Dans l'univers étrange de ce monde souterrain, croyances et légendes ont longtemps baigné les lieux d’une atmosphère sombre, faite de mystère et de superstitions. Puis la science est venue éclairer le tout, expliquant l’étrangeté du phénomène qui se déroule quotidiennement au hameau de Neyrac-les-Bains, sur la commune de Meyras.
A l’origine, la mofette était une grotte avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui : une sorte de cave voûtée d’environ 50 m² et dont une petite mare en tapisse le sol. L’ensemble se situe sous le grand bâtiment des thermes, hébergeant les curistes, au bout du parking, vers la bien jolie route étroite menant à Jaujac. Quatre marches et une simple porte en bois semblable à celle d’un cachot… dissimulent un mystère.
Mais enfin ! C’est quoi cette mofette ?
Pierre Larousse en donne la définition suivante : mofette (napolitain, mufette, variante de l’italien moffetta – synonyme : moufette) – « Emanation de gaz carbonique qui se produit dans les régions volcaniques».
Chimique ou légendaire.
Sur le site géologique volcanique de Neyrac-les-Bains, du gaz carbonique s’échappe du centre de la terre, remonte par une faille et se répand en surface. Ce gaz, inodore et incolore serait mortel ! C’est sur ce dernier point que se sont bâties croyances et légendes anciennes. Autrefois, en l’absence de connaissances scientifiques, les phénomènes naturels extraordinaires, étaient habillés de superstitions et couverts de légendes.
Ainsi à Neyrac, des animaux réfugiés dans la grotte ont été retrouvés sans vie, sans que les causes de leur mort fussent explicables. Les cadavres ne portaient aucune marque particulière. Des personnes pénétrant dans la grotte étaient soudainement prises de malaises et s’évanouissaient. Il n’en fallait pas davantage pour bannir ce lieu qui donna naissance à toutes sortes de légendes.
Celle du «fils indigne» nous est rappelée aujourd’hui : «Un riche seigneur du pays de Neyrac avait un fils unique dont la mère était morte en lui donnant le jour. Ce garçon, joueur et débauché, avait un incessant besoin d’argent. Son père finit par refuser de subvenir à ses demandes. Une nuit, son fils le poignarda et porta son corps dans une grotte à l’entrée de laquelle coulait une fontaine. La terre se mit à trembler. L’assassin disparut dans les profondeurs et la caverne fit place à un trou fétide d’où s’échappent désormais des exhalaisons mortelles».
Tout y est, expliquant la légende: la grotte devenue aujourd’hui une pièce voûtée - une fontaine voisine, celle des eaux bienfaisantes des thermes et dont le flux souterrain est actuellement canalisé-, la terre tremblant lors de l’explosion volcanique du maar, survenue il y a quelques milliers d’années et le trou maintenant rempli d’une eau stagnante d’où s’échappe le gaz carbonique remontant des failles souterraines.
Et qu’en est-il aujourd’hui ?
A l’entrée de la mofette un simple panneau rappelle le mystère caché de ce coin discret de l’Ardèche. Aujourd’hui, la mofette a fermé ses portes, dissimulant au public cette curiosité (il en existe trois seulement en Europe, dont deux en France) du petit patrimoine de la commune de Meyras. Alors, dans l’obscurité et le silence, elle dort en paix.
Spectaculaire.
Une son et lumière menée par le talentueux et regretté scénographe, Bruno Nury.
Le phénomène a été mis en spectacle à l’intérieur même de la grotte. Sous la houlette de Bruno Nury, une équipe d’artistes et d’artisans ont monté un son et lumières destiné à une mise en scène. Sur un texte de Sylvette Beraud-Williams, un décor de Charles Balmas, une création des artistes verriers Georges et Monique Stahl, un travail du bois et de l’acier des sociétés ATM et SJM, un fragment de la scénographie s’articule autour d’une grande roue stylisée garnie de suspensions en verre supportant des fioles remplies d’un liquide inflammable. Ces fioles, une fois allumées, font office de bougies. A chaque révolution de la roue, sur chacune des suspensions effleurant la surface de l’eau les flammes vacillent ou s’éteignent sous l’effet des émanations de gaz carbonique. Outre le phénomène naturel, où géologie, physique et chimie se confondent, la création de Bruno Nury retient particulièrement l’attention. La grande roue dissymétrique semble se mouvoir sans moteur apparent, sur un axe horizontal dont les suspentes sont constituées de câbles d’acier aux points d’ancrages judicieusement répartis sur le plafond de la voûte, créant un équilibre parfait.