Labastide-de-Virac

Labastide-de-Virac est un charmant petit village qui a su au fil des siècles préserver le charme d’une architecture médiévale. Il occupe une modeste éminence rocheuse qui malgré tout suffit à nos ancêtres pour qu’ils y installent un château, point de passage obligé sur la route descendant à la vallée du Rhône. Toutes les rues caladées du bourg conduisent à la porte du château des Roure. Les maisons anciennes offrent de magnifiques appareillages de pierre en façade. Là une fontaine murmure, là un mûrier étale son ombre sur les pierres de la place…

Oui, toutes les rues mènent à la porte du château. Construit entre le XIVe et le XVe siècle pour surveiller le passage du Pont d'Arc et classé Monument Historique en 1978, le château fut une place forte des Protestants pendant les guerres de religion. Il accueillit le duc de Rohan en 1628 lors du siège du château de Salavas. Son architecture paya un lourd tribu quand en 1629, Louis XIII et son ministre le cardinal de Richelieu ordonnèrent la destruction des remparts de la ville ainsi que l’arasement des étages supérieurs des tours, du donjon ainsi que des échauguettes du chemin de ronde. Mais dès le printemps prochain, le château aura retrouvé son allure d’antan avec la fin des travaux de restauration marquée par la reconstruction des niveaux perdus, après celle des échauguettes…  Aujourd’hui, son quotidien est bien évidemment plus pacifique avec entre ses murs, le musée de la soie.

Si le château impose sa présence, il est également une autre richesse patrimoniale qu’il ne faut pas ignorer : le temple se dressant au pied du château. Sa présence n’étonne pas, car dès le début de la Réforme, la grande majorité de la population du village choisissait la religion protestante. La paroisse réformée de Labastide sera rattachée tantôt à Lagorce et Vallon, tantôt à Barjac et tantôt aux Vans, mais bien vite, les distances entre ces villages imposèrent la présence d’un temple sur place. Initialement le culte était pratiqué dans une salle du château, puis dans une maison, donnant sur l’actuelle place Pradier, transformée en temple. Après la Révolution française, la liberté de culte fut retrouvée et les protestants souhaitèrent retrouver leur temple, mais le propriétaire de l’ancienne maison s’opposa fermement à la restitution. L’absence de lieu de culte faisait régner la discorde entre les catholiques et les protestants du village. Ces derniers représentaient plus de la moitié de la population. Enfin au milieu du XIXe siècle, le nouveau temple vit le jour… La caractéristique de cet édifice est ses peintures en trompe l’œil sur les murs de la salle de culte. Ils représentent des versets bibliques, des corniches, du faux marbre et fausse porte à droite de la chaire pour la symétrie de l’ensemble.
L’association des Amis du Temple de Labastide-de-Virac œuvre aujourd’hui à récolter des fonds pour la rénovation de ces peintures.

En marge du village, dans le hameau des Crottes se dressent un monument en hommage aux dix-sept habitants du lieu, fusillés par les Allemands le 3 mars 1944 en représailles de l’aide qu’ils apportaient aux Résistants. Leurs maisons furent également incendiées. Plus loin au sommet de la colline dans le bois de Ronze, les ruines de la chapelle Saint-Roman défient encore le temps qui passe. Il en est de même des ruines des anciens moulins à vent et des dolmens effondrés qui parsèment les bois autour du village. Tous sont la preuve de l’intense occupation humaine qui régnait ici autrefois, tout comme en atteste l’ancien habitat néolithique de la Baume d’Oullins nous propulsant dans un passé encore plus lointain. Et si le territoire de la commune est en grande partie intégré à la réserve naturelle des Gorges de l’Ardèche, qui sait que le Pont-d’Arc est également une des composantes de Labastide-de-Virac. Elle se partage cette prestigieuse curiosité géologique avec la commune de Vallon-Pont-d’Arc ! Voilà de quoi surprendre plus d’un lecteur…