centre du village est redevenu agréable. Même si la grande place arborée sert toujours majoritairement de parking, il est bon de s’asseoir à l’ombre de l’une des terrasses des cafés. Encore un petit tour pour découvrir l'église provisoire, toujours en service et sans doute pour longtemps, le boulodrome où les joueurs de lyonnaise s'en donnent à cœur joie et enfin les bords de l'Ardèche…
 
Pour en savoir plus
Mairie, 07200 Labégude
04 75 37 40 10 / www.labegude.fr
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron